Albora est une machine inventée par le Franc-Comtois Maxime Balanche à Mamirolle dans le Doubs. Elle permet de produire des fromages de façon autonome et sans aucun savoir-faire technique et offre donc un complément de revenus aux producteurs de lait.
Imaginez… “une machine automatisée capable de réaliser un fromage de qualité AOP sans intervention humaine” ou presque. C’est ce que propose Maxime Balanche avec son invention nommée Albora. Elle permettra aux producteurs de lait d’augmenter leur rémunération avec une faible quantité de lait transformé. Chaque cycle de transformation permettra de transformer 300 litres de lait en 14 fromages de deux kilos.
► Reportage - Laurent Ducrozet, Fabienne Lemoing.
Une technologie qui s’adapte aux situations
Maxime Balanche était responsable technique “dans une société qui conçoit et fabrique des fromageries et laiteries”. Il y a deux ans et demi, il a quitté son emploi pour s’investir totalement dans la conception de l'appareil. Après 6 versions différentes du prototype, ce dernier est aujourd’hui abouti.
“On travaille avec un lait cru pas standardisé donc il faut arriver à adapter une technologie qui se prête à ce type de lait”, explique Christophe Parent, un fromager qui a apporté son aide au projet. “Il faut mettre au point, ça ne se fait pas du jour au lendemain”.
La version finale de l’Albora se présente sous la forme d’un ou plusieurs containers maritimes modulables de 6 par 2,5 mètres. Après le transfert du lait dans une cuve spécifique, “celle-ci va suivre une recette de fabrication prédéfinie en faisant varier les paramètres de jour en jour suivant les relevés de la composition de votre lait” détaille le site internet de l’entreprise.
Tomme, maroilles, camembert, raclette et compagnie
Suivant la recette fromagère, la pâte sera ou non pressée, saumurée et affinée. En effet, la machine permet théoriquement de produire tout type de fromage, à pâte pressée non cuite ou cuite. “On peut faire tout type de fromages, c’est l'avantage de la machine” se réjouit Christophe Parent.
“Aujourd’hui, on a seulement deux recettes au point, tomme et raclette, mais on va commencer à mettre au point d’autres types de recettes” indique le créateur, qui vise une clientèle locale, mais pas que : “On pense que notre machine sera plus adaptée au nord et à l’ouest de la France [où les producteurs] revendent à de gros industriels laitiers”.
On essaie de faire un fromage avec du rendement, qui se garde un petit peu, qui se commercialise assez rapidement et qui soit bon : c’est surtout ça, il faut que ça plaise aux consommateurs.
Christophe Parent
Redonner leur part de fromage aux producteurs laitiers
Une fois le processus terminé, le producteur est prévenu par un SMS et doit récupérer la pâte par une trappe. Commence alors la phase de manutention (saumurage et affinage). Tout est pensé pour éviter à l’utilisateur de perdre du temps. “Les producteurs de lait vont pouvoir travailler dans leur ferme et en parallèle Albora va leur faire leur tomme et leur raclette qu’ils pourront vendre eux-mêmes et faire une valeur ajoutée sur leur lait” complète Maxime Balanche.
Les producteurs laitiers peinent en effet à vivre de leur production. Selon l’Observatoire des marchés du lait de la Commission européenne, en septembre 2022, 100 kilogrammes de lait cru de vache rapportent à l'agriculteur 46,22 euros en France (environ 462 euros pour 1000 litres). L’invention de Maxime Balanche permet, selon le site internet dédié, de faire valoriser le prix du lait jusqu’à “600 euros pour 1000 litres de lait ”.
Aujourd’hui prête à être commercialisée, l’Albora n'attend plus que son premier acquéreur, qui devra débourser 300.000 euros hors taxes, pour un accompagnement de l'installation de la machine prête à l’emploi à celle d’un point de vente à la ferme.