INTERVIEW. Incendie à Wintzenheim : pour l'association Idoine, "les vacances se sont terminées en drame"

L'association Idoine, basée à Besançon, organise des vacances pour les adultes en situation de handicap mental. Le 9 août, 11 membres de l'organisme étaient présents dans le gîte ravagé par les flammes, à Wintzenheim (Haut-Rhin). Si aucune victime n'est à déclarer chez Idoine, personnels, vacanciers et animateurs de l'association restent sous le choc, deux jours après le drame.

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Deux jours ont passé, mais les souvenirs sont toujours vifs. Et douloureux. Mercredi 9 août 2023, 11 personnes mourraient dans un incendie survenu à Wintzenheim (Haut-Rhin), dans un gîte accueillant des personnes en situation de handicap mental.

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Présents au rez-de-chaussée du gîte, mais heureusement évacués dans les temps, neuf franc-comtois et leurs deux animateurs, membre de l'association Idoine. Cette organisation met en place des vacances pour les adultes en situation de handicap. Vendredi 11 août, sa présidente, Isabelle Sauvage-Clerc, a accepté de répondre aux questions de France 3 Franche-Comté.

France 3 Franche-Comté : Deux jours après le drame, comment-vont les membres d'Idoine présents sur les lieux de l'incendie ?

Isabelle Sauvage-Clerc : C'est dur. Le drame a été terrible. Tout le monde a été impacté, que ce soit les personnes déficientes mentales ou bien leurs animateurs. Heureusement, le pire a été évité. Chez nous, tout le monde s'en est sorti sain et sauf sur le plan physique.

Aujourd'hui, les neuf personnes handicapées membres d'Idoine qui étaient sur place sont revenus chez elles. Dans des établissements spécialisés ou à leur domicile. Depuis le drame, ils sont continuellement accompagnés par leurs proches, par des accompagnateurs et par la cellule psychologique mise en place directement après l'incendie. Les deux animateurs également. Leur moral a été touché. Mais avec le temps, il va s'améliorer.

Qu'est-ce-qui s'est passé sur place ? Expliquez-nous.

Je n'étais pas présent aux moments des faits. Ce sont les deux animateurs de mon groupe qui m'ont tout raconté. Vers 6h30, ils ont entendu des bruits anormaux, qui s'amplifiaient au fil des minutes. Puis des cris, et ils ont perçu de la fumée.

Ils ont alors réagi de manière admirable, et je les en remercie. Après avoir jaugé la situation, ils sont alors rentrés dans chaque chambre pour faire sortir tout le monde en moins de 10 minutes. Leur discernement a sans doute sauvé des vies.

Et ensuite ?

Tous les onze, ils se sont réunis à l'extérieur du gîte, le plus loin possible du brasier. C'est là qu'ils ont assisté, impuissants, à l'effondrement de la charpente du bâtiment. C'est ce moment qui a sûrement laissé des séquelles psychologiques.

Les pompiers sont ensuite arrivés très vite, les ont pris en charge et des personnes sont venues rapidement auprès d'eux. Il y avait de la peur, de la tristesse, de l'inquiétude. Ils avaient besoin de parler. Dans l'après-midi, tout le monde a pu rentrer en Franche-Comté.

Vous étiez restée en Franche-Comté. Comment avez-vous réagi lorsque vous apprenez la nouvelle ?

Je n'ai pas trop eu le temps de paniquer. À 7 h 50, je recevais une photo du gîte. Je l'ai tout de suite reconnu, car nous y envoyons des personnes depuis plusieurs années. Mais heureusement, 10 minutes plus tard, une animatrice m'envoyait une photo sur laquelle tout le monde était sain et sauf. Ça a été un grand soulagement.

Puis au fur et à mesure des heures, on se rend compte de l'horreur. Une peur rétrospective se met en place. On pense aux victimes. On se dit qu'on a eu beaucoup de chance. Je pense qu'il faudra du temps pour dépasser l'événement, pour effacer les images et les bruits qui restent dans les mémoires.

Isabelle Sauvage-Clerc,

présidente de l'association Idoine

Aux dernières informations, le gîte n'était pas aux normes au moment de l'incendie. Vous en doutiez-vous ?

Pas le moins du monde. Cela fait deux-trois ans qu'on y va. À chaque fois, l'accueil a été très bon, nous n'avons jamais eu à nous plaindre. Je préfère ne pas trop m'épancher là-dessus. Une enquête est en cours pour faire la lumière sur tous ces éléments.

En parlant d'enquête, n'avez-vous pas peur de voir votre responsabilité pointée du doigt ?

Non. On a fait les choses normalement, dans les règles. Pour chaque séjour, nous faisons des déclarations très précises à la DDETSPP (Direction départementale de l'emploi, travail, solidarités et protection des populations). Nous renseignons où l'on part, qui nous reçoit, quelles sont les personnes handicapées qui voyagent, quelles sont leurs pathologies, qui sont les animateurs et quel est leur niveau d'étude. C'est très cadré.

Nous nous sentons à l'abri. Mais on sait que l'enquête cherchera des responsables et nous posera des questions. On se tient prêt, mais nous n'avons rien à nous reprocher.

Isabelle Sauvage-Clerc,

président de l'association Idoine

On suppose que revenir à un fonctionnement normal va maintenant prendre du temps ?

Oui. Nos vacances se sont terminées en drame. Nous étions là-bas depuis une dizaine de jours et nous allions revenir à Besançon samedi 12 août. Toutes les visites culturelles, touristiques, gastronomiques ont été annulées. Mais ce n'est pas le plus grave. Il y a ces 11 morts...

Il faudra digérer tout cela. Mais il est important que l'on puisse continuer à voyager, à partir en vacances. Pour tout le monde, il est nécessaire de se changer les idées en quittant son environnement habituel, de rencontrer des personnes différentes. Et c'est encore plus vrai pour des personnes handicapées, au quotidien parfois difficiles.

On espère que cet événement tragique ne va pas durcir et alourdir un peu plus la législation qui encadre ce type de séjour. Mais j'ai bien peur que les coûts deviennent exorbitants. À terme, cela pourrait créer des discriminations avec le reste de la population. Et on ne veut pas de ça.

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