Du 10 septembre au 13 septembre 2024, Camille Anguenot est jugée aux assises de Haute-Saône pour le meurtre de Théo Decouchant survenu en 2021 dans le département de la Haute-Saône. Une sordide affaire sur fond de relations, vol et escroquerie.
Un meurtre sordide, le cadavre emballé dans des sacs en plastique, caché dans un placard, et une jeune accusée sans aucune empathie : Camille Anguenot, 20 ans, est jugée à partir de mardi 10 septembre par les assises de Haute-Saône pour le meurtre de Théo Decouchant en 2021.
L'accusée, 18 ans seulement au moment des faits, a reconnu avec "un extrême détachement", selon les enquêteurs, avoir tué ce jeune homme de 23 ans décrit comme "timide", "attentionné" et "introverti, peu à l'aise avec les femmes", qu'elle considérait comme son "pigeon". Elle encourt 30 ans de réclusion criminelle pour "homicide volontaire, vol et escroquerie". .
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Les deux jeunes gens s'étaient rencontrés en discothèque à la mi-novembre 2021. Le 29 novembre, la jeune femme invite Théo Decouchant chez elle à Oiselay-et-Grachaux, une petite commune de Haute-Saône située entre Vesoul et Besançon. Inquiète de ne plus avoir de ses nouvelles, la mère du jeune homme signale sa disparition et sa sœur échange avec Camille Anguenot. Celle-ci affirme qu'il est reparti le lendemain "pour aller au travail". Elle partage sur Facebook l'avis de recherche du garçon.
Mais quelques jours plus tard, les enquêteurs retrouvent son corps dans l'appartement de la jeune femme. Le cadavre est dissimulé dans un placard du séjour, emballé dans de grands sacs poubelles fermés au ruban adhésif, les mains croisées dans le dos. Le village est sous le choc.
Carte bancaire, bijoux et sacs poubelles
L'accusée reconnaît immédiatement avoir tué Théo. Elle explique qu'il l'avait caressée durant la nuit et qu'elle lui a asséné un coup de poing, confrontée à son insistance."Affolée", selon sa version, elle a ensuite saisi un couteau pour le poignarder à l'abdomen, avant d'aller chercher la ceinture d'une robe dans sa chambre pour le tuer en l'étranglant.
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Par la suite, Camille Anguenot avait utilisé la carte bancaire de sa victime pendant plusieurs jours et sa voiture pour, entre autres, se rendre à un bal, puis rejoindre à Bordeaux un nouveau petit ami. Alors même qu'elle n'avait pas le permis de conduire...
Lors de la disparition signalée, les enquêteurs ont étudié la téléphonie, les comptes bancaires du jeune homme et recherché sa voiture. Le 30 novembre à 6h06, la jeune femme envoie un message à Théo Decouchant “Travaille bien, merci pour hier soir, c’était vraiment bon”. Deux heures après, elle est au volant de la voiture du jeune Bisontin, achète du carburant avec sa carte bancaire, puis des bijoux à Besançon.
Malgré le meurtre, la jeune femme continue à vivre et voyager
Le 1er décembre, elle retire 600 euros à Dole, réserve un Airbnb à Bordeaux où elle se rend sans permis de conduire pour retrouver un homme de 27 ans rencontré quelques jours plus tôt sur Snapchat. Elle remonte de Bordeaux le 3 décembre et passe la soirée chez son ex-petit ami à Dijon à qui elle demande de changer les plaques de la voiture.
Elle achète des sacs poubelles de grande capacité, du scotch. Le 4 décembre, elle va à un bal, ou une de ses amies la trouve "normale". Le 5 décembre, elle roule en Haute-Marne où elle a un accident avec la voiture. Une amie la ramène chez elle.
En garde à vue, elle a admis qu'elle considérait Théo Decouchant comme son "pigeon". Elle a aussi confié qu'elle avait l'habitude d'utiliser les garçons pour obtenir de l'argent ou se déplacer.
Aux enquêteurs, elle reconnaît qu’elle était à la recherche d’argent, mais nie la tentative de se procurer un véhicule.
"Extrême détachement"
L'avocat de la famille de la victime, Christophe Bernard, regrette que la préméditation n'ait pas été retenue. "Tout converge vers l'assassinat : elle a une envie farouche d'avoir une voiture, que plusieurs lui refusent, pour aller rejoindre un nouveau copain et elle montre une grande organisation pour cacher qu'elle a tué Théo"."La famille attend la vérité, mais je pense que nous ne l'aurons pas, car Camille Anguenot, avec sa perversité, ment à tout le monde", souligne-t-il à l'AFP.
Les enquêteurs de la police judiciaire ont été surpris par "l'extrême détachement qu'a montré cette jeune femme de tout juste 18 ans par rapport aux faits et notamment sa capacité à continuer à vivre normalement".
Deux expertises psychiatriques s'opposent dans le dossier : l'une décèle une "personnalité caractérielle" mais sans altération du discernement lors du passage à l'acte, alors que l'autre décrit des "traits psychopathiques" qui ont pu générer une "altération de son discernement".
Après trois ans de détention, "elle a mûri", relève son avocate Catherine Bresson. "Il y a eu une réelle évolution de sa part et une prise de conscience, tant sur sa propre personnalité à l'époque des faits que sur leur gravité", confie-t-elle. Le verdict de la cour d'assises est attendu vendredi 13 septembre.