Il recherche un(e) pharmacien(ne) dynamique et motivé(e) mais ne trouve personne. Alors, avec une bonne dose d'humour, le pharmacien de Rougemont (Doubs) a posté une étonnante offre d'emploi sur les réseaux sociaux pour séduire les candidats.
Voilà un an déjà qu'il cherche désespérément à embaucher un pharmacien. Mais aucun candidat n'a répondu à l'appel. Ses annonces sur les sites spécialisés n'ont rien donné. Alors, aux grands maux les grands remèdes. David Grossrieder, pharmacien à Rougemont (Doubs), a décidé de poster son offre d'emploi mardi 6 août 2024 sur les réseaux sociaux.
Avec une bonne dose d'humour, il y vante les charmes de son officine "située à 35 min de Besançon, 25 min de Vesoul, 45 min de Belfort, 5h20 de Marseille, 4h de Paris, 30 h de Nouméa !" Lui qui a fait ses études à Besançon et s'est installé ici il y a huit ans, après avoir d'abord exercé en Suisse, propose aux candidats "un salaire sympa" et "des primes". Il promet à sa future recrue des "patients au top" dans "un village super sympa" et "des locaux neufs avec une vitrine Disney" s’il vous plaît !
Pénurie de pharmaciens
"Aujourd'hui, j'arrive encore à avoir des remplaçants en intérim mais ça devient très compliqué, explique-t-il à France 3 Franche-Comté. On est normalement ouvert du lundi au samedi, sans compter les gardes. Toute l'équipe commence à fatiguer." Il emploie trois préparatrices en pharmacie mais, c'est une obligation légale, il doit y avoir obligatoirement deux pharmaciens attachés à l'officine.
Il y a un vrai problème démographique. Il n'y a pas de renouvellement de la profession. On manque de pharmaciens et les jeunes préfèrent travailler en ville.
David Grossrieder, pharmacien à Rougemont (Doubs)
Vérifier les ordonnances, délivrer les médicaments, conseiller, vacciner, tester, passer les commandes, contrôler, ranger et gérer le stock, le métier, il est vrai, a bien évolué et demande peut-être plus d'investissement au quotidien aujourd'hui.
Pour séduire les postulants, le pharmacien de 42 ans assure qu'il sera "arrangeant" sur les horaires et pour les vacances. Avec, écrit-il, la "possibilité de congés sans solde ou de travailler plus à une période si voyage de noces prévu ou autre, voyager un mois par-ci par-là à l’étranger, possibilité de bosser à fond une période et partir 15 jours à cheval en Mongolie, aller dormir chez les esquimaux, dormir chez les Waarusha en Tanzanie ou les Hmong au Vietnam." Attention, néanmoins, "le voyage ne sera pas pris en charge par la pharmacie" !
Mieux encore, le pharmacien est prêt à financer toutes les formations de son (ou sa) collaborateur(trice), qui aura par ailleurs accès s'il le souhaite à "un studio avec douche entre midi et deux pour aller courir, faire du vélo, faire sa muscu sur la terrasse ou jouer au tennis (super club le TCR ), voire même dormir un ou deux soirs par semaine s’il(elle) habite un peu loin" et "souvent les croissants le matin." Difficile de faire plus. Les clients de la pharmacie, en tout cas, encouragent la démarche de leur pharmacien. "Les patients comprennent et jouent le jeu, il y a eu déjà 350 partages sur Facebook", indique David Grossrieder.
Un mal français
La pharmacie de Rougemont est loin d'être un cas isolé. Partout en France, les pharmaciens souffrent des mêmes difficultés de recrutement. Selon les derniers chiffres connus, au 1er janvier 2023, on constatait une diminution de 8% du nombre de nouveaux pharmaciens entrant en exercice, soit 3 337 contre 2 542 au 1er janvier 2022. Il y avait également 1 100 places vacantes en études de pharmacie cette année.
Pour redonner de l'attractivité à la profession, les pharmaciens avaient déjà lancé en 2020 une grande campagne d'information nationale à destination des collégiens, lycéens et étudiants. En novembre dernier, l'Ordre national des pharmaciens a lancé une seconde campagne de communication pour promouvoir les métiers de la pharmacie auprès des jeunes. Autour du slogan : "pharmacien, le mois connu des métiers connus."
Le 30 mai dernier, la quasi-totalité des pharmacies françaises avaient également fait grève pour alerter le grand public sur les fermetures d'officines, l'absence de revalorisation d'honoraires, les pénuries et les ventes en ligne de médicaments. Un mouvement national particulièrement suivi en Bourgogne-Franche-Comté.