Les jeux asiatiques d’hiver 2029 ont été attribués à l'Arabie Saoudite mardi 4 octobre, par le Conseil olympique d'Asie (OCA). Un choix qui fait des vagues à l’heure du réchauffement climatique.
Dans un communiqué publié jeudi 6 octobre les stations de ski et professionnels de la montagne en France haussent la voix : “Sportifs, élus et opérateurs touristiques de la montagne, nous avons pris connaissance avec sidération du projet d’organisation des Jeux asiatiques d’hiver 2029 en Arabie Saoudite, dans un lieu naturellement pauvre en précipitations et en eau, où il n’existe à ce jour ni station ni piste de ski. Nous ne pouvons que dénoncer ce projet aberrant et totalement à l’opposé de ce qui est souhaitable pour la planète. En tout état de cause, ce n’est pas le chemin que nous traçons pour les stations françaises et pour le ski français.
De notre capacité collective à respecter les accords de Paris (stabilisation des émissions de GES en 2050) mais aussi à gérer durablement les ressources et la biodiversité, dépendra le monde que nous lèguerons à nos descendants. C’est à cette condition seulement que les générations futures pourront encore vivre avec bonheur sur notre planète et apprendre le ski” écrivent l’Association Nationale des Maires des Stations de Montagnes, Domaines Skiables de France, l’Ecole du Ski Français et la Fédération Française de Ski.
Les Jeux asiatiques d'hiver comprennent des compétitions de ski, de snowboard, de hockey sur glace et de patinage artistique, soit 47 épreuves au total, dont 28 sur neige et 19 sur glace, selon l'OCA. Greenpeace a critiqué le choix du site dénonçant comme dangereux les plans du royaume "d'altérer les écosystèmes" de la région pour la construction d'un centre de ski en plein désert.
Des jeux d'hiver dans un état pétrolier du Golfe
Mardi 4 octobre, le Conseil olympique d'Asie (OCA) a attribué l'organisation de cette compétition hivernale à Neom, une mégapole futuriste en construction dans le désert montagneux de Trojena, dans le nord-ouest du riche Etat pétrolier du Golfe.
Situé à 50 kilomètres du littoral de la Mer Rouge, ce secteur montagneux connaît des températures qui "descendent en dessous de zéro degré en hiver et où les températures tout au long de l'année sont généralement inférieurs de 10 degrés" par rapport au reste du pays, affirment ses promoteurs sur leur site internet, sans faire mention de la question des précipitations.
Le futur site de Trojena, qui devrait être achevé en 2026, comprendra des pistes de ski ouvertes toute l'année, un lac artificiel d'eau douce, des chalets, des manoirs et des hôtels de luxe, d'après la même source. "Vous êtes en train de changer tout un écosystème naturel (...) et cela peut même avoir des répercussions sur les écosystèmes avoisinants", a mis en garde Ahmad al-Droubi, un responsable de Greenpeace pour la région Afrique du Nord et Moyen-Orient.
L'Arabie Saoudite après le Qatar
La coupe du monde de football 2022 doit se dérouler au Qatar dans des stades climatisés et alors que près de 6000 ouvriers ont trouvé la mort lors de la construction des équipements dans ce pays. Depuis plusieurs jours, des villes de France de Paris, Lyon, Besançon ont annoncé qu'elles ne retransmettraient pas sur écran géant les matchs du Mondial. "Ce sont des vies qui ont été saccagées, qui ont été sacrifiées pour cette coupe du monde, et c'est une aberration sur le plan écologique puisqu'on va essayer de refroidir l'atmosphère qui par ailleurs se réchauffe", a déclaré Grégory Doucet, maire écologiste de Lyon. La ville de Besançon dénonce elle aussi "une aberration écologique, avec ses huit stades à ciel ouvert climatisés, à l'heure où le monde entier doit s'engager dans une sobriété énergétique pour assurer des conditions de vie supportables aux populations les plus précaires de la planète.”
Avec AFP