Chaque année, ils sont près de 400 nageurs venus du monde entier à tenter la traversée de la Manche à la nage. Le bourguignon Arnaud Chassery s’attaque à un nouveau défi : effectuer le fameux 2 Way, un aller-retour à la nage entre l'Angleterre et la France.
Un 2 Way, qu'est-ce que c'est ?
Un 2 Way c’est un aller-retour entre l’Angleterre et la France sans interruption.
En 1996, les autorités françaises décident qu’il n’est plus possible de traverser la Manche à la nage en partant de la France à cause du trafic maritime important (jusqu’à 700 bateaux par jour). Le départ s’effectue donc à Samphire Hoe.
Le nageur doit arriver sur la côte française à pieds secs par ses propres moyens. Après avoir levé les bras, il repart vers l’Angleterre dans les mêmes conditions.
Un maillot de bain, une paire de lunettes et un bonnet sont les seuls équipements autorisés.
A ce jour, seule une trentaine de personnes ont réussi cet exploit.
Arnaud Chassery
Né à Joigny, il est très attaché à la Bourgogne.
Mon histoire, celle de la traversée, a commencé grâce aux gens de l’Yonne.
Le bourguignon Arnaud Chassery n’en est pas à son premier exploit sportif, il a déjà rallié les cinq continents à la nage.
La Manche et ses dangers, Arnaud les connait bien, il l’a vaincue une première fois en 2008 en solitaire en 16 heures et 30 minutes, un parcours de 64 kilomètres.
Pour cette première traversée, il ne souhaitait aucun partenaire, sponsor ni média. Au moment de partir en Angleterre, un article sur son défi parait dans le journal local. Cet article fait grand bruit et de nombreuses personnes lui envoient des dons pour le soutenir dans sa démarche.
Cette générosité des gens de l’Yonne, je ne l’oublierai jamais !
En 2010 il coache et accompagne dans sa traversée Philippe Croizon, l’athlète sportif amputé des quatre membres.
Plus récemment, en 2018, Arnaud a participé de nouveau à la traversée avec trois coéquipiers, c’est lui qui terminera le relais français sur la plage de Wissant dans le Pas-de-Calais
Sa grand-mère est native de Wissant dans le Pas-de-Calais, juste en face des côtes anglaises. C’est à cet endroit qu’Arnaud passe toutes ses vacances d’été depuis son plus jeune âge, son terrain de jeu depuis plus de 30 ans. Il fait ses premières brasses dans le détroit à l’âge de 9 ans avec son père Patrice qui l’entraîne à revenir à la nage sur la plage à 300 mètres, 500 mètres, puis 1 mile nautique (1 852 mètres).
Le challenge du 2 Way
Pour Arnaud Chassery, traverser la Manche c’est d’abord d’accomplir un rêve de gosse et une promesse faite à un cousin disparu avec lequel il mimait déjà l'exploit.
Un des plus gros challenge pour cette nouvelle traversée, c’est sa durée. Obligé d’enchaîner le retour après l’aller, Arnaud doit rester sans dormir dans une eau entre 11°C et 14°C. Pendant ses entraînements quotidiens, sa température corporelle baisse jusqu’à se maintenir à 35°C.
C’est toujours avec son père qu’il repère les dangers de la traversée, notamment au niveau du prolongement du cap Gris-Nez où les eaux de la Manche s’engouffrent dans le détroit.A cet endroit se forment des creux jusqu’à 1 mètre. C’est ce passage qu’il doit "passer à fond" sinon il sera emporté par les courants vers le nord. Après déjà 10 heures voire 12 heures de nage, c’est le moment pour les nageurs de puiser dans leurs ressources.
Avec les entraînements de ces dernières semaines je sais que j’ai la capacité de le faire… au-delà de 20 heures, 35 heures... c’est forcément une inconnue, je prends vraiment conscience de la difficulté de cette épreuve.
Le grand jour
A Douvres, les nageurs attendent le feu vert d’une météo favorable pour le grand départ.
Les pilotes qui accompagnent les nageurs sont des pêcheurs locaux qui suspendent leur activité durant la période où les nageurs tentent l’aventure. Ils sont au nombre de 15 répartis sur 2 associations officielles qui valident la traversée. Ce sont eux qui donnent le cap aux nageurs.
Pour un aller-retour, il est nécessaire d’avoir une importante fenêtre météo favorable.
Et l’attente peut être longue avant d’avoir cette fenêtre propice au départ.
Le plus difficile pour Arnaud à ce moment-là, c’est de garder sa concentration jusqu’au départ de la traversée. Heureusement il est entouré de toute sa famille.
Le jour du départ, à la sortie du port pour rejoindre la plage de Samphire Hoe d’où il doit s’élancer, Arnaud voit une grosse houle et une mer démontée.
Pourquoi le pilote veut me faire partir aujourd’hui alors que les jours précédents la mer était d’huile ?
Pour un aller simple, c’est le genre de mer que l’on peut affronter, mais pour un aller-retour, nager 25 à 30 heures dans ces conditions, c’est compliqué.
Malgré ses réticences, il s’élance enfin pour cette double tentative de traversée de la Manche avec pour objectif d’atteindre les côtes du cap Gris-Nez en moins de 15 heures. Ce délai passé, les courants le déporteraient de sa trajectoire et il serait difficile pour lui de revenir.
Sur le bateau, le ravitaillement se fait toutes les 30 minutes. Eleanor Gourgoulhon, coach en nutrition, a préparé un protocole alimentaire en amont qui est embarqué sur le navire.
Dans l'eau, à cause de la forte houle, Arnaud dérive et repart en arrière à chaque ravitaillement. Il doit également faire attention de ne pas toucher la coque du bateau sous peine d’être disqualifié.
Malgré tout, il ressent comme un état de grâce, une forme de plénitude. Quand on produit ce genre d’effort, l’organisme secrète tout un tas d’hormones comme la cortisone, les endorphines qui procurent cet état de sérénité.
Je suis à l’écoute de mon corps, de ce qui se passe autour de moi : il y a des méduses, des bancs de poissons… faut pas croire que c’est que de la souffrance.
A bord, c’est l’hécatombe ! La plupart de ses coéquipiers ont le mal de mer dû à la forte houle. Arnaud s’inquiète pour eux quand il voit le bateau se soulever au gré des vagues...
Arnaud arrivera-t-il au bout de son défi dans ces conditions exécrables ? Découvrez cette incroyable aventure dans ce documentaire "2 Way, Don Quichotte de la Manche" !
2 Way, Don Quichotte de la Manche, un film de Gérard Maximin
Coproduction France 3 Bourgogne-Franche-Comté et Corto & Eclectic
Diffusion jeudi 17 mars à 23h15 et lundi 21 mars à 9h50
A revoir sur la page des documentaires