Depuis dix jours, le département de la Haute-Saône fait face à une série de cambriolages inédits. En effet, lors de chaque effraction, les seuls biens volés sont tous les mêmes : des vélos haut de gamme. Deux enquêtes sont en cours, mais les malfrats courent toujours, ce qui inquiète les forces de l'ordre. Explications.
Qui en veut aux vélos de luxe en Haute-Saône ? C'est la question que se posent en ce moment les forces de l'ordre locales.
Champagney, dans la nuit du 14 au 15 mars. Mandrevillars et Echenans-sous-Mont-Vaudois, dans celle du 16 au 17 mars. En l'espace de deux nuits, ces trois communes du département ont connu la même mésaventure.
Le domicile d'un de leurs habitants a été victime d'un cambriolage particulier, puisque les malfrats sont repartis à chaque fois avec le même butin : un ou plusieurs vélos haut de gamme (VTT, vélos de courses et de ville, électriques ou non).
Le même mode opératoire
Un phénomène qui inquiète les gendarmes. Et pour cause, depuis le début du mois de mars, 18 vélos de luxe ont été dérobés dans trois départements différents (Vosges, Haute-Saône, Haute-Marne), pour un préjudice de plus de 200.000 euros. Avec, à chaque fois, des similitudes dans le mode opératoire.
"Dans tous les cas, les délinquants opèrent de nuit et dans des zones géographiques pas si éloignées", explique le colonel Thierry Crampé, du groupement de gendarmerie de Haute-Saône. "Ils entrent par effraction dans les propriétés des particuliers, puis forcent le garage ou la cave, là où étaient entreposés les cycles. Ce qui nous amène à dire qu'il ne s'agit pas de vols par opportunisme, mais de cambriolages préparés".
Ces malfrats partent avec les vélos. Ensuite, soit ils les vendent pièce par pièce sur Internet pour éviter d'être retrouvés, soit ils les expédient entiers à l'étranger
Ludovic Gros,salarié chez Besançon Services Cycles BSC
Des actes planifiés, sans doute effectués par la même bande, attirée par l'appât du gain. "Il faut savoir qu'un vélo électrique haut de gamme se chiffre entre 5 000 et 15 000 euros", détaille Ludovic Gros, salarié chez Besançon Services Cycles BSC. "Après le vol, soit les vélos sont vendus pièce par pièce sur Internet pour éviter d'être retrouvés, soit ils sont expédiés entiers à l'étranger".
En Haute-Saône, deux enquêtes ont été ouvertes, confiées aux brigades de gendarmerie d'Héricourt et Champagney. Mais l'affaire est suivie au niveau départemental et régional, "car on ne sait toujours rien des voleurs et ils continuent à sévir" reprend le colonel Crampé. Il y a trois jours, cinq vélos de luxe ont ainsi été dérobés dans une propriété privée de Langres (Haute-Marne).
La plupart des victimes utilisent des applications de suivi de performance. Si ces interfaces sont piratées, on peut vous retrouver facilement
Colonel Thierry Crampé,du groupement de gendarmerie de Haute-Saône
De multiples zones d'ombre subsistent. La plus importante : comment les cambrioleurs ont-ils su où se trouvaient les vélos ? "Pour l'instant, nous n'avons aucune certitude", avoue l'officier de gendarmerie. "Aucun lien ne semble réunir les victimes. Mais la plupart d'entre elles utilisent une application de suivi de performance, comme Strava, qui récolte des données personnelles et la géolocalisation. Si ces interfaces sont piratées, on peut vous retrouver facilement".
"Tout se passe sur le net", ajoute Ludovic Gros. "Lorsqu'on vend un vélo haut de gamme, on dit bien au client de clôturer ses réseaux sociaux. Il faut éviter de poster des photos du vélo, et ne pas dire non plus quand on part en vacances. De vraies filatures peuvent se mettre en place".
Quant au profil des cambrioleurs, peu de doutes pour les gendarmes : il s'agit de professionnels. "En Haute-Saône, la plupart des cambriolages s'effectuent de jours, quand le propriétaire est absent", rappelle le colonel Crampé. "Faire ça de nuit, alors que les gens sont là, le tout sans erreurs, cela demande du cran et une certaine expertise.
Un Luron déjà arrêté en janvier pour le vol d'un vélo haut de gamme
Autres indices allant dans ce sens : les voleurs ont systématiquement réussi à désactiver les systèmes de géolocalisations installés sur les vélos, "ce qui montre leur connaissance". "De plus, il y a eu des nuits où se sont déroulés deux vols, dans deux villages différents. C'est très bien calculé" concluent les forces de l'ordre.
Seule piste évoquée par la gendarmerie de Haute-Saône : l'arrestation d'un habitant de Lure, le 4 janvier 2023, pour le vol d'un vélo électrique à Bâle, en Suisse. Reste à voir si ce fait divers a un lien avec les événements du moment.