Datée du 12ème siècle, l'église sainte Marie-Madeleine a été sélectionnée parmi 35 sites en France pour son état de conservation remarquable. Classée aux monuments historiques, elle est avec sa crypte, unique en Haute-Saône et fait la fierté de l'association qui entretient les lieux.
Il y avait comme un parfum de jouvence à Grandecourt ce jour-là. Vendredi 29 octobre, l’église sainte Marie-Madeleine s’était faite coquette pour une grande occasion. La vénérable dame, dont les premières pierres datent du 12ème siècle, a reçu le prix du patrimoine religieux de l'association Vieilles Maisons Françaises (VMF), d’une valeur de 10.000 euros.
Une crypte intacte
Sur 35 sites en lice en France, la vedette de Grandecourt, village de 50 âmes situé 20 km à l’est de Vesoul, était la seule candidate en Franche-Comté. Arrivée première ex-aequo avec un site de l'Hérault, l’église a été distinguée notamment pour son architecture romane intacte, sa charpente de châtaigner et sa crypte, la seule de Haute-Saône, peut-être même de Franche-Comté, selon VMF. Vestige d’un prieuré de l’ordre des Augustins, c’est à ce jour la seule église romane de Haute-Saône avec celle du prieuré de Marast, qui, elle, a déjà fait l'objet d'une importante restauration.
Discrète vue de l’extérieur - elle n’a pas de clocher-, l’église de Grandecourt se distingue par sa construction sur trois niveaux, du chœur à la crypte, qui s’explique par la présence de cette dernière. « C’est une chose un peu extraordinaire cette crypte », commente Elisabeth Tyvaert, déléguée départementale pour la fondation VMF. « C’est assez exceptionnel, cela frappe tout le monde. Ses piliers sont assez beaux, elle est très éclairée. Les chanoines devaient passer par là pour rejoindre leur bâtiment conventuel, détruit aujourd’hui ». Mais la représentante de VMF en convient, ce sont des suppositions : « il y a plus de questions que de réponses ». Il faudrait explorer des archives pour en comprendre l’origine et la destinée.
« Remettre à l’honneur le patrimoine religieux »
En tout état de cause, cette distinction est une jolie victoire pour l’association des Amis de l’église de Grandecourt, qui œuvre à son entretien depuis 2005 avec passion. « Ça prend des années et des années. Ce concours qu’on vient d’avoir est un honneur pour nous. Ça peut être un départ vers autre chose », se félicite Bernadette Depierre Combeau, présidente de l’association. En effet, si l’association et la mairie, propriétaire de l’édifice, ont déjà noué des liens avec quelques partenaires, l’arrivée de donateurs est toujours la bienvenue, compte tenu des coûts de restauration.
Le mécène du fonds de dotation Canopée, Paul Lefoulon, venu visiter le monument pour l’occasion, souhaite par ce prix remettre à l’honneur le patrimoine religieux. « L’idée, en soutenant des petites églises comme ça qui sont perdues, c’est de redonner le goût cultuel. »
Si on ne fait rien, ça peut très vite se dégrader.
Bernadette Depierre Combeau, présidente de l’association des Amis de l’église de Grandecourt
Restauration au long cours
Le Christ ou les statues datées des 16ème et 18ème siècles, dont deux sont classées, ont pris quelques rides avec le temps, et leur remise en état nécessite des savoir-faire précieux. « Déjà, la restauration d’une statue a un coût très élevé. Si on arrive à une statue et le Christ, on sera au bout de la somme », estime Bernadette Depierre Combeau.
Par ailleurs, l’église de Grandecourt devrait bénéficier prochainement d’un partenariat entre la commission diocésaine d’art sacré de Besançon, la DRAC et la fondation du Patrimoine, ayant pour objectif d’entreprendre une restauration intérieure et extérieure du monument. La cloche, les vitraux ou les tommettes endommagées du chœur font notamment partie des études lancées.
Une messe par an
D’ordinaire calme et feutré, l’édifice accueille des chorales mensuelles de mai à septembre et une unique messe à l’occasion de la sainte Marie-Madeleine, chaque fin de juillet. Le reste de l’année, la mairie l’ouvre tous les jours de Pâques au 11 novembre en journée.
Située non loin des rives de Saône, l’église de Grandecourt pourrait bien faire valoir elle aussi ses atouts sur cet itinéraire touristique, aux côtés de sites incontournables comme les châteaux de Ray et de Rupt-sur-Saône.