L'équipementier automobile Forvia (ex-Faurecia) a annoncé ce 27 septembre dans un entretien à l'Agence France Presse, une baisse de ses objectifs annuels dans un contexte de ralentissement des ventes de véhicules électriques. Dans le Doubs, la CGT craint pour les sites de Bavans et Allenjoie, qui subissent déjà la réduction des ventes de véhicules thermiques.
"Les départs se multiplient, on le sait, c'est juste une accélération de ce plan.” Après l’annonce de la direction du groupe Forvia, ce vendredi 27 septembre, de réduction des objectifs annuels, la CGT se dit inquiète pour l’emploi, dans un secteur déjà largement touché par la restructuration du marché automobile. Dans un entretien à l’AFP, le directeur général du groupe prévoit un chiffre d’affaires en baisse, estimé à 26,8-27,2 milliards d'euros pour 2024, pour un objectif initial de 27,5-28,5 milliards.
En février 2024, Forvia, endetté après le rachat de l’équipementier allemand Hella, avait annoncé la suppression de 10 000 postes en Europe. "Ça va concerner tous les sites”, avait alors prévenu le directeur financier de Forvia. Quelques semaines plus tard, des procédures de reclassement visaient les sites de Bavans et Étupes, dans le Doubs.
Beaucoup nous ont dit qu’on s’inquiétait pour pas grand-chose. Les faits, c’est qu’il y a des départs tous les jours.
Tarek Zarhdad, délégué syndical central CGT chez Forvia
“Ça m’avait étonné en février. Là, non, on le voit au quotidien. On n’est plus dans la négociation”, déplore Tarek Zarhdad, délégué syndical central CGT chez Forvia à Allenjoie. Dans cette usine inaugurée en octobre 2023 dans le pays de Montbéliard où est implanté aussi Stellantis, le premier anniversaire ne devrait pas être fêté avec allant, ni avec joie.
La CGT dénonce des départs de plus en plus contraints, des ruptures conventionnelles, mais aussi des licenciements : “Il y a des absences injustifiées, des petites choses qui passaient auparavant, qui ne faisaient pas de vague, aujourd’hui ça fera des proportions immenses."
Vers la fin "inéluctable" du thermique en 2035
Au 1ᵉʳ janvier 2025, la nouvelle réglementation CAFE prévoit une nouvelle réduction du seuil des émissions de dioxyde de carbone, fixant un objectif de 81 g/km, qui était jusqu’ici de 95 g/km. Conséquence, les constructeurs automobiles devront atteindre 25% de ventes de véhicules électriques
La décarbonation de l'automobile est "inéluctable", mais croire que la croissance vers l'objectif (zéro émissions) de 2035 serait linéaire était "une erreur", a déclaré le directeur de Forvia à l’AFP.
On a focalisé sur la fin du thermique, mais on n'a pas focalisé sur les paliers qui vont mener à la fin du thermique
Tarek Zarhdad, délégué syndical central CGT chez Forvia
Forvia, neuvième équipementier mondial (en chiffre d'affaires en 2023), produit notamment des sièges, des habitacles, des phares et des systèmes d'échappement.
Dans le Doubs, le site d’Allenjoie (280 salariés), qui produit des pots d'échappement, et celui de Bavans (R&D), subissent cette restructuration. “On se prend dans la face une réduction du moteur thermique qui est assez violente”, souffle Tarek Zarhdad. “Et malheureusement l’hydrogène ne décolle pas.”
Prise en étau entre l'essoufflement du marché électrique et la fin du thermique, la filière délocalise, et subit une baisse des volumes qui conduit à un seuil de non-rentabilité des sites, selon le délégué syndical CGT. "Les sites tournent à moitié, on ne travaille que pour Sochaux et Mulhouse, auparavant, on produisait des pots pour le monde entier."
Est-ce qu’on savait ? Oui, on savait. Est-ce qu’on l'a dénoncé ? Oui. Chaque site a une épée de Damoclès. Donc oui, tout le monde a peur
Tarek Zarhdad
La CGT appelle d’ores-et-déjà à une manifestation de toute la filière automobile en marge du Mondial de l’auto, à Paris, le 17 octobre prochain.