VIDEO. En Haute-Saône, la bataille contre la "limitation abusive" des 80 km/h

Le président du conseil départemental de Haute-Saône voudrait appliquer des limitations de vitesse "plus adaptées au terrain" sur les axes secondaires. Il se dit prêt à en débattre avec le gouvernement pour demander une marge de maneuvre à l'échelle locale.

Et si le gouvernement rétropédalait sur les 80 km/h ? Emmanuel Macron, qui n'a jamais été un fervent défenseur de cette mesure, a émis cette hypothèse lors du lancement du grand débat national : "Est-ce qu’il faut tout arrêter ? Franchement, non. Est-ce qu’on peut faire quelque chose qui soit mieux accepté et plus intelligent ? Sans doute oui..."

En Haute-Saône, la mesure n'a jamais été franchement acceptée. Le département était l'une des zones qui a servi de test avant l'application officielle de la mesure. Territoire enclavé, beaucoup estiment que cet abaissement de la vitesse maximale sur les axes secondaires contribue à les isoler encore plus. Avec la hausse du prix des carburants, cette mesure a été l'un des déclencheurs du mouvement des "gilets jaunes".
 


Le Premier ministre, à l'origine de la mesure, a jugé "légitime d'en discuter" dans le cadre du grand débat... mais selon lui, il serait "fou d’abaisser le niveau d’ambition". L’Etat pourrait tout de même la détricoter en partie, laissant à chaque département le soin de fixer ses propres limitations de vitesse.

Du côté des élus territoriaux, on approuve cette piste. "Nous ne sommes pas pour maintenir la vitesse maximale de 90 km/h partout, il faut trancher dans le respect de la sécurité routière, assure Yves Krattinger, président du Conseil départemental. Mais quand on applique une limitation abusive, les gens ne la respectent pas."
 
>> Frédéric Buridant et Eric Debief

 

Le Département prêt à en assumer les frais


Depuis la mise en place des 80 km/h, le président du Département milite pour classer les routes secondaires en trois catégories : celles où on abaisserait la vitesse à 70 km/h (ce qui concernerait 1 500 km de routes en Haute-Saône), celles où elle serait maintenue à 80 km/h (1 426 km de routes) et enfin celles où elle serait (ré)augmentée à 90 km/h (711 km de routes).

Yves Krattinger a également demandé au gouvernement de bien vouloir débattre avec les collectivités locales. Et si jamais la décision finale leur revenait, il se dit prêt à financer les frais relatifs aux changements des panneaux. "C'est un problème qu'on peut résoudre et on est volontaires pour le faire", assure-t-il.
 
En Haute-Saône, les quatre voies où ont été observés les plus grands nombres de tués (représentant seulement 8% de la longueur totale des routes secondaires) concentrent 52% des tués, selon une étude menée entre 2006 et 2015.

Et Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, s'oppose fermement à la remise en cause des 80 km/h : "Il s'agit quand même d'un dossier majeur de santé publique qui intéresse directement la vie des Français, affirme-t-elle. Pour nous, il n'est pas question de débat, il est simplement question de mener à terme cette expérimentation jusqu'au bout des deux ans."

L'année 2018 a été la moins meurtrière de l'histoire sur les routes de métropole. L'an dernier, 3 259 personnes ont trouvé la mort en métropole, soit neuf de moins que le précédent record qui datait de 2013, alors que les 80 km/h sont entrés en vigueur en juillet.

 
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