Jura : un parasite jamais observé en France infeste des perches

Une trentaine de perches infestées par un parasite qui n’avait pas encore été observé en France ont été prélevées dans le canal qui longe le Doubs à Orchamps par la fédération de pêche du Jura fin décembre.

Les poissons ont des kystes qui abritent un parasite au stade larvaire nommé Clinostomum complanatum. En France, il vient d’être observé sur des perches fluviatiles, prélevées en décembre dernier dans le canal Rhin Rhône à Orchamps. La fédération de pêche du Doubs s’est rendue à cet endroit précis car en décembre 2019, des pêcheurs avaient déjà remarqué cette infection sur des perches. Autre foyer d’infestation identifié, un étang à Noironte dans le Doubs. C’est à 25 kilomètres d’Orchamps à vol d’oiseau.

 

Ce parasite a déjà été remarqué en Italie et en Allemagne dans la vallée du Danube. C'st d'ailleurs à Berlin qu'il a été identifié pour la première fois au début du XXe siècle. Jusqu'en 2019, on pensait qu'il s'agissait du même parasite que celui qui existe en Asie et en Afrique mais, "à la suite d'une étude moléculaire, précise Isabel Blasco-Costa, Chargée de recherche au Muséum d'Histoire Naturelle de Genève, on a constaté qu'il s'agissait d'un autre parasite".

Si la fédération de pêche du Jura, le Laboratoire d’analyses du Jura, le muséum et l’Université de Genève ont publié un avertissement, c’est parce que ce parasite peut perturber la santé de l’homme.

C'est trés rare, mais des personnes qui ont mangé de la perche crue sous forme de Sushis ou Ceviche ont pu être victime de ce parasite qui se loge dans la gorge. Pour s'en débarasser, il faut une opération chirurgicale. D'où la necessité de bien cuire les perches avant de les manger. D'autant plus que le parasite n'est pas toujours visible à l'oeil nu.

Comme tout parasite, le Clinostomum complanatum doit trouver des hébergements dans d'autres animaux pour se loger tout au long de sa vie. C’est un cycle parfaitement organisé. Prenez un oiseau mangeur de poisson, c’est l’hôte définitif du parasite, là où le parasite va se reproduire et mourir. Un héron ou un canard par exemple. Le parasite a besoin de trois organismes pour vivre toutes les étapes de son développement.

LA PERCHE, UN HÔTE INTERMEDIAIRE

Les perches sont l’unes de ces hébergeurs, entre les oiseaux et de petits escargots qui vivent dans les cours d’eau ou les étangs. Les larves qui se sont développés grâce aux mollusques aquatiques vont se nicher sous la peau des perches. La perche est un intermédiaire. Elle est ensuite manger par des oiseaux. Là, le parasite s'installe dans la gorge des oiseaux, il se reproduit puis meurt. Les poissons régurgitent et du coup les oeufs cherchent les petits escargots pour se transformer en larve. La boucle est bouclée. 

 Et si les pêcheurs ont envie de manger de la perche crue soit sous forme de sushi ou de ceviche, ils peuvent se retrouver avec un « syndrome inflammatoire de la gorge » si la perche a été infestée par le parasite…. D’où l’avertissement publié par la fédération de pêche du Jura et ses partenaires. 

Comment est-il arrivé en France ? A la suite de la publication de la fédération sur facebook, un pêcheur pense avoir constaté la présence de ce parasite il y a déjà plusieurs années.

Les scientifiques poursuivent leurs investigations. Ce parasite est peut-être arrivé avec les oiseaux migrateurs ou bien par le biais de petits poissons infestés lâchés dans le milieu naturel pour devenir la proie des perches. C'est ce qui s'est sans doute passé dans un lac en Europe du Sud.

La fédération de pêche du Jura a pu fortuitement empêcher que le parasite se répande dans la vallée de la Loue. En 2020, le pisciculteur Sébastien Méreau cherche à commercialiser 300 kilos de perche. A ce moment-là, il ne connaissait pas l'existence du parasite. Le professionnel contacte la fédération de pêche du Jura pour trouver d'éventuels débouchés à ce lot de perches qui venait d'un étang à Noironte dans le Doubs. Un client dans la vallée de la Loue était intéressé mais, heureusement, le laboratoire d'analyses du Jura a formellement identifié le parasite sur ce lot de perches. Ces poissons qui n'ont pas pu être vendus et ils ont été incinérés.

Même si les perches ne représentent que 1% des poissons de pisciculture en Bourgogne-Franche-Comté, la section aquacole du Groupement de défense sanitaire de Bourgogne Franche-Comté est en train de mettre en place une veille sanitaire. Si il est impossible de contrôler la transmission de ce parasite par les oiseaux migrateurs, il est important que son expansion ne soit pas favoriser par le négoce de poissons de pisciculture. 

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