"On a fait ça par appât du gain" : deux pompiers pyromanes condamnés en Haute-Saône

Ce jeudi 7 septembre, le tribunal judiciaire de Vesoul (Haute-Saône) jugeait deux hommes, pompiers volontaires au moment des faits, accusés d'avoir volontairement mis le feu à des hangars agricoles entre août 2020 et avril 2021. Ils ont été condamnés à trois et quatre ans de prison avec sursis.

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Ils avaient 19 et 20 ans au moment des faits. Leur arrestation, dans la caserne des pompiers de Vesoul (Haute-Saône), a eu l'effet d'une déflagration parmi les soldats du feu. Ce jeudi 7 septembre, le tribunal judiciaire de Vesoul jugeait ces deux jeunes hommes, ex-pompiers volontaires, accusés d'avoir mis le feu à 18 hangars agricoles, entre août 2020 et avril 2021. Ils ont été condamnés à trois et quatre ans de prison avec sursis probatoire. Un second jugement devra déterminer les dommages et intérêts qu'ils devront rembourser.

L'enquête des forces de l'ordre à la suite de ces incendies à répétition les avaient menées à placer sous surveillance l'un des hommes, début avril 2021. Une surveillance qui leur avait permis d'observer le dernier des méfaits des deux complices, le 2 avril 2021 à Charmoille, près de Vesoul (voir notre photo en tête d'article). Le lendemain, ils avaient été arrêtés, de l'essence et des briquets étaient retrouvés dans leur coffre. 

"24€ pour un feu de deux à trois heures"

La question des motivations des deux accusés a occupé une grande partie des débats. 

"On a fait ça par appât du gain", a déclaré devant le tribunal le plus âgé des deux prévenus. Selon l'avocate de l'une des parties civiles, Maître Caroline Lavallée, les rémunérations supplémentaires perçues pour leur intervention dans l'extinction des feux qu'ils avaient allumés ne représentaient pourtant que "24 euros pour un feu de deux à trois heures".

L'un des deux prévenus, le plus âgé, avait par ailleurs déclaré en garde à vue "le feu, ça m'a toujours attiré, je trouve ça beau". 

Les deux prévenus ont également été interrogés sur le danger auquel ils exposaient notamment leurs collègues. "Sur le moment des faits, on n'y pensait pas", a répondu le plus âgé, qui était à l'époque engagé dans une formation d'infirmier. "On ne pensait pas au danger niveau pompier, le risque pour les victimes, on n'y pense pas". Le jeune homme a arrêté ce cursus d'infirmier et s'est reconverti dans l'artisanat. 

Plus d'un million d'euros de dégâts

Autre point important des débats : la relation des deux hommes. Le premier avait été mis en examen pour dégradation ou destruction de bien d'autrui par un moyen dangereux pour autrui dans les 13 incendies qu'ils sont accusés d'avoir provoqué. Le second avait été mis en examen pour le même chef d'accusation sur certains des événements, mais pour "complicité" sur une partie des autres incendies. 

Quand je rentrais chez moi le soir, je n'étais pas bien du tout", a déclaré le plus jeune des deux hommes au tribunal. "Je me sentais redevable, car il me rendait service" s'est-il défendu. "Je tiens à m'excuser auprès des victimes, pour leur travail, auprès de toutes les personnes que j'ai pu décevoir, mon entourage, les gendarmes, les pompiers" a-t-il déclaré au tribunal. 

Les deux prévenus ont passé dix jours en détention provisoire au moment de leur arrestation. Les expertises psychiatriques n'ont pas révélé de pathologie mentale, mais selon l'expert, le comportement du plus âgé des accusés relevait de la perversion à la commission d'un acte déplacé avec excitation, celle du second une névrose avec effet anxieux et une influençabilité sans pour autant être vulnérable.

Le procureur de la République a requis trois ans et deux ans de prison avec sursis pour les deux ex-pompiers volontaires, ainsi que l'indemnisation des parties civiles. Selon leurs avocats, il y en aurait pour plus d'un million d'euros de dégâts.

Les deux hommes ont finalement été condamnés à quatre et trois ans de prison avec sursis probatoire pendant une période de deux ans et demi, assortie d'une obligation de soins. Une nouvelle audience, le 26 octobre, se penchera sur la question des dommages et intérêts qu'ils devront verser aux parties civiles.

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