Histoires 14-18 : Jean Lépine, le psychiatre des sans blessures apparentes

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« Sans blessures apparentes », c’est ainsi que le docteur Jean Lépine, Chef du centre de psychiatrie de la 14ème région militaire et de l’Asile de Bron qualifie les soldats victimes de ce qu’on appelle aujourd’hui le stress post-traumatique »… des hommes rendus fous par la guerre.


En 1917, le Docteur Jean Lépine publie « Troubles mentaux de guerre », « sorte de guide pour les médecins », que les études n’ont  pas spécialisés en neuro-psychiatrie. Cela les aidera de la ligne de feu jusqu’à l’intérieur du pays.  Jean Lépine ne liste pas de pathologies, mais les phénomènes mentaux observés sur 6 000 cas depuis 1914. Les chapitres décrivent des groupes de patients qui souffrent de « confusion mentale hallucinatoire», « de narcolepsie », « d’amnésie », « de persécution » ou encore « d’état dépressif », etc. Et fournit quelques pistes de traitements chimiques, alimentaires, ou de balnéothérapie…

Source archives : - Pathé Gaumont - Archives départementales du Rhône - Thèse Marie Derrien - Bibliothèque de l’Académie Nationale de Médecine - BDIC Fonds Valois ©France 3

Jean Lépine minimise l’hérédité, encore très en vogue à l’époque : « Le monde ne se divise pas en sains d’esprits et en aliénés …écrit-il. Plus nous allons dans cette guerre, plus la prédisposition perd de sa valeur…Les circonstances occasionnelles sont LE véritable facteur du trouble mental. » Ces circonstances peuvent être une commotion ou une contusion, très fréquentes chez les fantassins… un choc émotionnel. L’omniprésence du danger, l’impossibilité de dormir, le bruit des bombes, les gaz, les rats, la maladie, sont autant de facteurs. Aggravés dans deux tiers des cas par l’excès d’alcool, insiste le psychiatre. Les conflits avec la hiérarchie, l’injustice des permissions, le poids des défaites, l’abstinence sexuelle, ose Jean Lépine sont aussi des causes.


Mais pour autant, le grand professeur doit maîtriser son discours. Il n’a pas vraiment d’autre théorie que l’hérédité à proposer pour expliquer qu’à circonstances égales, certains flanchent et d’autres pas. Il ne peut affirmer publiquement « que la guerre, à elle seule, rend fou ». Un tel discours serait du « défaitisme ». Au risque de se contredire, il conclut donc patriotiquement son ouvrage « La France, que les gens d’outre-Rhin affectaient de croire dégénérée (…) a maîtrisé ses nerfs. » écrit-il « Son système nerveux ne porte que les marques naturelles de la lutte. Il n’y a eu dans l’enfer de Verdun, ni dans les autres, d’épidémie mentale quelconques, ni par la crainte, ni par l’horreur. »





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