Eric Ciotti "s'est vendu pour un plat de lentilles" : Les Républicains dénoncent l'alliance de leur président avec le Rassemblement national

Mardi 11 juin 2024, Eric Ciotti, président des Républicains, a annoncé vouloir nouer une alliance avec le Rassemblement national pour les futures élections législatives anticipées. Une prise de parole qui ne passe pas chez les LR de Bourgogne-Franche-Comté, qui dénoncent cette décision et appellent à la démission d'Eric Ciotti. Retrouvez leur réaction.

"Il y a un bloc des droites, un bloc, un bloc national, nous avons besoin d'une alliance, en restant nous-mêmes". C'est par ces mots, énoncés le 11 juin 2024 sur le plateau de TF1, qu'Eric Ciotti, président du parti Les Républicains, a officialisé son souhait de former "une alliance avec le Rassemblement national" pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet prochains.

Très vite, cette annonce a fait l'effet d'une bombe chez les membres des Républicains. En Franche-Comté, Eric Ciotti a ainsi été désavoué par l'intégralité des responsables républicains interrogés. "C'est une erreur tactique profonde" a dénoncé Annie Genevard, secrétaire des Républicains et candidate aux législatives dans la 5e circonscription du Doubs. "Cet accord va dans le sens d'une disparition de notre parti, comme le RN a toujours cherché à le faire. Cela déstabilise très profondément notre famille politique et va embrouiller nos électeurs".

Nous avons fait plusieurs réunions hier pour clarifier notre ligne, et M.Ciotti ne nous a jamais fait part de ces intentions. C'est une décision personnelle de sa part.

Annie Genevard

"La position d'Eric Ciotti ne représente pas la ligne LR ni celle des députés sortants" a repris Annie Genevard. "Je suis parfaitement claire, ma ligne est celle de l'indépendance, d'une droite de responsabilité, engagée, qui ne se dérobe pas, une volonté de résoudre les problèmes du pays sans se diluer chez les Macronistes et le RN. Si nous ne sommes plus nous-mêmes, qui votera pour nous ?"

"Il s'est vendu pour un plat de lentilles"

Même constat chez Damien Meslot, maire LR de Belfort, qui "appelle à la démission d'Eric Ciotti". "Il est complètement isolé. Il essaye simplement de négocier un poste dans un futur gouvernement RN" dit-il. 

Il s'est vendu pour un plat de lentilles. Je suis LR et je le resterai. Je me suis investi dans cette famille politique pour suivre Jacques Chirac. Les Républicains ne sont pas Eric Ciotti, il doit partir après cette grave erreur politique.

Damien Meslot, maire LR de Belfort

Chez les députés sortants LR, en course pour les prochaines législatives, les réactions sont les mêmes. "J'ai toujours dit que je n'accepterai aucune alliance avec le RN" a rappelé Justine Gruet. "Je suis une vraie républicaine. Je demande la démission d'Eric Ciotti de la présidence des Républicains" a annoncé l'ex-députée de la 3e circonscription du Jura sur le réseau social X.

Marie-Christine Dalloz, ancienne députée LR de la 2e circonscription du Jura, accuse Eric Ciotti "d'avoir pris cette décision seul, sans aucune concertation. C'est inacceptable". Elle qui hésitait à se représenter aux prochaines législatives en a profité pour officialiser sa nouvelle candidature. 

Si Ciotti ne démissionne pas très vite, j'irai en campagne sans étiquette politique. Je veux garder ma liberté et ne pas être apparentée à l'extrême droite.

Marie-Christine Dalloz, ancienne député dans le Jura

Du côté de Ian Boucard, ex député LR lui aussi candidat à sa réélection dans la 1e circonscription du Territoire de Belfort, Eric Ciotti "doit immédiatement démissionner de LR et rejoindre le RN". "Son désir d'être ministre ne permet pas tout" a-t-il estimé dans un communiqué. 

"Je me refuse à joindre la cohorte de ceux qui depuis 2017 trahissent leurs électeurs. [...] Nous avons localement résisté à la vague Macroniste en 2017, nous affronterons avec courage celle de 2024.

