Meurtre de Théo Decouchant : la jeune femme suspectée de l'avoir tué a surpris les enquêteurs par sa “capacité à vivre de façon normale” après les faits

Une jeune femme de 18 ans a été mise en examen mercredi 8 décembre pour homicide volontaire après la découverte du corps du jeune Bisontin de 23 ans, dans le placard de son appartement à Oiselay-et-Grachaux (Haute-Saône). Son profil intrigue les enquêteurs.

Qui était vraiment la jeune femme avec laquelle Théo Decouchant avait rendez-vous la nuit du 29 au 30 novembre ? Pour Etienne Manteaux, procureur de la République qui a fait le point sur l’enquête lors d’une conférence de presse ce jeudi 9 décembre, la question reste pour l’instant sans réponse. “La question centrale, désormais, va être de comprendre qui elle était, une jeune femme très claire dans ses idées, pas du tout délirante, sans antécédent judiciaire, et de comprendre la nature des relations entre elle et la victime” a expliqué Etienne Manteaux.

La disparition de Théo Decouchant est signalée le 1er décembre par sa mère. Le jeune homme qui vit à Besançon ne s’est pas présenté au travail. Il devait passer la veille la soirée à Oiselay-et-Grachaux au domicile d’une jeune femme, passionnée d’équitation et rencontrée en discothèque. C’est dans le placard du petit studio que les enquêteurs découvrent le corps le 6 décembre, emballé dans des sacs plastiques, une plaie au niveau du foie, les mains liées dans le dos.

Une agression sexuelle en pleine nuit selon la victime

La jeune femme a reconnu avoir tué le jeune homme. Elle a expliqué aux enquêteurs avoir passé la nuit du 29 au 30 novembre dans le même lit avec Théo Decouchant. Sans relations sexuelles. Vers 4 h du matin, elle aurait été réveillée par des attouchements qu’elle aurait repoussés. Le jeune homme l’aurait alors suivi dans la cuisine et menacé. La jeune femme aurait pris un couteau et porté un coup au foie, non mortel mais profond. Le jeune homme courbé au sol aurait ensuite été étranglé par un cordon de robe, puis attaché de “peur qu’il se réveille” a expliqué le procureur. Une version qui selon les proches de Théo Decouchant ne correspond pas au profil du jeune homme, très timide.

Retrait d’argent, achats de bijoux, séjour à Bordeaux

Aussitôt la disparition signalée, les enquêteurs ont étudié la téléphonie, les comptes bancaires du jeune homme et recherché sa voiture. Le 30 novembre à 6h06, la jeune femme envoie un message à Théo Decouchant “Travaille bien, merci pour hier soir, c’était vraiment bon”. Deux heures après, elle est au volant de la voiture du jeune Bisontin, achète du carburant avec sa carte bancaire, puis des bijoux à Besançon. Le 1er décembre, elle retire 600 euros à Dole, réserve un Airbnb à Bordeaux où elle se rend sans permis de conduire pour retrouver un homme de 27 ans rencontré quelques jours plus tôt sur Snapchat. Elle remonte de Bordeaux le 3 décembre et passe la soirée chez son ex-petit ami à Dijon à qui elle demande de changer les plaques de la voiture. Elle achète des sacs poubelles de grande capacité, du scotch. Le 4 décembre, elle va à un bal, ou une de ses amies la trouve "normale". Le 5 décembre, elle roule en Haute-Marne où elle a un accident avec la voiture. Une amie la ramène chez elle.

Théo, c’était “mon pigeon”

Lors de sa garde à vue, la jeune femme va employer le terme “pigeon” pour décrire Théo Decouchant. “Il apparaît clairement sur les réseaux sociaux que la suspecte était à la recherche d’une voiture pour se rendre à Bordeaux” a détaillé Etienne Manteaux. Un ami sollicité ayant refusé de l’aider, elle invite Théo Decouchant chez elle. Aux enquêteurs, elle reconnaît qu’elle était à la recherche d’argent, mais nie la tentative de se procurer un véhicule. Elle dit avoir été agressée sexuellement cette nuit-là, ce qui a entraîné ensuite le décès du jeune homme.

Le commandant David Tognelli, responsable de la police judiciaire de Besançon dit avoir été surpris tout au long de l’enquête par cette jeune femme âgée de 18 ans et deux mois seulement. “La PJ a été surprise par l'extrême détachement de la jeune femme, et sa capacité, à poursuivre de façon normale après les faits” mentionne–t-il. Les policiers ont travaillé aussi sur l'hypothèse d'un complice lors de l'enquête, surpris qu'une jeune femme si jeune ait pu tuer, seule.

Des expertises psy très attendues 

L’avocat de la jeune femme Me Catherine Bresson attend beaucoup des expertises à venir sur sa cliente. Cette dernière a tout de suite reconnu les faits, n’a pas voulu être assistée par un avocat lors de sa garde à vue. “Elle a expliqué avoir dit plusieurs fois, non, non, non cette nuit là…Elle a expliqué son geste par la peur car il ne voulait pas partir” de chez elle, indique l’avocate. Quant au fait d’avoir continuer à vivre après le meurtre, “ma cliente dit qu’elle ne voulait pas penser à ce qu’elle avait fait, elle essayé de s’occuper l’esprit… Elle évoque un réel sentiment de peur intense qui ne s’est arrêté que quand elle a été arrêtée. Peut être que les expertises psychologiques et psychiatriques nous donnerons des clés sur la façon qu’elle a eu de réagir et de fonctionne après le meurtre” espère l’avocate.

La préméditation n’a finalement pas été retenue. La jeune femme a été incarcérée à Mulhouse. Des investigations sont encore en cours pour dater le moment précis de la mort. Les enquêteurs n’ont pas retrouvé l’arme du meurtre, ni les draps du lit. La suspecte avait tout mis à la poubelle quelques heures avant la perquisition qui a conduit à son arrestation. Elle encourt une peine de 30 ans de prison.

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