Les faits se sont produits ce mardi 7 février vers Langres, en Haute-Marne. Le coureur Aurélien Philibert, à l'entrainement avec un ami, a été percuté par un homme au volant de sa voiture, manifestement énervé. Le cycliste, de 27 ans, n'est que légèrement blessé. Il n'avait jamais vécu une telle frayeur. Il témoigne.
La scène est digne d'un film, elle a pourtant eu lieu sur les routes de Haute-Marne, à quelques kilomètres de Langres. Le coureur de l'équipe Philippe Wagner Cycling basée en Haute-Saône, Aurélien Philibert roule avec un ami sur la route départementale D52. Il est 17h35, la nuit tombe et les deux cyclistes arrivent au carrefour avec la D266. "On allait rentrer, une voiture est arrivée derrière nous en klaxonnant fort. On a des petites lampes qui clignotent quand une voiture arrive, donc on se retourne pour voir ce qui se passe", décrit Aurélien Philibert.
Jusqu'ici, les faits sont de l'ordre du vécu par les deux cyclistes, qui ont parfois affaire à des comportements dangereux de la part de conducteurs. Mais l'histoire ne se termine pas là. "La voiture nous double, elle tire le frein à main devant nous pour nous faire arrêter." Les deux coureurs arrivent alors à éviter l'automobiliste de justesse. "On a continué notre chemin et c'est là que la voiture nous a foncé dessus", témoigne le coureur haut-marnais de 27 ans.
Quand il a tiré le frein à main, je l'ai regardé en me demandant c'était quoi son problème. Ça ne lui a pas plu.
Aurélien Philibert, coureur
"La voiture m'a tapé par l'arrière, poursuit Aurélien Philibert. J'étais coté chaussée, je suis tombé sur le bitume." Son collègue d'entraînement a quant à lui pu esquiver le chauffard en se rabattant sur le bas-côté. Mais la mésaventure digne du film Duel de Spielberg ne s'arrête pas là.
"La route appartient à tout le monde"
La voiture fait alors demi-tour et se retourne vers les coureurs selon ces derniers, "pour de nouveau nous écraser alors qu'on était par terre", craint alors Aurélien Philibert. "Je me suis mis dans le bas coté. Il s'est arrêté un peu plus loin. Une autre voiture passait, et je lui ai demandé de rester avec nous."
C'est alors, seulement, que l'automobiliste, d'une "vingtaine d'années" selon le coureur, a cessé ses dangereux assauts. Les coureurs ont eu le temps de relever la plaque d'immatriculation et ont alors immédiatement appelé les gendarmes, qui se sont rendus sur les lieux dans la foulée.
Touché au niveau du mollet par le pare-chocs de la voiture, Aurélien Philibert s'en tire avec des douleurs aux jambes, après être passé par les urgences de Langres mardi soir. "C'est dû au choc et musculaire selon le médecin", témoigne-t-il. En revanche, son vélo est très endommagé, à quelques jours de la reprise des courses : "C'était vraiment chaud. La roue arrière est explosée. Le mécano doit tout vérifier car le cadre a pris un choc."
Prendre le risque de l'écraser, c'est assez fou.
Jacques Decrion, entraîneur de l'équipe Philippe Wagner Cycling
"C'est quand même des vélos qui valent 10 000 euros", s'exclame son entraineur, Jacques Decrion, pour qui cette mésaventure est une première. "Ca ne m'est jamais arrivé, je n'ai jamais eu d'altercation avec des automobilistes, c'est vrai que ça craint de plus en plus."
Outré par cet accident qui aurait pu être mortel, Jacques Decrion rappelle une notion qui paraît évidente. "La route appartient à tout le monde, je pense que le gars ne devait pas être dans un état normal pour avoir une réaction comme ça. Prendre le risque de l'écraser, c'est assez fou."
"Les courses de haut niveau ça roule très très vite, contextualise l'ancien professionnel. Il y a une grosse prise de risque. Nous en élite, ça roule déjà fort et ils prennent déjà beaucoup de risques, on n'a pas besoin de ça."
"Il n'y a aucun rapport de force entre une voiture et un vélo"
Dans un communiqué daté du 8 février, l'équipe Philippe Wagner Cycling, basée à Breuches-lès-Luxeuil, en Haute-Saône, alerte sur la prise de conscience nécessaire des automobilistes, mais aussi des personnes témoins de ces délits de fuite. "Il n'y a aucun rapport de force entre une voiture et un vélo", conclut le président de l'équipe, Philippe Wagner. Les deux coureurs ont quant à eux porté plainte à la gendarmerie de Langres.
Selon les derniers chiffres de la sécurité routière, 244 cyclistes sont morts sur les routes de France métropolitaine en 2022, en augmentation de 30% depuis 2019.