Une société allemande va-t-elle vraiment créer 200 emplois à Hérimoncourt sur l’ancien site de PSA ?

Mercredi 28 avril, l’arrivée du groupe allemand Welp sur l’ancien site de PSA à Hérimoncourt a été annoncée par le député LREM Frédéric Barbier. Mais cette entreprise de véhicules blindés va-t-elle vraiment créer 200 emplois dans le Doubs ? 

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Un peu plus d’un an après le départ du dernier salarié de PSA à Hérimoncourt dans le Doubs, ce mercredi 28 avril, c’est par un communiqué que le député Frédéric Barbier a annoncé la nouvelle : “Alors que l’on y travaille depuis bientôt deux ans maintenant, c’est officiel le Groupe allemand Welp a confirmé son implantation sur l’ancien site PSA d’Hérimoncourt”. Une arrivée relayée dans la presse locale, où le chiffre de 200 emplois créés à terme est repris à plusieurs reprises. Le même nombre de salariés que ceux qui travaillaient encore sur l’usine de Terre-Blanche de PSA il y a deux ans. “Il faut faire attention”, tempère la maire d’Hérimoncourt, rien n’est signé, et je suis un peu sur mes réserves”, avant d’ajouter “non pas je ne veuille pas y croire”. Et en y regardant de plus près, en effet, ces 200 emplois ne sont pas encore créés. 

Un objectif pour 2026

Si le groupe allemand Welp, par l'intermédiaire de son représentant en France, Patrice Aubin de Jaurias, confirme sa volonté de s’implanter dans la commune du Doubs rapidement, le projet de l’entreprise spécialisée dans les véhicules blindés est progressif. “On voudrait pouvoir ouvrir au deuxième trimestre 2022”, explique-t il, “et nous avons un plan de développement de 2022 à 2026”. L’année prochaine, pour son lancement, le site ne devrait accueillir que douze salariés.  “On va commencer petit, mais 200, c’est le chiffre prévu", assure Patrice Aubin de Jaurias. 

L’entreprise Welp possède pour le moment deux unités de production en Allemagne, au nord du pays, et en Saxe. Le site d’Hérimoncourt serait donc son premier en France. Le groupe prévoit d’y développer la même activité que dans ses autres usines : renforcer la sécurité de véhicules produits par des constructeurs automobiles. “Nous avons une belle gamme de produits”, explique le représentant, “qui va des véhicules légèrement renforcés, avec des vitres plus fortes ou des bas de portes renforcés, à des véhicules blindés”. L’entreprise travaille avec des services de l’ordre européens, et voudrait rentrer sur les marchés français, et italiens. Des rencontres avec le ministère de l’Intérieur et de la Défense sont d’ailleurs prévues. A terme, Welp espère pouvoir renforcer des véhicules destinés à la police ou la gendarmerie. C’est notamment avec cet objectif en tête, qu’une éventuelle expansion du site d’Hérimoncourt, et des créations de postes, sont envisagées. 

“On ne peut pas passer à côté d’une entreprise comme ça”, affirme Marie-France Bottarlini. “On a la chance d’avoir une entreprise qui veut véritablement s’installer”, raconte Frédéric Barbier, “le seul point qui reste à régler, ce sont les bâtiments appartenant à Peugeot”. 

Une transaction suspendue aux négociations immobilières 

Car si Welp compte développer progressivement son activité, il en est de même de sa présence sur le site industriel d’Hérimoncourt. “Nous allons commencer par refaire deux halls qui vont nous permettre de lancer le projet”, décrit Patrice Aubin de Jouras, “en espérant que les retombées économiques feront que nous aurons besoin de plus de place”

Heureusement, le site est important, ce qui nous permettra de s’agrandir sans déménager

Patrice Aubin de Jouras, responsable France de Welp

 

Une ambition qui pose la question du devenir des terrains et des bâtiments du site industriel. Pour l’instant, ils appartiennent tous à Stellantis, le groupe né de la fusion de PSA et Fiat Chrysler Automobiles. Lors de la fermeture de l’usine de Terre-Blanche en 2019, la direction s’était engagée à chercher des repreneurs. “Il avaient dit, ‘je vais chercher des entreprises susceptibles de venir s’installer’, et ils nous ont fait rencontrer Welp”, raconte Frédéric Barbier, “maintenant, Peugeot nous dit ‘notre raison sociale, c’est de construire des véhicules, pas de faire de l’immobilier et de l’aménagement. Ceux dont c’est la raison, la compétence économique, c’est la région ou l’agglomération”. Pour le député, comme pour le constructeur automobile, ce serait au tour du Pays de Montbéliard Agglomération (PMA) de gérer l’ancien site industriel : autrement dit, d’acheter l’ensemble des terrains, pour les aménager, les louer ou les vendre progressivement à Welp. Une procédure similaire à celle opérée par l’agglomération il y a deux ans, lorsqu’elle avait racheté les terrains de PSA nord dans le cadre du plan PSA 2022. 

Or, lors de la dernière réunion des différents acteurs économiques et des collectivités locales, le prix avancé par Stellantis pour ses terrains et bâtiments s’élève à 8 millions d’euros. “La somme avancée intègre le centre d’archives de terre blanche, centre d’archive du groupe et source de loyer” précise un chargé de communication du groupe. Un prix que l’agglomération n’est pas prête à mettre sur la table. “L’intérêt pour notre territoire, c’est que Welp s’installe”, explique Didier Klein, vice-président de l’agglomération, chargé du développement économique, “Par contre, ce que j’ai dit à Stellantis, c’est ‘je ne vous donnerai pas 8 millions d’euros pour vous débarrasser de tous ces hectares’.” L’élu y voit en effet une manoeuvre du constructeur pour alléger son patrimoine immobilier, et se délester des taxes foncières qu’il paie toujours à la commune. Environ 100.000 euros selon la commune. 

“Ces 8 millions, on ne peut pas les investir sans avoir étudié a minima la situation”, ajoute Didier Klein. L’élu avait visité l’usine lors de sa fermeture, et avait notamment constaté qu’il “avait un patrimoine industriel un peu ancien, et certains bâtiments sont situés sur des zones PPRI [plan de prévention du risque inondation ndlr] et sont pratiquement in-reconstructibles”. L’élu souligne également que la société d’économie mixte de l’agglomération, la SEM PMIE, ne dispose pas actuellement de ces fonds. “Les 8 millions, je ne les aurais pas avant minima 2 à 3 ans”, se justifie Didier Klein. 

“Franchement, si Stellantis me donne le terrain à un euro symbolique, je fais tout l’aménagement” avance l’élu du Pays de Montbéliard Agglomération. Car, bien plus que le terrain lui-même, les investissements à venir résident dans les aménagements des alentours, pour en faire une zone industrielle. Du côté de Welp, on se dit “ouvert” à toutes les propositions. “Avec Stellantis et les autorités locales, nous sommes en train de voir ce qui va être le mieux pour nous”, commente Patrice Aubin de Jouras. L’arrivée de l’allemand Welp n’est donc pas encore actée, et les négociations sont toujours en cours.

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information