C'est sans aucun doute le poisson le plus impressionnant de nos cours d'eau et il n'est pas rare de trouver des spécimens mesurant 1,50 mètres. On observe actuellement dans le Doubs une croissance inquiétante de la mortalité de l'animal. Si aucune certitude n'est avancée pour l'instant par la fédération de pêche, les premières conclusions laissent présager d'un problème viral.
Mais que se passe-t-il dans les eaux du Doubs depuis une dizaine de jours ? De nombreux pêcheurs ont signalé la présence de cadavres de silure flottant à la surface.
Pierre Stehly a fait ce constat récemment. Ce sont deux cadavres du poisson qu'il a découvert sur l'eau du côté d'Avanne-Aveney près de Besançon le 1 er avril 2022. Et pourtant, ce n'était pas un mauvais poisson d'avril. Il a d'abord cru à une prise qu'un pêcheur aurait relâché morte dans le fleuve, mais la vision d'un second poisson mort l'a surpris.
"Le premier silure que j'ai vu devait être mort depuis quelques jours car il était tout blanc et commençait à se décomposer. Il descendait le courant tout doucement et plus il y a très longtemps que je n'ai pas vu le Doubs aussi bas" nous explique Pierre.
Pierre est un ancien pêcheur et il a arrêté son loisir favori à cause du silure. Le poisson invasif est devenu trop présent à son goût. "Vous mettez la canne ici et vous attrapez un silure. Cela devient très difficile de pêcher d'autres poissons comme des sandres ou du brochet".
La dizaine de silure morts aurait été observée au niveau des communes de Baume-les-Dames, Osselle, Avanne-Aveney et dans le secteur de la Malate près de Besançon.
"European sheatfish virus" en cause ?
Laurent Sauvageot, chargé du développement au sein de la fédération de pêche du Doubs a réuni les constatations faites sur le terrain sur les silures retrouvés morts. Dans tous les cas, il s'agit de poissons mesurant entre 40 cm et 1 mètre. Il n'y a qu'un individu qui mesure 1m30. Cela laisserait entendre que les plus grands silures ne sont pas touchés. En effet, il n'est pas rare aujourd'hui de rencontrer des poissons de plus de 2 mètres.
Selon le pêcheur que nous avons rencontré, le froid printanier ou le niveau très bas du Doubs ne serait en aucun cas à l'origine du problème. De même, une pollution toucherait tous les poissons. On s'oriente donc apparemment vers un problème viral.
Pour Laurent Sauvageot, on s'orienterait vers un virus connu portant le nom d'European Sheatfish Virus (lien en anglais). Ce dernier a déjà été observé en Australie en Allemagne et en Charente.
"Il va être difficile de poser rapidement un diagnostic certain sur le problème. En effet, il va falloir attraper de nombreux spécimens et surtout, ils faut qu'ils soient vivant. Nous allons prochainement mettre en place une capture lors d'une pêche électrique" explique Laurent Sauvageot. Les analyses seront ensuite effectuées par un laboratoire de Poligny.
Pour Laurent Sauvageot, ce virus peut être aussi une forme d'autorégulation de la nature. Une trop grande présence de l'animal pourrait être en quelque sorte une forme d'explication, et ce sont alors les plus véloces qui survivent.
Une chose est néanmoins certaine, le silure est le plus grand poisson d'eau douce du continent européen. On trouve ce carnassier un peu partout, dans le Doubs comme dans la Loire.
Il est aujourd'hui considéré comme une espèce très invasive qui menace de nombreuses espèces de poissons déjà en déclin.