Le rappeur Orelsan était en concert le mercredi 2 mars à l'Axone de Montbéliard. On s'attendait à un grand moment de musique. Cela a dépassé nos espérances et nous ne sommes pas les seuls. On vous raconte.
On ne va pas vous mentir. On attendait le concert du rappeur Orelsan à l'Axone de Montbéliard depuis plusieurs mois, et ce pour plusieurs raisons. Déjà parce que c'était le premier gros concert auquel on assistait depuis l'allègement des mesures sanitaires liées au Covid-19. Le premier choc fut celui de constater autant de monde réuni dans la salle, plus de 5500 personnes, sans masque, sourires collés aux visages.
Ensuite, parce qu'on est pas très originaux. On apprécie comme beaucoup ce que propose le rappeur originaire de Caen. Son dernier album "Civilisation" marque le sommet d'une carrière qui était déjà bien remplie avant ce dernier triple disque de platine. Autant vous dire qu'Orelsan était attendu comme le messie à l'Axone de Montbéliard.
Et pour finir, on voulait voir si le Normand allait réussir à faire mieux que lors de sa très bonne dernière tournée, pour l'album "La fête est finie", ou s'il s'était reposé sur ses lauriers.
Un démarrage inédit
Le show débute à 21h par surprise quand le presque quadragénaire se pointe sur scène au milieu du public, discrètement, seul et à cappella, alors que les lumières de la salle sont toutes allumées. On s'attendait évidemment à un démarrage tonitruant, des lights dans tous les sens, du gros son dès le début. Il n'en fut rien. Comme à son habitude Aurélien Cotentin prend tout le monde à contre pied. Les musiciens qui l'accompagnent arrivent de la même manière, installant leurs instruments en catimini, comme s'ils débarquaient après une bonne sieste.
"Je suis heureux d'être... dans un gymnase" lance l'artiste avec le ton désinvolte qu'on lui connait, avant de demander : "T’as pas des lumières ambiance fête de famille ?". Le public scande, déjà conquis : "Aurélien, une chanson ! Aurélien, une chanson !". Les hostilités sont lancées quand la salle tombe dans le noir. On comprend que le concert va aller crescendo et qu'Orelsan nous a prévu des surprises.
Dans le public, toutes les générations se mélangent. On aperçoit des quinquagénaires mais aussi des enfants, drapeau et "t-shirt Orelsan" sur les épaules, marqués d'un symbole shuriken, emblème de son dernier album. C'est d'ailleurs ce qui fait la force de ce génie du marketing, qui a réussi à faire de son dernier opus un disque d'or avant même sa sortie. Orelsan possède un don pour créer autour de ses oeuvres une panoplie complète, pertinente et attachante.
Sur scène, on retrouve les beatmakers Skread et Phazz, le batteur Manu Dyens et le guitariste Eddy Purple, sans oublier le fidèle Ablaye.
Jeux vidéos, karaoké et vieux sons
La suite est époustouflante. Orelsan enchaîne les titres de son dernier album mais aussi de nombreuses chansons de ses albums passés, comme pour marquer le fait qu'avant "Civilisation" il était déjà en place. "Changement", "Courez courez", "Jimmy Punchline" et bien d'autres sont regroupées dans un medley en milieu de concert.
Le son est très bon, la rime est efficace, le style vestimentaire soigné mais c'est surtout la scénographie qui épate. Des écrans projettent des images magnifiques derrière l'artiste, sur des structures motorisées, créant un univers nouveau à chaque titre. L'effet est magique et les animations sont entrecoupées de moments interactifs avec le public. 82 personnes accompagnent le Caennais sur ses tournées. On comprend pourquoi quand on constate le niveau de technicité du spectacle.
"On va prendre deux personnes dans le public pour jouer à un jeu vidéo. Venez !" lance Orelsan avant de proposer à deux jeunes fans de s'affronter virtuellement sur scène, dans une sorte de "Street Fighter" rebaptisé "Civilisation Fighters", mettant en scène "Orelsan" contre "Raelsan". La foule est en délire. S'en suit un karaoké géant, avec le "Karasan", en référence à un célèbre site en ligne de karaoké. Dans les couloirs de l'Axone, on retrouve même de vraies bornes d'arcade avec le jeu en libre service. L'offre est complète. Une fois de plus, Orelsan et ses acolytes ont pensé à tout.
Le concert se termine au bout de deux heures et après le titre marquant "Notes pour trop tard" mis en scène d'une manière à peine croyable, à plusieurs mètres du sol, et le très connu "Basique", qui enflamme littéralement la salle.
Concert complètement dingue d’@Orel_san ce soir. Ça vaut bien de veiller un peu pour vous raconter ça. À lire demain matin à l’aube sur @F3FrancheComte. #Montbéliard pic.twitter.com/oNE9Hv42P1
— Sarah Rebouh (@srebouh) March 2, 2022
"Magique", "fou"
À la sortie, tout le monde est d'accord. C'était "génial", "magique", "fou". On rencontre Damien, un habitué des concerts d'Orelsan. "J'ai vu toutes ses tournées, et dans des salles de tailles différentes. Ce qu'il a fait est dingue. Je ne pensais pas qu'il irait aussi loin. Il dépasse clairement un seuil" explique le trentenaire. "C'était incroyable ! J'ai adoré" confirme une jeune fan. On ne va pas chercher une aiguille dans une botte de paille... celui ou celle qui aurait été déçu.
L'univers Orelsan a encore fait mouche. C'est d'ailleurs sa marque de fabrique et ce qui a fait de lui le rappeur le plus accompli de France.