Infirmières en Haute-Saône, elles plaquent tout après le covid pour ouvrir une épicerie bio, zéro déchet

À Mélisey, commune de Haute-Saône située à l’est de Vesoul, deux amies et anciennes infirmières ont changé de vie entamant une reconversion professionnelle. Après la crise du covid, elles se sont lancées avec succès dans une épicerie bio, vrac et zéro déchet. Portrait.

C’est l’histoire de deux copines, Christelle et Tiffany. L'une a 43 ans et est originaire de Fraisse, l'autre a 35 ans et vient de Saint-Barthélémy. Toutes deux vivent dans ces petites communes de Haute-Saône. Elles travaillaient ensemble comme infirmières, au centre hospitalier de Lure. Ces deux collègues ont dû endurer la crise sanitaire de l’année 2020. C’est à la suite de cette année inédite qu’elles ont eu un déclic. Elles ont choisi de se lancer dans un projet d'épicerie bio.

Covid et vie nouvelle

« Je ne me retrouvais plus dans mes valeurs en fait, avec le rendement et la cadence à l’hôpital. Nous avions imaginé ce projet d’épicerie, depuis janvier 2020. Le covid a beaucoup ralenti le projet, parce qu’on a été beaucoup sollicitées. Nous étions déployées en secteur spécialisé pour les patients atteints du coronavirus. On a aussi été nous-même malades, pendant la pandémie », expose Christelle. Cela fait alors 8 ans qu'elle travaille en tant qu'infirmière à Lure.

Tiffany affiche, quant à elle, 21 ans de métier au compteur. Elle travaillait à Lure depuis 2005. Dans cette crise sanitaire inédite, elle ne retrouve plus les valeurs qui l’animaient au début de sa carrière. « On essayait de faire notre maximum, mais on nous demande quand même un rendement. Il y a beaucoup de choses qu’on n’arrivait plus à assurer correctement. On n’arrivait plus forcément à faire passer l’humain en premier », déplore l’ancienne infirmière.

Les deux amies décident donc de raccrocher leurs blouses, et de donner vie à ce projet qu’elles attendaient tant. Nous sommes alors au printemps 2021. Christelle quitte l'hôpital le 31 mars, alors que Tiffany part un mois plus tard. Dès lors, le duo se fixe pour but de redonner du sens à leur quotidien. Cela passe par une épicerie bio, vrac et zéro déchet.

Le bio, le vrac et le zéro déchet ? "Ce qui nous motive, ce sont les éléments économiques, environnementaux et humains. Nous sommes toutes deux mères de famille. Ce que nous voulons, c'est sensibiliser notamment au bien manger, contrôler ce qu'on mange. On veut pouvoir savoir ce que nous mangeons. On veut aussi faire attention au gaspillage. Je vois trop de poubelles remplies à ras bord, notamment parce qu'on prend des quantités injustifiées d'aliments. D'où l'idée du vrac : ne prendre que ce qui est nécessaire, et non de grosses quantités qui finiront à la poubelle. Sans compter le fait que certaines personnes ne sont pas en capacité de manger à leur faim", se justifie Tiffany.

18 mois de démarches

Elles ouvrent finalement leur boutique, le 14 juin dernier. Pour les deux amies, c'est l'aboutissement de près d'un an et demi de démarches. C'est une récompense bien méritée, d'autant qu'elles ont dû gérer ces obstacles en même temps qu'elles travaillaient en hôpital. "On a la boutique qu'on voulait avoir. On retrouve le contact avec les gens, on prend soin d’eux autrement à travers une alimentation plus saine et un autre mode de consommation", se réjouit Christelle.

Leur persévérance et la concrétisation de leur projet font la fierté de leurs enfants. "Le soir, ma maman rentre heureuse, elle est contente d’aller au travail. Faire ça avec une collègue qui est aussi une amie c’est plus simple, car elles s’entendent entre elles", s’enthousiasme Aline, fille de Tiffany. Même sentiment pour Juliette, la fille de Christelle : "ça se voit qu’elle est plus heureuse. Ici, ça correspond plus à sa personnalité et à ses valeurs".

Le lancement de leur commerce n’a pourtant pas été facile. Leur ancien statut ne leur a pas donné droit à toutes les aides, pour ce nouveau projet de vie. Toutes deux n'ont pas eu de salaire pendant un mois et demi. Les deux amies ont toutefois surmonté cet obstacle, grâce à l’aide de leurs familles. Une semaine après l'ouverture, les deux amies jugent le bilan positif. Elles restent tout de même prudentes.

"Il y a une demande des clients. Certains reviennent même plusieurs fois, ou même avec leur famille, pour faire découvrir le concept. On a conscience de cet effet de nouveauté : il y a beaucoup de clients puisque c'est le début, peut-être qu'il y aura un peu moins de monde ensuite", explique Tiffany. Quoi qu'il en soit, Christelle et Tiffany comptent se lancer, en parallèle, dans des ateliers. Une à deux fois par mois, le duo proposerait ainsi des recettes à base d'aliments méconnus ou encore des conseils pour élaborer sa propre lessive.

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