À Saint-Claude dans le Haut-Jura, la liquidation de la fonderie a privé d’emplois près de 280 salariés. Une centaine d’entre eux se battent depuis des mois pour monter une SCOP. Mais sans engagement du constructeur Renault, la colère monte.
De vieux robots gisent dans une benne. Mardi 23 octobre, une dizaine de salariés ont mis le feu à ce matériel. Un geste symbolique pour attirer une nouvelle fois l’attention sur leur sort.
Plus le temps passe, plus on a de la colère, il faut qu’elle s’extériorise.
Koray Sukran, ancien salarié MBF
Stellantis et Renault, un espoir qui s'éloigne ?
Stellantis s’est engagé à soutenir la Scop (société coopérative et participative) en fournissant 30% des commandes antérieures. Insuffisant selon les salariés pour rendre pérenne une éventuelle Scop. Le constructeur Renault a également été sollicité. “Les derniers échanges qu’on a eus avec eux, on leur a demandé un calendrier pour se rencontrer, depuis on n’a plus de nouvelles” détaille Koray Sukran, ancien délégué Sud. Renault n’a pas donné de nouvelles depuis deux semaines.
“On attend que Renault nous contacte, nous disent qu’ils viennent visiter l’usine tel jour. Soit ils nous disent qu’ils nous suivent sur le projet de Scop, soit ils ne nous suivent pas, et on sait où on en est” explique Dalila, une ancienne salariée.
La lente agonie de la fonderie du Jura
MBF fabriquait des pièces pour l’industrie automobile, essentiellement des carters pour moteurs hybrides pour les groupes Renault et Stellantis. L’usine a vu petit à petit les commandes se réduire. Au profit d'autres usines en Espagne notamment. Peut-elle redémarrer son activité ? C’est l’espoir qui anime depuis des mois les anciens salariés alors que la fonderie est à l’arrêt depuis novembre 2020. Placée en redressement judiciaire, l’usine a été placée en liquidation judiciaire en juin 2021 par le tribunal de commerce de Dijon.
48 heures après la liquidation de la fonderie, le parquet de Lons-le-Saunier dans le Jura, avait annoncé l’ouverture d’une enquête ouverte pour "abus de biens sociaux", en raison "de mouvements de fonds suspects". En avril 2021, le quotidien Le Progrès avait révélé que 8 millions d'euros de MBF étaient partis vers une holding britannique appartenant à l'actionnaire italien Gianpiero Colla.
Palettes, machines incendiés, mais un outil de travail préservé
Lundi 4 octobre, la colère avait déjà pris la forme des flammes. Des palettes avaient été incendiées devant le site de la fonderie à l’arrêt depuis novembre 2020. 26 anciens salariés réclamaient de quoi vivre. Ces 26 anciens salariés protégés sont restés trois mois sans percevoir ce qui leur était dû. Un mois n’est toujours pas payé. “Personne ne s’est inquiété de notre sort, on en a marre, on demande quoi ? Juste reprendre notre travail” déplore Dalila.
Une table ronde demandée avec les constructeurs
Les anciens MBF expliquent avoir préservé les machines, l'intérieur de l’usine. Ils veillent au gardiennage de l’outil de production. Ils demandent la mise en place d’une table ronde avec le Préfet, la Région et les constructeurs. “Quand c'étaient les élections, tout le monde était ici. Il n’y a plus personne aujourd’hui, ils nous ont abandonnés, on ne voit pas l'administrateur judiciaire, on ne voit plus personne, la Région, ils nous ont tous abandonnés" déplore l’ancienne salariée. “On ne peut pas attendre les prochaines élections, il faut que les choses bougent maintenant” estime Koray Sukran.