Comme plusieurs grandes firmes de l’automobile, Stellantis (ex-PSA) est désormais confronté à la pénurie de composants électroniques qui ralentit considérablement la production. A l’usine de Sochaux (Doubs), salariés et syndicats sont dans l’incertitude.
C’est une nouvelle dont les salariés de Stellantis (ex-PSA) se seraient sans doute bien passés. L’usine de Sochaux s’apprête à enchaîner ce week-end du 6 et 7 février, un second samedi non travaillé, a fait savoir la direction du site dans un communiqué publié ce jeudi 4 février. Une décision qui doit permettre de s’ajuster à l’approvisionnement des pièces, et de faire face à la pénurie de composants électroniques (les semi-conducteurs) responsable du ralentissement de l’activité dans le secteur de l’automobile depuis plusieurs semaines.
Quels sites impactés ?
Si Volkswagen, Toyota, Ford et Nissan ont ralenti leur production les premiers, les firmes françaises semblaient jusque-là relativement épargnées. Le motif avancé pour la première annulation de séance sur le site de Sochaux n’était d’ailleurs pas directement lié à cette pénurie, la direction ayant dans un premier temps évoqué des incertitudes sur la situation sanitaire.
"Pour l’instant la direction s’est montrée très discrète à ce sujet" explique François Guillerey, délégué UNSA à Sochaux, "Cette crise d’approvisionnement vient tout juste d’être évoquée. Nous sommes inquiets car c’est toujours très frustrant de ne pas pouvoir répondre à la demande des clients. Nous attendons vraiment plus d’informations. Pour l'instant nous sommes dans le flou".
En Europe, les conséquences de cette pénurie commencent vraiment à se faire ressentir pour le groupe Stellantis fraîchement nommé : le site allemand d’Eisenach a temporairement cessé son activité tandis que l’usine de Mulhouse aurait déjà programmé sept jours d’arrêt de travail entre février et mars. Le site de Sochaux lui, devrait être priorisé grâce au développement du SUV 3008, l’un des véhicules phares de la marque. Evidemment les deux annulations de séance ralentissent la production, mais l’impact sur les salariés reste moindre, pour l’instant.
Des syndicats inquiets
"Tant qu’il s’agit d’annulation de séances supplémentaires, cela convient aux salariés. En revanche la situation pourrait devenir plus inquiétante quand on abordera des annulations de séances normales de travail" ajoute François Guillerey. Les séances en heures supplémentaires sont généralement prévues quand la production est importante. Elles s'ajoutent aux séances normales de travail basées sur les 35 heures. A Sochaux, les salariés ont déjà engrangé un nombre important de séances supplémentaires ces derniers mois, notamment les équipes qui travaillent sur la Peugeot 308 (42h/semaine en moyenne).
"Il faut savoir qu’au delà de 84 heures d’annulation de séances, les salariés passent au chômage" rappelle de son côté Eric Peultier, délégué syndical Force Ouvrière (FO) à Sochaux, d’autant plus inquiet que les salariés ont appris ce vendredi matin que le numéro vert venait d’être mis en place pour une possible annulation des séances de travail de lundi après-midi 8 février.
"Si on commence à annuler ces séances, ça peut vite devenir compliqué. On espère ne pas arriver à une situation comme dans certains usines qui sont fermées, ou même à Mulhouse qui ne tourne plus que quatre jours par semaine" souligne Eric Peultier. "Les produits n’arrivent pas et justement, c’est là qu’on voit toute notre dépendance vis à vis de certains fabricants de composants. On a un peu laissé filer une partie de notre savoir-faire et on en mesure aujourd'hui les conséquences".
Pas de chômage pour l'instant
Les salariés de l’usine de Sochaux passeront au chômage si un seuil de 84 heures non travaillées est atteint. Pour cela il faudrait qu’une douzaine de séances de travail "normales" soient annulées.