Les Républicains réunis ce mercredi 12 juin ont décidé à l’unanimité d’exclure de leur parti leur président qui avait proposé une alliance avec l'extrême droite. LR connaît une crise sans précédent à laquelle élus et électeurs en Franche-Comté assistent ces dernières heures.
Viré de bord
"Eric Ciotti est en rupture totale avec la ligne portée par les Républicains, il est exclu des Républicains", a annoncé Annie Genevard, député LR du Doubs et secrétaire générale des Républicains, à la sortie du bureau politique des Républicains qui s'est tenu ce mercredi, après l'annonce du président des LR d'une alliance avec le RN. L’élue du Haut-Doubs assurera l’intérim au sein de LR avec François-Xavier Bellamy.
La réaction de l'intéressé n'a pas tardé. Eric Ciotti conteste la forme et se réserve la possibilité de contester la procédure en justice.
"Je suis et reste le président" de LR, a clamé Eric Ciotti sur son compte X aussitôt après son exclusion du parti Les Républicains.
La réunion organisée cet après-midi a été mise en œuvre en violation flagrante de nos statuts @lesRepublicains.
— Eric Ciotti (@ECiotti) June 12, 2024
Aucune des décisions prises à cette réunion n’emporte de conséquence légale.
Elle peut avoir des conséquences pénales.
Je suis et reste le président de notre… pic.twitter.com/8cSoosTdK3
Une éviction en 48 heures
Convoquée par Annie Genevard, député du Doubs et numéro deux de LR, le bureau politique était très attendu par les députés républicains sortants. Dans le Jura, Marie-Christine Dalloz, était prête à se représenter sans l’étiquette LR si Ciotti poursuivait son alliance avec le RN de Jordan Bardella. Elle se dit soulagée par cette exclusion. “Qu’Eric Ciotti prenne des décisions personnelles, je n’ai pas à juger. Qu’Eric Ciotti prenne une décision qui engage sa famille politique, sans concertation, ce n’est pas démocratique. La démocratie a besoin de transparence et de clarté. Eric Ciotti a manqué de loyauté et de transparence” réagit à France 3 Franche-Comté la député du Jura.
"Eric, il faut arrêter"
Jean-Marie Sermier, président de la fédération Les Républicains dans le Jura appelait dans ICI 12/13 Franche-Comté le patron des Républicains à remettre sa démission. “Il est hors de question qu’il puisse se maintenir à la présidence des Républicains” expliquait-il tout en précisant qu’il fallait que cela se fasse dans les règles pour ne pas avoir de contestations possibles.
Eric, il faut arrêter, démissionner parce qu'aujourd'hui tu as franchi la barrière qu’il ne fallait pas franchir. Tu l’as fait tout seul, dans ton intérêt particulier pour assurer ta réélection sur Nice et je trouve que c’est scandaleux.
Jean-Marie Sermier, président de la fédération Les Républicains dans le Jura
Selon Jean-Marie Sermier, ni les fédérations départementales, ni les députés LR sortants n’ont été consultés quant à cette alliance avec l’extrême-droite.
La démocratie en danger pour ces électeurs de droite
À Pontarlier dans le Haut-Doubs, terre républicaine en Franche-Comté où le candidat du RN a rassemblé plus de 28 % des voix aux européennes, les habitants condamnent le choix solitaire d’Eric Ciotti de faire alliance aux législatives avec le Rassemblement National. “Déjà, il avait dit le contraire il y a un an ou deux, c’est quand même un peu gênant mais bon, les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Et puis, le père de Gaulle doit se retourner dans sa tombe !” lance un électeur du Haut-Doubs.
“Je trouve que c’est honteux, c’est tout, je ne suis pas d’accord” confie cette septuagénaire au micro de notre journaliste Thierry Chauffour. “De sa part, c’était prévisible. Cela fait un moment, moi, je pense, qu’il allait rejoindre le RN” ajoute un autre Pontissalien.
Pour certains Comtois, la situation politique est inquiétante. “Je pense que ça va être grave. Il va y avoir toute une crise politique, la France sera ingérable et Macron va se retrouver probablement à démissionner à un moment ou un autre” analyse cet électeur.
Emmanuel Macron tacle Ciotti
Lors de son allocution ce mercredi matin, le Président de la République Emmanuel Macron ne s’est pas privé de faire référence au patron des Républicains et des tractations en cours à gauche comme dans la droite républicaine. Il s'agit d'une "épreuve de vérité entre ceux qui choisissent de faire prospérer leur boutique et ceux qui veulent faire prospérer la France". La dissolution "permet seule la clarification des choses", a-t-il ajouté, en pointant du doigt l'alliance entre le président des Républicains, Eric Ciotti, et le RN.
Les partis politiques ont jusqu’à dimanche soir 18 heures pour déposer leurs listes de candidats pour les législatives des 30 juin et 7 juillet prochains. Un scrutin qui s’annonce hors normes.