Grève des magistrats à Besançon : "Ça rajoute de la détresse à la détresse", l'appel à l'aide des personnels de justice pour plus de moyens

Des centaines de rassemblements ont eu lieu devant les tribunaux de France ce mercredi 15 décembre pour demander plus de moyens pour la justice. Nous étions à Besançon. Réactions.

"Je m'occupe par exemple des violences conjugales. Aujourd'hui on est en train de se demander s'il n'y aura pas un nouvel homicide conjugal demain, parce qu'on n'a pas le temps de traiter les piles de dossiers qu'on a. Voilà, c'est ça la réalité de notre travail" lance Christine de Curraize, magistrate du parquet de Besançon et vice procureure.

L'enjeux est grand et les craintes nombreuses. À Besançon, comme dans de nombreuses villes de France, un rassemblement de magistrats, soutenus par les personnels de justice tels que les avocats, a eu lieu ce mercredi midi pour demander plus de moyens et alerter sur les conditions de travail dans les tribunaux. Une centaine de personnes était présente.

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Julie Fergane-Tauzy, déléguée adjointe du syndicat de la magistrature a lu devant les robes noires et rouges les motions adoptées ce jour. "Il y a une inadéquation des moyens matériels et humains du service public de la justice avec les attentes de nos concitoyens. On fait le constat unanime d'une difficulté structurelle et d'un dimensionnement problématique du ministère de la Justice par rapport aux exigences des citoyens" détaille la magistrate, au micro de Vanessa Hirson, pour France 3 Franche-Comté.

Elle donne un chiffre révélateur, en se basant sur la moyenne de ce qui se fait en Europe concernant les personnels de justice : "Si on part de la moyenne de ce qui se fait en Europe, vous auriez pour le tribunal judicaire de Besançon 57 magistrats et 125 fonctionnaires et aujourd'hui nous avons 30 magistrats et 74 fonctionnaires". Selon les concernés, les personnels de justice ne bénéficient pas d'un temps suffisant pour traiter correctement un dossier et cela porte forcément préjudice aux citoyens, dont les attentes vis à vis de la justice demeurent fortes et légitimes.

Un juge aux affaires familiales n'a que 7 minutes pour prononcer un divorce par exemple. Vous comprenez bien qu'il y a une difficulté majeure. 

Julie Fergane-Tauzy, déléguée adjointe du syndicat de la magistrature

"Cela entraîne nécessairement des situations beaucoup plus compliquées sur le plan humain, sur le plan économique. Ça rajoute de la détresse à la détresse. Et de la détresse, dans les tribunaux il y en a beaucoup" conclut-elle. Les magistrats réclament une augmentation substantielle et pérenne des moyens de la justice.

"C'est un soutien à l'institution judiciaire. On a tous envie de travailler dans des conditions dignes. Ca veut dire le temps d'écouter nos clients, le temps pour les magistrats de nous lire, le temps de réfléchir avant de juger pour rendre une décision de justice" nous a également expliqué Mickaël Le Denmat, bâtonnier de Besançon, qui rappelle qu'une décision de justice est rendue au nom du peuple et que c'est ce même peuple qui finance par l'impôt le service public de la justice.

Le suicide d'une magistrate fin août

Depuis plusieurs années, des voix s'élèvent dans les rangs des personnels de justice pour sensibiliser les pouvoirs publics au manque de moyens dont ils disposent. La sonnette d'alarme a notamment été tirée après le suicide, fin août, de Charlotte, une jeune juge de 29 ans qui officiait dans le Nord et le Pas-de-Calais. 

"A plusieurs reprises, au cours de l'année qui a précédé son décès, Charlotte a alerté ses collègues sur la souffrance que lui causait son travail. Comme beaucoup, elle a travaillé durant presque tous ses week-ends et ses vacances, mais cela n'a pas suffi" ont d'ailleurs écrit des collègues à elle dans une tribune publiée le 23 novembre dans Le Monde

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