Yves Naudé, qui voulait se suicider, a provoqué l’explosion d’un immeuble de la rue Pierre Palliot, à Dijon, en 2016. Condamné à 15 ans de réclusion en première instance, il a fait appel. Sa responsabilité est examinée devant la cour d’assises de Chalon-sur-Saône jusqu'au 12 juin.
Yves Naudé avait-il pleinement conscience de la conséquence de ses actes ? Le 16 septembre 2016, cet homme a tenté de se suicider en ouvrant deux bouteilles de gaz, provoquant une explosion qui a blessé une quinzaine de personnes dans une rue proche de la gare de Dijon.
→ Vendredi 12 juin, au cinquième et dernier jour de son procès en appel devant les assises de Saône-et-Loire à Chalon-sur-Saône, l'avocat général a requis douze ans de réclusion criminelle, une obligation de soins, ainsi qu'un suivi socio-judiciaire de six ans après sa sortie de prison.
→ Jeudi 11 juin, lors du quatrième jour d'audience, sa personnalité était examinée pour tenter à nouveau de déterminer sa responsabilité : selon les experts, l'accusé est paranoïaque, mais conscient du danger...
Le psychiatre qui l’a examiné estime qu’il subissait une altération de son discernement. Le professionnel de santé a fini son intervention en expliquant que le suicidaire n'avait pas l’intention de blesser, mais qu'il avait conscience que cela allait blesser.
Compte-rendu d'audience : Gabriel Talon, Tiphaine Pfeiffer
Avec : Nadège, partie civile et Me Jean-Philippe Morel, avocat de la partie civile
Rappel des faits
La date du 16 septembre 2016 restera gravée à jamais dans la mémoire des habitants de l’immeuble situé au 15 de la rue Pierre-Palliot, juste à côté de la gare de Dijon.
Ce jour-là, la matinée débute à peine quand une violente explosion retentit à 9h15.
"Ça a fait comme une grosse explosion, j’ai cru que tout allait s’effondrer. Je suis complètement traumatisée, j’ai eu très, très peur", dit une jeune fille interviewée juste après l’accident. "Si on avait été dans les parties qui sont derrière, on était mort vu ce qu’il y a comme dégâts. C'est terrifiant", ajoute un voisin.
Vu les monceaux de gravats amoncelés, le bilan est presque miraculeux : une quinzaine de personnes sont blessées ou choquées. L’une d’elle sera amputée.
A l’origine de ce drame, il y a une déception amoureuse. Un habitant de l’immeuble, Yves Naudé, avait été éconduit par une voisine dont il était amoureux. Il décide alors de se suicider en ouvrant deux bouteilles de gaz.
Le rappel des faits
Le prévenu va-t-il demander pardon aux victimes ?
Le quinquagénaire avait été jugé en juin 2019 devant les assises de Côte-d'Or pour "destructions volontaires par moyens dangereux ayant entraîné des interruptions temporaires de travail". Il avait écopé de 15 ans de réclusion, soit trois ans de plus que ce qui avait été requis par le ministère public.
C'est pourquoi Yves Naudé a décidé de faire appel. Ce nouveau procès s'est ouvert devant la cour d’assises de Saône-et-Loire à Chalon-sur-Saône à 9 heures, lundi 8 juin 2020.
L'audience se déroule dans un contexte particulier, compte tenu de l'épidémie de coronavirus. Des visières et des masques sont visibles ici et là dans la salle et des barrières de plexiglas sont installées entre les jurés, ainsi qu'entre les membres de la cour.
Le premier jour du procès a débuté par le rappel des faits, suivi d'un interrogatoire du prévenu. Il a raconté son installation dans l'immeuble en 2012 et l'arrivée de la voisine en 2014. "Elle était agréable et avenante", a-t-il dit. A l'été 2015, il lui déclare sa flamme, mais elle le repousse sans ambiguïté en lui disant qu'elle l'aime "comme un père".
"J'étais amoureux comme un fou et j'insistais comme un con. Je ne me sentais plus capable de voir quelqu'un d'autre. J'avais l'impression de ne vivre que pour elle." - Yves Naudé
Pendant toute la semaine, les parties civiles viendront témoigner. Lundi 8 juin, la jeune femme dont le prévenu était amoureux est intervenue. En revanche, la femme qui a été amputée ne sera pas présente car son état physique et psychique s'est dégradé, a indiqué son avocat. Toutes les victimes attendent que Yves Naudé leur présente enfin des excuses, ce qu'il n'a jamais fait jusqu'à présent.
Les experts, eux, interviendront principalement par visioconférence.
Le verdict est attendu vendredi 12 juin dans l'après-midi.