Dans le Haut-Jura, à Saint-Claude, la fonderie MBF Aluminium a été placée en liquidation judiciaire le 22 juin en l’absence de repreneurs. Les ex-représentants du personnel et délégués syndicaux s'impatientent. Leur solde de tout compte n’est toujours pas versé.
Lundi 4 octobre, la colère a pris la forme des flammes. Des palettes ont été incendiées devant le site de la fonderie à l’arrêt depuis novembre 2020. 26 anciens salariés réclament de quoi vivre, même s’ils sont conscients que leur procédure de licenciement prend forcément plus de temps, puisqu’ils sont protégés du fait de leur mandat.
“Depuis le 12 juillet, on n’a plus rien perçu" explique Koray Sukran, ex-délégué Sud. “Les banques commencent à s’impatienter. Tout le monde se rejette la balle, on nous dit toujours, c’est pour la semaine prochaine. Et rien ne vient. En attendant on se débrouille avec les aides de la famille. Mais au bout de trois mois, on ne peut plus vivre comme cela” dit-il.
Les ex-MBF en attente de leur dû envisagent de mener d’autres actions si l’argent ne leur est pas versé rapidement. Les ex-élus dénoncent aussi, selon eux, des erreurs de calcul dans les indemnités des salariés licenciés.
Le projet de SCOP, Société coopérative et participative toujours sur les rails
MBF fabriquait des pièces pour l’industrie automobile, essentiellement des carters pour moteurs hybrides pour les groupes Renault et Stellantis. L’usine du Haut-Jura employait 280 personnes, elle a vu petit à petit les commandes se réduire. Au profit d'autres usines en Espagne notamment.
48 heures après la liquidation de la fonderie, le parquet de Lons-le-Saunier dans le Jura, a annoncé l’ouverture d’une enquête ouverte pour "abus de biens sociaux", en raison "de mouvements de fonds suspects". En avril 2021, le quotidien Le Progrès avait révélé que 8 millions d'euros de MBF étaient partis vers une holding britannique appartenant à l'actionnaire italien Gianpiero Colla. Ces transferts d'argent étaient-ils justifiés ? L'enquête le dira.
Si l’Etat et la Région tiennent leurs promesses, on peut sauver des emplois dans ce bassin du Haut-Jura déjà sinistré
Koray Sukran, ex élu SUD de la fonderie MBF
Une centaine de salariés espèrent encore voir les machines repartir après les longs mois de lutte qu’ils ont mené partout en France. “Le projet de Scop est finalisé, on va soumettre cela aux clients Renault et Stellantis et leur demander un engagement formel sur les commandes” résume Koray Sukran. L’ancien syndicaliste aujourd’hui licencié espère que les constructeurs accepteront de s’engager avec la Scop. “C’est le seul espoir qu’il nous reste. Il n’y pas de raisons que ça ne marche pas, on livrait en temps et en heure. On a le savoir-faire", assure-t-il. Koray Sukran espère voir un redémarrage de l'activité avec 100 à 120 personnes, avec le soutien de l’Etat et la Région. “La région, quant à elle, nous a indiqué qu’elle entrerait au capital à hauteur d’un tiers. C’est ce qui a été promis par Marie-Guite Dufay, la présidente PS, pendant la campagne électorale » détaillait mi-septembre Nail Yalcin, de la CGT. L'échéance de la présidentielle en 2022, va-t-elle changer la donne et relancer la fonderie du Jura ? Le projet de Scop passera inéluctablement par une recherche d’autres marchés, autres que les pièces automobiles.
Jeudi 14 octobre, les anciens salariés de MBF ont rendez-vous au tribunal de commerce de Dijon. Ils ont contesté la liquidation de l’entreprise. Le tribunal rendra sa décision.