“Vous avez été chanceux de n’avoir tué personne” : quatre ans de prison pour l’homme qui a tiré avec une arme de guerre à Héricourt

Il avait semé la terreur dans les rues d’Héricourt le 25 mai en tirant en l’air avec une kalachnikov. L’auteur des faits a été condamné à quatre ans de prison ferme. Mais même à l’issue de ce procès, l’arme reste introuvable.

C’est un homme qui ne semble pas particulièrement tendu qui entre dans le box des accusés ce jeudi 25 juillet au tribunal judiciaire de Vesoul. Pourtant, ce sont des faits extrêmement graves qui lui sont reprochés et cette affaire aurait pu avoir des conséquences dramatiques.  

Le 25 mai dernier, en début d’après-midi, un vent de panique se lève dans les rues d’Héricourt en Haute-Saône. Plusieurs coups de feu sont entendus et les passants croisent un homme avec une arme de guerre, plus précisément une kalachnikov à la main. L'homme est très énervé et semble chercher quelqu’un, il tire en l’air, 23 fois au total et s’enfuit. Une intervention policière est menée et il est interpellé à son domicile. 

Une histoire qui a particulièrement marqué les habitants de la ville, qui ont bien sûr pensé à une attaque terroriste. Plusieurs personnes ont dû se confiner. Une kermesse était organisée dans une école, le corps enseignant s’est, lui aussi, vivement inquiété. 

Pourquoi ce déferlement de violence ? 

Après avoir reconnu les faits, Martin* comparaissait devant la justice pour des faits de port prohibé d’arme de guerre, violence avec usage ou menace d’une arme et détention d’arme sans déclaration. Les faits étant avérés, tout l’intérêt de ce procès était de comprendre les motivations de ce trentenaire. Comment et pourquoi a-t-il décidé de tirer avec une arme de guerre dans cette petite ville ? Le prévenu apporte une réponse lors de son procès. Il raconte avoir voulu faire peur à une personne avec qui il entretenait des relations tendues depuis 2019. Il l’aurait d’ailleurs menacée dans la matinée, avant de récupérer cette fameuse arme de guerre. 

Devant la cour, Martin affirme : “On m’a raconté qu’il voulait me taper, c’était la phrase de trop, j’ai vrillé”. Un acte qui a été commis sous l’emprise de l’alcool, comme en témoigne son alcoolémie évaluée lors du début de sa garde à vue.

Une justification qui ne manque pas de mettre la juge en colère. Elle essaye alors de lui faire prendre conscience de la portée de ses actes en déclarant : “Ce jour-là, vous avez été chanceux de n’avoir tué personne, chanceux de n’avoir blessé personne et chanceux de ne pas avoir été blessé vous-même”. Une diatribe à laquelle le prévenu n’apporte qu’une seule réponse : “Je sais”. 

Une question demeure : où est passée l’arme ? 

Après un procès tendu, une interrogation demeure encore et toujours : où est la kalachnikov utilisée par Martin ? Après plusieurs mois d’enquête, elle n’a toujours pas été retrouvée. Le prévenu affirme l’avoir jetée au-dessus d’un mur alors qu’il rentrait chez lui avant d’être arrêté.

Une version fortement remise en cause par la juge, qui tente par tous les moyens de faire admettre au jeune homme qu’il aurait été en contact avec quelqu’un qui aurait récupéré l’arme. Mais Martin n’en démord pas et ne souhaite pas non plus dire à qui appartient la kalachnikov. “Non, je ne peux pas dire son nom”, puis la juge demande : “Vous avez peur de lui” ; “Oui, c’est quelqu’un qui a de l’influence” répond le prévenu. Là encore, il n’ira pas plus loin et la cour n’aura pas plus de réponses à ses questions. 

Face à ce manque de coopération et la gravité des faits qui lui sont reprochés, la procureure de la République requiert quatre ans de prison ferme. Une peine importante qui s’explique notamment par le casier judiciaire bien rempli du prévenu, qui avait d’ailleurs été placé en sursis probatoire pour une autre condamnation seulement quelques jours avant les faits. 

Après quelques minutes de délibéré, le jugement tombe et s’accorde avec les réquisitions du procureur : Martin est condamné à quatre ans de prison ferme, l’interdiction de détenir ou porter une arme pendant dix ans, et le retrait de son permis de chasse. Dans un tribunal vide, les derniers mots du prévenu sont des excuses auprès des habitants d’Héricourt. Un procès qui n’aura pas permis de faire la lumière sur tous les éléments d’une affaire qui risque de marquer durablement cette petite ville de Haute-Saône.  

*Le prénom a été modifié.

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