Le Centre Hospitalier Intercommunal de Haute-Comté ferme 6 lits dans une unité de médecine de 26 places. La faute à la pénurie de soignants et au manque criant des vocations.
Dans sa chambre du service Médecine polyvalente B, assis dans son fauteuil rouge, Pierre s’émeut lorsqu’il évoque les conditions de travail du personnel soignant. « Les infirmières sont toujours en train de courir partout, elles ne nous consacrent pas beaucoup de temps donc on essaie de ne pas être trop exigeants ».
Comme dans la plupart des hôpitaux, le manque de personnel impacte immanquablement les patients. Au Centre Hospitalier Intercommunal de Haute-Comté, six lits sur 26 du service de Médecine B sont gelés jusqu’en septembre… Pour l’instant. " On espère bénéficier des infirmières qui sortiront de formation en juillet" soupire Olivier Volle, le directeur du Centre Hospitalier Intercommunal de Haute-Comté.
Il manquerait 40 personnels soignants
Sur l’ensemble de ce centre hospitalier, travaillent 1.400 personnes. Il manquerait, selon le directeur, une vingtaine d’infirmières et autant d’aides-soignantes. "C'est une difficulté chronique sur ce bassin, car on est proche de la Suisse, mais pas seulement. Ces difficultés, tous nos collègues les rencontrent au niveau régional et national. Il y a une désaffection des métiers, on peine à remplir nos instituts de formation et quand on les remplit, il y a un départ en cours d’année" analyse Olivier Volle.
Pour combler le manque de personnel, l’hôpital fait appel à des intérimaires. Mais dans les couloirs de l’unité Médecine B, les infirmières et les aides-soignantes, en première ligne, ne cachent pas leur exaspération. " Quand il y a des intérimaires, on assure le doublage, ça prend du temps aussi. Ici, il manque quatre infirmières à temps plein" calcule Anaïs Lacroix, infirmière. Une de ses collègues, Evelyne Tissot-Rossot, compte, elle, le nombre de toilettes à effectuer chaque matin. " Ça va vite, vite, vite et une toilette ne se fait pas en dix minutes". Puis Anaïs reprend. " Et c’est vrai que ce manque fait qu’on n’a pas le temps pour nos patients. C’est difficile à dire et c’est triste, mais pour nos patients en fin de vie, on doit aussi se dépêcher".
Prioriser les hospitalisations
La fermeture de ces lits plonge le service dans une difficulté puisque ce sont justement ces lits qui sont particulièrement sollicités. " Nous demandons à nos partenaires de ne pas nous envoyer des hospitalisations dites « sociales » pour que l’on puisse se recentrer sur notre mission sanitaire de base" explique Olivier Volle.
Le nombre d’infirmières sur le marché du travail est faible. Par conséquent, remplacer celles qui sont absentes est devenue un vrai parcours du combattant. Le Centre Hospitalier Intercommunal de Haute-Comté a donc fermé ces quelques lits, seule solution qu’il s’offre à lui. D’après une enquête menée par Pôle Emploi, dans le Doubs, en avril 2022, il y avait 400 projets de recrutement d'infirmier(e)s, cela correspond à 0.86 % des offres nationales de cette profession. Parmi l'ensemble des prévisions d'embauches, 335 étaient jugées difficiles, soit 83.75 % de l'offre totale du département.