La cour d’assises de Haute-Saône juge depuis ce mardi 10 septembre et pour quatre jours une jeune femme de 20 ans, Camille Anguenot, qui a donné la mort en novembre 2021 à un jeune homme de 23 ans. Le médecin légiste et les policiers sont revenus sur ce jour sordide.
Le directeur d'enquête a raconté mardi la "stupeur" des policiers en découvrant un cadavre dans un placard à balais chez Camille Anguenot, jugée par la cour d'assises de Haute-Saône pour le meurtre d'un prétendant qu'elle avait dissimulé avant de continuer sa vie normalement.
Au premier jour de son procès, la jeune femme, décrite comme "menteuse et manipulatrice", a reconnu les faits.
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"J'assume. Je reconnais"
À l'audience, la jeune femme a reconnu le meurtre de Théo Decouchant. Camille Anguenot, âgée aujourd'hui de 20 ans porte de longs cheveux bruns et raides, elle s'exprime d'une voix claire et posée, devant la cour d'assises de la Haute-Saône.
Âgée de seulement 18 ans au moment des faits en 2021, elle encourt 30 ans de réclusion pour "homicide volontaire, vol et escroquerie". Le verdict sera rendu vendredi.
Camille Anguenot avait rencontré Théo Decouchant en discothèque en novembre 2021. Le 29 novembre, elle invite ce garçon discret et attentionné de 23 ans à passer la soirée chez elle dans un petit village, entre Vesoul et Besançon.
Selon l'accusée, ils se seraient endormis dans le même lit, mais elle aurait été réveillée dans la nuit par les caresses du jeune homme qu'elle aurait repoussé et qui se serait montré insistant.
Une mort par strangulation en six minutes
Camille Anguenot a expliqué à la cour lui avoir alors porté "trois coups de poing" au visage, avant de saisir un couteau de cuisine et de le poignarder au ventre.
Ensuite, "il recule, il s'abaisse et moi, je pars dans ma chambre" chercher la ceinture d'une robe, a-t-elle poursuivi. "Quand je reviens, il est couché sur le côté. Je vais vers lui et, dans la folie du moment, je place la cordelette autour de son cou et je tire. Et voilà", a-t-elle raconté mardi.
J'ai pris appui sur son dos avec le pied pour tirer. Tout est allé très vite. Il a mis les mains au niveau du cou pour desserrer le lien.
Camille Anguenot lors de son procès
D'après le médecin légiste, Théo Decouchant est mort par strangulation en six minutes.
Dans la nuit, elle se débarrasse des affaires du jeune homme et envoie un SMS sur le portable de sa victime: "Merci pour hier soir, c'était vraiment bon. Fais attention sur la route et à bientôt".
Elle utilise les jours suivants la Peugeot et la carte bancaire du jeune homme pour mener sa vie comme si de rien n'était. Alors même qu'elle n'a pas le permis de conduire, elle rejoint notamment un nouvel amant à Bordeaux, puis un ancien à Dijon, et fait aussi changer les plaques d'immatriculation du véhicule.
À son retour en Haute-Saône, Camille Anguenot emballe le corps de Théo, qu'elle avait laissé dans sa salle de bain, et le dépose dans le placard de sa pièce à vivre.
Camille Anguenot, meurtrière présumée, "menteuse et manipulatrice"
De son côté, inquiète de ne plus avoir de nouvelles de son fils, la mère du jeune homme signale sa disparition. Camille Anguenot affirme que Théo est reparti le lendemain de leur soirée ensemble et partage sur Facebook l'avis de recherche du garçon.
Mais une semaine après, l'étau se resserre et les enquêteurs de la police judiciaire se présentent chez elle.
Un placard à balais est entrouvert:
Un collègue l'ouvre et là, stupeur, on se trouve face à une silhouette dressée à la verticale, tout enrobée de sacs poubelles, fermés avec du scotch brun. Tout le monde est abasourdi.
Le directeur d'enquête de la police
"Camille Anguenot se laisse aller par terre en criant qu'elle n'a rien fait", avant de "se reprendre rapidement" et d'avouer que "c'était elle qui avait tué Théo Decouchant et qu'elle l'avait fait après une agression sexuelle". "Malheureusement on n'aura jamais la version de la victime", relève le policier, alors que "tout au long de l'enquête, Camille Anguenot est apparue comme une menteuse et une manipulatrice".
"Son pigeon"
En garde à vue, elle a expliqué avec "un extrême détachement", selon les enquêteurs, qu'elle considérait Théo Decouchant comme son "pigeon" et qu'elle espérait en obtenir de l'argent.
"Elle avait l'habitude de se servir des garçons et d'user de ses charmes pour obtenir ce qu'elle voulait", note le policier.
La famille de Théo assiste au procès. Le père de la victime pense que "Théo était amoureux. Je pense qu'il était prêt à faire n'importe quoi pour elle. Il était généreux, il a donné. Je pense que si elle désirait de l'argent, il lui aurait donné". L'argent est il le mobile de meurtre ou une agression sexuelle ? Le procès va durer quatre jours.
Avec à l'audience Angela Schnaebele, AFP et Emmanuel Rivallain, France 3 Franche-Comté