Ian Boucard,

candidat LR aux législatives dans la 1e circonscription du Territoire de Belfort

Au conseil départemental du Doubs, à majorité LR, le groupe des Républicains a publié ce 11 juin un communiqué commun réunissant les voix de 17 élus, alignés derrière leur présidente Christine Bouquin. Intitulé "pas d'alliance avec le RN", le texte indique que ses signataires "refusent que nos valeurs, notre histoire [...] soient bradés pour sauver quelques sièges de députés au prix d'une compromission sans retour". Les élus départementaux demandent la démission de Ciotti. "Dans le cas contraire, nous [...] sauront en tirer toutes les conclusions" expliquent-t-ils.

Selon Annie Genevard, une tribune rassemblant les différents représentants des Républicains hostiles à la décision d'Eric Ciotti sera publiée dans les prochaines heures. En effet, dans tout le pays, les réactions de cadres LR condamnant la décision d'Eric Ciotti se multiplient.

Gérard Larcher, président du Sénat, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Olivier Marleix, président du groupe LR à l'Assemblée nationale et son homologue au Sénat Bruno Retailleau ont tous, entre autres, appelés à sa démission.

Des réactions virulentes en Bourgogne

Également en Bourgogne, le bureau des Républicains de Côte-d'Or a publié un communiqué évoquant qu'il "se désolidarise sans ambiguïté des déclarations d'Eric Ciotti favorable à un accord avec l'extrême droite".

"Fidèle à ses convictions, et opposé à tout accord d’appareil dans le dos des électeurs, la Droite républicaine a le devoir de proposer une parole claire et indépendante entre l’impuissance du « en-même temps » macroniste et le saut dans l’inconnu du RN. C’est le travail auquel la Fédération de Côte-d’Or contribuera activement. Nous appelons à sa démission immédiate de son poste de Président des Républicains."

C'est une position qui nous semble scandaleuse !

François-Xavier Dugourd

Président des Républicains de Côte-d'Or

Le Président des Républicains de Côte-d'Or, François-Xavier Dugourd, a réagi à France 3 Bourgogne en réagissant par"l'indignation et la surprise", face à la décision d'Eric Ciotti. François-Xavier Dugourd dénonce : "Déjà, on n'a pas été consultés, les militants, les adhérents, les fédérations départementales et même le bureau politique des républicains n'a pas été associé à cette décision. Elle a été prise de manière individuelle et elle est contradictoire avec la ligne politique de notre mouvement. Nous, c'est pas de compromission avec les macronistes, ni avec l'extrême-droite. C'est une position qui nous semble scandaleuse, je demande, avec le bureau politique des Républicains de Côte-d'Or, avec l'ensemble de la Fédération, la démission du Président des Républicains."

Les autres élus LR ont fustigé la décision d'Eric Ciotti. Guillaume Larrivé, député de l'Yonne de 2012 à 2022, demande la démission d'Eric Ciotti, "avec tristesse". Les deux hommes se connaissent et Guillaume Larrivé évoque "un désaccord politique fondamental".

J'ai honte pour ce que représentait ma famille politique [...] Eric Ciotti n'a jamais été à la hauteur et il le démontre une nouvelle fois.

Sébastien Martin

Président LR du Grand Chalon

Sébastien Martin, le président du Grand Chalon et vice-président du Conseil Départemental de Saône-et-Loire, ne mache pas ses mots sur X, en parlant d'Eric Ciotti comme "quelqu'un qui n'a jamais été à la hauteur"

Pour Laurent Bourguignat, conseiller municipal à la ville de Dijon et à Dijon Métropole, Eric Ciotti "doit quitter immédiatement la présidence des Républicains."

Josiane Corneloup, ex-députée du Charolais-Brionais, a confirmé qu'elle sera bien candidate à sa réélection dans la 2ème circonscription de Saône-et-Loire. (élue en 2022 avec 66% des suffrages). Quant à sa réaction vis-à-vis de la décision d'Eric Ciotti, elle déplore : "Je regrette sa décision, nous avons tous été mis devant le fait accompli. Je la regrette sur la forme, ce n'est pas correct pour un président, de ne pas avoir interrogé chacun des députés qui constituent le parti, pour savoir quel était l'avis de l'ensemble des membres. Je la conteste sur le fond, j'ai toujours défendu une ligne indépendante, une autonomie, tant vis-à-vis du camp macroniste que du camp lepéniste. Elle est regrettable, c'est vraiment dans un souci pour garantir sa réélection."   

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