Les orages de grêle qui ont balayé la Franche-Comté dimanche 26 juin dans la soirée ont fait de gros dégâts sur les cultures. Dans le nord de la Haute-Saône, la récolte de cerises était sur le point de démarrer.
On était à deux jours de la récolte, tout est par terre.
Bruno Tisserant, producteur de cerises
“Je n’ai jamais vu de la grêle comme cela, certains grêlons étaient gros comme des oeufs de poule” : À Fougerolles Bruno Tisserant fait partie des producteurs particulièrement touchés. Dimanche, dans la soirée, il a perdu 80% de sa récolte sur près de 300 arbres. “On est en train de récolter ce qui reste, pour nous producteur de kirsch, c’est 50% du chiffre d’affaires qui s’en va. On va essayer de racheter des fruits aux collègues pour pouvoir distiller un peu” témoigne Bruno Tisserant. Sur son domaine, l’agriculteur avait pu récolter en juin environ deux tonnes de cerises vendues en cagette. Le reste, près de 28 tonnes était destiné à la production de kirsch.
Un coup dur du ciel. Un de plus. Cet orage de grêle, intervient après le gel du printemps et une année 2021 déjà blanche en récolte de cerises pour ce producteur.
Sur le secteur de l’AOC Fougerolles, on compte 10.000 cerisiers, 76 producteurs
Tous n’ont pas été touchés à la même échelle, les vergers sont morcelés un peu partout sur une dizaine de communes. “On a 50 voire 60% de la récolte qui est à terre. Les cerises étaient parfaitement mûres, prêtes à cueillir. Elles n’ont pas tenu longtemps face à l’orage” explique Jacques Baud, président du syndicat du kirsch de Fougerolles au micro de France Bleu Besançon.
Pour les gros producteurs, c’est un énorme coup dur. La plupart ne sont pas assurés contre les aléas de la météo. Trop cher. 30 tonnes tombées au sol en quelques minutes, pour le principal producteur du secteur, l’orage a tout balayé.
Dans ce secteur rural, les cerisiers en fleurs émerveillent chaque printemps. “La cerise, c’est vu comme un folklore pour les gens, mais c’est une vraie filière économique” rappelle Alexandre Lacroix, chargé de communication à la FDSEA 70.
Dans certains vergers, on ne va même pas récolter les cerises rescapées des orages
Nicolas Fleurot, agriculteur, a fait le bilan du passage de la grêle. “J’ai une trentaine de cerisiers en production, j’allais les récolter cette fin de semaine. 50% est au sol, et le reste est abîmé, la pourriture va s'installer", explique-t-il. Cet agriculteur, dont la production de cerises n’est pas la principale activité, ne va pas ramasser les dernières cerises encore sur les arbres. Pour des raisons de coût, de machines pour secouer, de main d’œuvre. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. "Ça fait mal au cœur cette perte de récolte, mais c’est comme ça” dit-il. Cela fait 6 ans qu’il ne fait plus de récolte de cerises dans ce secteur de Haute-Saône. Gel, mouche des cerises, orages…. Il a fait le choix de plus investir financièrement et en produits sanitaires sur ses cerisiers qui ont fait la réputation du kirsch de Haute-Saône. L'avenir de la cerise dans ce secteur ? Il avoue avoir du mal à y croire.