Claude et Brigitte Vinot, pharmaciens à Recey-sur-Ource (Côte-d'Or), prennent leur retraite en cette fin 2023. Leur officine, qui existait depuis 35 ans, n'a pas trouvé de repreneur.
"Ça va être un grand vide, à la fois intellectuel et convivial." C'est la voix empreinte d'une émotion non-feinte que Claude Vinot évoque ses derniers jours d'activité. En cette fin d'année 2023, son épouse et lui s'apprêtent à baisser le rideau de la pharmacie qu'ils tenaient depuis 35 ans à Recey-sur-Ource, une commune de 350 âmes dans le nord de la Côte-d'Or.
"35 ans de présence, 35 ans de moments très importants avec la patientèle, 35 ans où nous avons vécu avec les familles, le bonheur comme le malheur", relate le futur ex-pharmacien. "C'est une page de notre vie qui se tourne. Il y a un sentiment d’abandon, le sentiment de ne pas transmettre ce que les anciens nous avaient légué."
Une fermeture qui signe la fin d'une époque dans cette commune du nord du département. Pour se procurer des médicaments, il faudra dorénavant parcourir une vingtaine de kilomètres. "C'est triste pour le petit village qu'on est et pour toutes les communes autour", avoue Thierry, un riverain. "Les personnes sont assez âgées et n'ont pas forcément les moyens d'aller chercher des médicaments ailleurs."
"Le monde rural comme le nôtre n'intéresse pas"
Car le couple de pharmaciens n'est pas parvenu à trouver de repreneur. "Ça fait plusieurs années que l'on cherche", explique Claude Vinot. "Mais aujourd'hui, les jeunes ont une autre façon de voir l'avenir. Ils se donnent aussi à fond, mais veulent avoir une vie de famille plus compatible avec la société actuelle." Pour lui, le constat est amer : "aujourd'hui, le monde rural comme le nôtre n'intéresse pas".
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Quand on dit qu'on est à Recey-sur-Ource, avec 4 ou 5 habitants au km², ça n'intéresse pas les potentiels repreneurs.
Claude Vinot,pharmacien à Recey-sur-Ource
Pour autant, tout espoir n'est pas encore perdu. Après leur départ en retraite, les pharmaciens conserveront leur licence pendant un an, ce qui rend le rachat possible pendant cette période.
De son côté, la mairie planche sur ses propres solutions : en l'occurrence, la participation au dispositif "pharmacies satellites". "Fin novembre, le conseil municipal a demandé à être territoire d'expérimentation", indique le maire, Laurent Schembri. "C'est un dispositif qui permet à un pharmacien déjà installé d'ouvrir une deuxième officine, en employant un pharmacien salarié. Il s'agit d'une de nos pistes sérieuses de réflexion."
Reste à voir si cette solution se concrétisera. En France, 87% du territoire est considéré comme un désert médical.