À Pontarlier, dans le Doubs, on se mobilise pour empêcher l'expulsion d'Izzat Khan. Ce Pakistanais, arrivé dans la commune en 2018, s'est ainsi vu refuser sa demande d'asile politique. Au grand dam des associations et des habitants, qui pointent son investissement et ses efforts d'intégration.
Rapide, de bonne volonté, et toujours soucieux de la qualité de ses productions… À l’association Haut-Doubs Repassage, basée à Pontarlier, quand il s’agit de décrire le travail de couturier d’Izzat Khan, les compliments pleuvent. Il faut dire que ce dernier a de l’expérience : il a, par le passé, travaillé au sein d’un atelier de couture familial.
« Avec toutes les commandes qu’on reçoit en couture, il serait une vraie opportunité pour nous » affirme Nathalie Branchet, directrice de l’association. C’est donc tout naturellement qu’Izzat s’est vu proposer un poste au sein de la structure. Problème : le trentenaire n’a pas de papiers, et est depuis décembre dernier sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français.
"Là-bas, pour moi, c'était trop dangereux"
D’origine pakistanaise, Izzat Khan fuit son pays en juillet 2016. "Là-bas, pour moi, c'était trop dangereux". Si le pays n'est pas en guerre, l’homme, qui explique être originaire du district du Haut-Dir, aurait ainsi été menacé par les talibans. Izzat effectue un périple de plusieurs mois à pied à travers de nombreux pays d’Europe avant d’arriver à Paris fin 2017. Ne parlant alors pas un mot de Français, et accompagné d’un traducteur qui n’aurait pas réussi à correctement expliquer sa situation, le trentenaire se voit refuser sa demande d’asile auprès de l’OFPRA (office français de protection des réfugiés et apatrides), puis son recours déposé à la CNDA (cour nationale du droit d’asile).
« Izzat fait l’unanimité »
C’est au cours de l’hiver 2018 qu’il s'installe à Pontarlier. Commune qu’il n’a depuis plus quittée. Mais en décembre 2019, Izzat Khan est soumis à un contrôle de police qui fait état de l'illégalité de sa situation. Il est depuis susceptible d'être expulsé à tout moment vers son pays d’origine. Une situation contre laquelle se sont mobilisés des habitants. L’investissement du jeune homme est ainsi pointé du doigt : bénévole auprès des associations Emmaüs et la Croix-Rouge, il suit également depuis plusieurs mois des cours intensifs de Français.
Si on le renvoie au Pakistan, Izzat, il sera certainement mort
Une pétition a été lancée pour tenter d'empêcher son expulsion. Parmi la centaine de signataires, Pierre Zahnd, qui l'affirme : « Izzat fait l’unanimité ». Touché par l’histoire du jeune homme, ce Pontalissien l’héberge depuis 4 mois. Et considère désormais Izzat comme un membre à part entière de sa famille : « Il fait tous les repas de famille avec nous, il fait Noël avec nous... Je me fais du soucis. Si on le renvoie au Pakistan, Izzat, il sera certainement mort.»
Une demande de recours gracieux a été déposée il y a une dizaine de jours auprès de la préfecture du Doubs. Avec l'espoir pour Izzat d'obtenir une réponse positive, et ainsi, une régularisation de sa situation.