La préfecture de Haute-Saône a annoncé ce mardi 21 novembre que l'Office Français de la Biodiversité a reçu pour la première fois la preuve qu'une femelle lynx avait eu un petit dans le département. Un signe encourageant, 10 ans après la disparition des lynx du massif vosgien.
C'est la première fois qu'un tel événement est documenté dans le département. Ce mardi 21 novembre, la préfecture de Haute-Saône et la Direction régionale de l'Environnement (DREAL) ont annoncé qu'une femelle lynx a eu un petit. "Après expertise d’images transmise à l'Office Français de la Biodiversité (OFB), celui-ci confirme la reproduction d’une femelle lynx dans le nord du département" détaille le communiqué.
"C'est une bonne nouvelle" se réjouit Gilles Moyne, directeur du Centre Athénas, centre de sauvegarde de la faune sauvage basé près de Lons-le-Saunier dans le Jura. "On sait qu'il y a déjà eu des individus qui sont passés du massif du Jura aux Vosges, en passant par la Haute-Saône" ajoute-t-il. L'année dernière, le centre spécialiste du lynx avait eu "une information de seconde main selon laquelle un individu aurait vu des jeunes lynx" dans ce secteur. Les documents envoyés à l'OFB, probablement des photographies, confirment cette présence d'individus reproducteurs actifs sur le territoire.
Après une quasi-extinction, un retour progressif dans les Vosges
Réintroduit dans les années 70, le lynx avait peu à peu disparu du massif des Vosges, victime de braconnages et d'accidents. "Au début des années 2010, raconte Gilles Moyne, suite aux alertes répétées des associations de terrain, l'OFB a acté le fait que le lynx avait disparu des Vosges". "Ce n'est que récemment, suite aux réintroductions en Allemagne, que des individus ont passé la frontière et ré-occupé le nord du massif" précise-t-il.
Un lynx venu s'installer dans le massif vosgien avait déjà été identifié comme issu du massif du Jura. Cette reproduction marque donc un espoir pour l'espèce dans les Vosges. "Le retour de cette espèce sur notre territoire est avant tout le fruit de l’action conjointe de tous les acteurs impliqués dans la protection de l’environnement" se félicite la préfecture de Haute-Saône dans son communiqué.
"Ça reste une population vraiment très, très, fragile qui ne compte que quelques individus" nuance Gilles Moyne. Le directeur du centre Athénas précise que jusqu'à présent, seules deux reproductions y ont été documentées, "mais pour l'une des deux, un des jeunes a été trouvé en difficulté, il est mort, et on n'a aucune information sur la survie de la femelle".
Une période importante pour les jeunes lynx
Le directeur du centre Athénas souligne que la période de l'automne est la plus difficile pour les jeunes lynx. Ils sont encore fragiles, avec la nuit qui tombe tôt sur les routes. Cette saison s'annonce difficile : "on a déjà 15 mortalités routières avérées sur le massif du Jura" soupire Gilles Moyne. "On va probablement finir au même niveau que l'an dernier".
Gilles Moyne appelle les Francs-Comtois à la vigilance : "il ne faut pas hésiter à signaler les jeunes qui se rapprochent des maisons, ça n'a rien de normal, il faut penser à nous prévenir". Le lynx n'est jamais un animal social avec l'homme. Si des petits se rapprochent d'habitation, il s'agit probablement de jeunes dont la mère est décédée, ou en difficulté.
Dans le massif géographique du Jura, la population de lynx boréal est estimée à une centaine d'individus.