Stellantis, groupe automobile de Peugeot, Citroën ou encore Fiat, compte réorganiser ses 1 200 points de vente et en supprimer 20% d'ici juillet. Deux concessionnaires du Nord-Franche-Comté témoignent des avantages et des inconvénients de cette restructuration.
Voilà deux ans que Carlos Tavares y songeait, et 2023 semble l’année propice à ces changements. Le directeur général de Stellantis compte revoir son maillage de 1 200 concessionnaires en France pour optimiser sa distribution. 20% des points de vente seront fermés, d'ici juillet prochain, soit 240 distributeurs.
Stellantis, né en janvier 2021, paraît en effet composite. Huit marques dépendent de ce groupe : du côté de PSA, Peugeot, Citroën, DS et Opel. Et pour Fiat-Chrysler : Fiat, Jeep, Alfa Romeo et Maserati. Beaucoup d’enseignes donc, avec des concessionnaires autrefois concurrents, qui paraissent désormais nombreux localement. La décision de réduire le nombre de points de vente va de pair avec celle de distribuer plusieurs marques au sein d’un même concessionnaire.
Petit ou grand concessionnaire ?
Cette nouvelle ne surprend pas William Zimmermann, responsable des ventes véhicules d'occasion à Belfort. Cet employé d'une concession Fiat doit déjà s'adapter à la stratégie de Stellantis. En 2023, il vendra aussi des véhicules Opel. "C’est vraiment apporter du plus pour un vendeur de véhicules neufs qui peut se diversifier sur plusieurs produits, justifie-t-il. Un client qui rentre dans une concession Fiat aujourd’hui, il ne vient que pour acheter ces produits-là. Aujourd’hui, on va pouvoir proposer aussi bien du Opel, du Fiat, du Peugeot, toutes ces marques qui sont dans le marché Stellantis." L'occasion donc de pouvoir toucher davantage de clients. Son point de vente, plus petit peut-être que ses autres concurrents alentours, pourrait être menacé de fermeture, mais William reste confiant.
Du côté de NEDEY Automobiles, grand concessionnaire de Montbéliard, cette restructuration ne semble pas bouleverser l'organisation du point de vente. Emmanuel Maugue, Représentant syndical Force Ouvrière de NEDEY, explique : "Les gros groupes ont moins de risques parce qu’ils ont l’habitude, parce qu’ils savent où ils peuvent avoir les reins solides pour pallier cette option que le groupe veut".
Cet employé syndiqué concède cependant que cette mesure pourrait désavantager les concessionnaires de taille modeste. "Cela devient inquiétant parce que certains passeront à la trappe, donc il va y avoir des salariés qui vont perdre leur emploi ou qui seront repositionnés ailleurs", lance-t-il. Avant d'admettre qu'il y aura "un temps de transition" pour gérer cette nouveauté, surtout du côté service après-vente. "Ce n’est pas tout à fait les mêmes ventes, remarque-t-il. Mais bientôt, les voitures seront presque les mêmes, il y aura cinq voitures par marque à peu près, les mêmes pièces, les mêmes plateformes. Cela va se lisser."
Une stratégie déjà entamée en Europe
Cette réorganisation est une manière de rationaliser les ventes, donc, mais aussi de proposer "un meilleur service client", comme le justifie la direction auprès des Echos. Fin mai 2021, cette stratégie était déjà à l'oeuvre pour les concessionnaires européens de Stellantis, dont les contrats avaient été résiliés.
Si Stellantis reste le grand champion automobile français devant Renault, cette décision intervient dans un contexte de chute des ventes de véhicules neufs en France : une baisse de 8% sur l'année 2022, soit 1,529 million d'immatriculations selon AAA DATA. Le marché automobile français est au plus bas depuis près de 50 ans.