Les projets pour l’hôpital de proximité de Luxeuil-les-Bains en Haute-Saône mécontentent le maire de Luxeuil Frédéric Burghard (LR). Selon lui, ces projets pour le site luxovien « ne sont pas à la hauteur des enjeux ». Un constat partagé par Michel Antony de la coordination nationale de défense des hôpitaux et maternités de proximité.
Rénovation de l’Ehpad de Neurey-lès-la-demie, création d’un service de médecine comportementale aigüe à Lure, restructuration de l’hôpital de Gray… Les projets s’enchaînent pour les quatre sites du Groupement hospitalier de Haute-Saône (Vesoul, Lure, Luxeuil, Gray et 13 Ehpad).
Un an après son élection au conseiller de surveillance du groupement hospitalier de Haute-Saône, le nouveau président Pierre Gorcy, également vice-président de l’agglomération de Vesoul chargé de la santé (Horizons, parti d'Edouard Philippe) a voulu faire le point sur les projets du Groupement Hospitalier de Haute-Saône.
Cette présentation, sous la forme d’une conférence de presse, a déclenché la réaction du maire de Luxeuil-les-Bains. Frédéric Burghard (LR) estime que l’hôpital de proximité de sa ville, est défavorisé par rapport aux autres sites.
Je ne vois pas pourquoi Luxeuil se ferait Hara-Kiri en se contentant d’un VLI (Véhicule Léger Infirmier) alors que Lure et Vesoul ont un SMUR
Frédéric Burghard, maire de Luxeuil-les-Bains
Même avis de la part de Michel Antony, président et fondateur de la coordination nationale de défense des hôpitaux et maternités de proximité , « Luxeuil est la ville la plus démunie au niveau santé ». L’association vient de publier sur son site une carte interactive des fermetures dans les hôpitaux en France à partir d’informations recueillies par le réseau militant depuis 2004. Pour Luxeuil, il est rappelé que le SMUR (Structures Mobiles d'Urgence et de Réanimation) a dû fermer en 2019 et les consultations non programmées ont été suspendues en 2020.
Lors de la conférence de presse du 25 avril 2022, le groupement hospitalier a justement annoncé la réouverture des consultations non programmées avec participation des médecins de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) de Luxeuil.
Un véhicule léger infirmier à la place d'un SMUR
Pierre Gorcy, le président du conseil de surveillance du groupement hospitalier, rappelle que ces décisions de fermetures sont prises en fonction de la chute de la démographie médicale inhérente à la mise en place du numérus clausus dans les années 80 et du problème d’attractivité des professions paramédicales.
Et d’annoncer la pérennisation du dispositif véhicule léger infirmier (VLI) à Luxeuil. Il s’agit d’un infirmier formé aux soins d’urgence qui peut intervenir avant l’arrivée d’un médecin si besoin. Luxeuil est le seul site du groupement hospitalier à avoir ce type de fonctionnement à la place d’un service SMUR. Ce choix ne convient ni au maire de Luxeuil ni à la coordination Défense Santé.
On se bat pour que les quatre sites aient une égalité de moyens
Michel Antony, Michel Antony est le président et fondateur de la coordination nationale de défense des hôpitaux et maternités de proximité.
Pierre Gorcy conteste ce déséquilibre : « Dans tous nos établissements, il y a des activités de pointe, il y a des services de soins adaptés aux besoins de la population » affirme-t-il.
« C’est le service à nos concitoyens qui me motive. Qu’ils aient accès aux soins sur l’ensemble du département. Le reste ne m’intéresse pas. »
Pierre Gorcy, président du conseil de surveillance du GH70
Des politiques investis dans les questions de santé
Le « reste » ce sont les réserves émises depuis l’élection de Pierre Gorcy à la présidence du conseil de surveillance, une instance qui est juste consultative. Auparavant, c’était justement le maire de Luxeuil qui occupait cette fonction. Deux hommes investis dans les questions de santé. Pierre Gorcy est aujourd’hui à la retraite et auparavant, il travaillait pour la CPAM puis l’Agence Régionale de Santé. « Une incohérence étonnante, le conseil de surveillance doit être normalement un contre-pouvoir aux décisions de l’ARS » souligne Michel Antony. Le maire de Luxeuil, Frédéric Burghard, lui, était infirmier avant de devenir un homme politique.
« J’assiste depuis plusieurs années au délitement du service hospitalier de Luxeuil. La crise attise la crise » affirme Frédéric Burghard d’où son « inquiétude et son mécontentement ».
De son côté, le groupement hospitalier de Haute-Saône, a tenu a rappelé sa volonté d’équilibrage en mentionnant la création, en septembre 2022, d’un service de soins de suite et de réadaptation à orientation oncologique de 16 lits ainsi que la création d’un hôpital de jour de médecine, gériatrie, douleur et médecine thermale. « Les hôpitaux de proximité ne sont pas des coquilles vides en Haute-Saône » insiste Pierre Grocy. Tout en admettant que les budgets des hôpitaux sont contraints.