Avant les grands froids de l'hiver, les hérissons préparent leurs nids. C'est peut-être dans votre jardin qu'un spécimen élira domicile. Mais que faire pour l'accueillir au mieux, et comment l'aider ?
Alors que les feuilles colorées par l'automne tombent, les oiseaux migrateurs sont déjà nombreux à avoir fini leur voyage semestriel et les hérissons préparent l'hiver. Avant les grands froids, ces espèces sauvages accumulent les réserves qu'il leur faudra pour tenir une hibernation et aménager leur nid d'hiver. Si vous avez déjà eu la bonne surprise de découvrir qu'une de ces petites boules d'épines s'est installée dans votre jardin, voici quelques conseils pour ne pas la déranger. Et si ça n'est pas encore le cas, il est toujours temps d'aménager un espace qui pourrait leur plaire.
Car si les hérissons s'installent dans leur nid d'hiver plutôt au début de l'automne, les températures hors du commun de cette année ont un peu changé la donne : "la saison est très perturbée", confirme Gilles Benest, président de France Nature Environnement 25, "on voit encore des spécimens dehors". Si vous pensiez construire un abri pour hérisson pendant vos vacances de la Toussaint, il n'est donc pas trop tard.
Lui aménager un nid...
Ennemi juré des hannetons et des limaces, le hérisson est très apprécié des jardiniers. Découvrir qu'un spécimen se promène dans les parages de son potager est donc une excellente nouvelle. Si cet animal sauvage s'installe où il lui plaît, il est cependant possible de lui aménager un nid, en espérant que les lieux lui donneront envie d'y élire domicile.
Deux options s'offrent aux volontaires : "Le plus simple quand on a la place, commence Gilles Benest, c’est de prendre un tas de feuilles, c’est la saison, et de les mettre dans un coin". Il poursuit : "ce tas de feuilles, on le protège avec des bouts de bois, avec éventuellement un plastique et une planche par dessus". Autre alternative, une construction en brique ou en parpaings "elle doit faire 10 à 15 centimètres de haut pour qu'il ait de la place, être à même le sol et au sec, et il faut des feuilles à l'intérieur" explique le président de la FNE 25.
Mais attention, pour que son abri ne se transforme pas en piège, une règle est essentielle : "on prévoit une petite ouverture d'une dizaine de centimètres de diamètre, avec une chicane ou un très long tunnel, sinon un chat pourra entrer dedans ou glisser sa patte" avertit Gilles Benest.
... Et le laisser tranquille
"Le hérisson a une naturalité d'animal sauvage, explique Gilles Benest, et ça il faut le respecter". Le biologiste insiste: "il n'a pas besoin de nous". Le président de la FNE 25 alerte particulièrement contre certains conseils que l'on peut croiser sur internet : "il y a deux aliments qu'il ne faut pas donner au hérisson : ce sont les produits lactés et le pain, qui vont le tuer"
Le hérisson, on peut le regarder, l'observer et l'admirer. Regarder ce qu'il fait, et ne pas se mettre sous son nez.
Gilles Benest, président de la FNE 25
S'il est tentant de laisser des aliments pour nourrir et observer un hérisson qui loge près de notre domicile, c'est une fausse bonne idée. "Ce n'est pas la peine de lui donner des croquettes, explique le spécialiste, il ne faut pas lui donner des habitudes. Ça revient à en faire un animal apprivoisé."
Mieux vaut donc plutôt changer sa manière de jardiner. "Il faut gérer son jardin pour qu'il produise ce dont le hérisson a naturellement besoin". En limitant son usage des produits toxiques par exemple. "Il ne faut pas mettre d'anti-limace, il faut laisser une part sauvage dans le sol, affirme Gilles Benest, parce que c'est là que le hérisson va trouver ce qu'il aime bien." Le biologiste suggère aux propriétaires d'arbres fruitiers de laisser sur place une partie des fruits tombés au sol.
Et si le hérisson semble mal en point ?
En tant qu'animal sauvage et espèce protégée, le hérisson est couvert par une législation très rigoureuse. Les particuliers n'ont pas le droit de les garder et de les soigner eux-mêmes. Seuls les centres de soins autorisés peuvent le faire, comme le centre Athénas dans le Jura.
Gilles Benest préfère prévenir : "ce n'est pas parce que un hérisson ne bouge pas que ça ne va pas. Il est peut-être simplement vigilant sur ce qui passe autour". Il n'est pas rare que son association reçoive des coups de téléphones de particuliers qui, croyant bien faire, ont enlevé un hérisson à son environnement, et ont souvent fait plus de mal que de bien. Le président conseille donc de ne pas toucher l'animal, même si l'on pense qu'il a besoin d'aide. Mieux vaut commencer par demander leur avis à des spécialistes. Il est possible d'appeler son association au 03.81.61.36.44 et de demander les conseils de la chargée de mission hérisson, Victoire Kühn. Dans tous les cas, l'interlocuteur au téléphone saura répondre aux premières questions et évaluer la situation.
Enfin, que ce hérisson semble être en bonne forme ou non, ou même qu'il soit écrasé ou décédé, Gilles Benest incite les particuliers à signaler leur rencontre sur le site internet de son association.