L'onguent camphre-menthol, qui soigne les Nivernais depuis des générations, devrait disparaitre avec la fermeture de son unique et dernier fabricant, la Pharmacie de Nièvre à Nevers. Un coup dur pour beaucoup d'adeptes, qui appréciaient cette "pommade miracle".
La disparition annoncée de cette pommade fait visiblement beaucoup parler d'elle à Nevers et aux alentours, alors pourquoi ne pas en remettre une couche ?
L'onguent camphre-menthol trépassera dans une poignée d'heures, avec la fermeture annoncée de la Pharmacie de Nièvre. Celle-ci était la dernière à pouvoir le fabriquer, après l'obtention d'une dérogation spéciale par les autorités de santé. "À la fin des années 2000, une loi a été votée pour interdire aux pharmaciens de fabriquer leurs propres spécialités", s'indigne Jean-Jacques Riblet, le mari de la pharmacienne, qui y voit un coup des lobbies de l'industrie pharmaceutique.
L'invention du "misiderme" remonte à la fin de la Seconde Guerre Mondiale
Jean-Jacques Riblet, mari de la pharmacienne
C'est en 1945 qu'un Morvandiau, Marcel Comte, pharmacien à Nevers, invente cette pommade. Tout d'abord appelée "Mentho-Borum" puis "Misiderme" pour la contraction du patois nivernais mets-y le sur le derme, celle que l'on appellera la "pommade miracle" aura vite ses adeptes. Elle sera employée à de multiples occasions : pour soigner les migraines, les entorses, apaiser les brûlures ou encore hydrater la peau.
Un élément de la culture nivernaise va disparaître
La pommade, qui aurait fêté ses 80 ans en 2025, avait tout d'une star auprès des vieux Nivernais. "J'ai un tas d'amis qui l'emploient et qui en sont très contents", nous confie Philippe Corbier, médecin ophtalmologue et adjoint à la santé à la ville de Nevers. Pour lui, la décision de l'Agence régionale de santé (ARS) d'interdire sa fabrication ou d'empêcher une autre pharmacie d'en reprendre la commercialisation est tout à fait "anormale" et le "consterne". "C'est un produit inoffensif et qui soulage les gens, alors pourquoi le leur retirer ?", renchérit l'élu. "C'est un élément de la culture locale qui disparaît."
On a été littéralement dévalisés
Jean-Jacques Riblet, mari de la pharmacienne
Qu'on se le dise, ce n'est plus la peine de se déplacer pour acheter un tube de cet onguent miraculeux. Depuis la parution d'une pétition lancée par koikispass pour "sauver la pommade miracle", la Pharmacie de la Nièvre est assaillie de demandes. Le stock est épuisé, tout comme la pharmacienne et son mari, qui se seraient bien passés d'une telle mobilisation. "On est en colère parce qu'on n'a rien demandé ! On aurait largement préféré trouver un repreneur, mais malheureusement tous les jeunes pharmaciens qui veulent s'installer délaissent les centres-villes et préfèrent s'installer à plusieurs dans les galeries commerciales et faire du chiffre", se désole le couple.
Une recette qui refera certainement parler d'elle
En cette fin d'année, c'est une nouvelle pharmacie qui s'aprête à baisser définitivement le rideau, faute de repreneur. Mais il est fort à parier que l'on entendra un jour à nouveau parler de cette "pommade miracle", puisque sa composition n'a rien d'un secret d'apothicaire. "Reste à convaincre les députés de voter une loi qui réautorise les pharmaciens à commercialiser leurs spécialités", ironise Jean-Jacques Riblet.