"C'est un coup de massue" : après le gel et le mildiou, un jeune vigneron se fait piller ses vignes juste avant les vendanges

Le vol a eu lieu dans la nuit du 20 au 21 septembre 2024 à Gevingey (Jura). Ce vigneron a perdu la quasi-totalité de sa récolte, 800 kilos de raisin, raflés dans sa parcelle juste avant ses vendanges. À l’avenir, il pourrait piéger ses grappes avec des micro-traceurs GPS.

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Il est encore sonné, il l'avoue. Paul Bonin a perdu presque toute sa récolte, pillée en une nuit. Le vigneron installé à Gevingey (Jura), au sud de Lons-le-Saunier, devait donner les premiers coups de sécateurs dans ses vignes samedi 21 septembre 2024, mais sa vendange a tourné court.

"J'avais fait mes analyses vendredi et j'étais prêt à vendanger dès le lendemain, raconte-t-il à France 3 Franche-Comté. J'ai commencé à avancer dans la parcelle et j'ai fait seulement 10 kilos sur deux rangs. J'ai cru que les oiseaux avaient tout dévoré avant que j'arrive. Puis des amis m'ont montré des grappes tombées au sol, proprement coupées au sécateur."

"Un coup de massue"

"Un coup de massue" pour cet ancien cytologiste en anatomopathologie, âgé de 48 ans, qui s'est reconverti dans le métier il y a seulement trois ans, en 2021. Il a d'abord décroché un BTS Viticulture Oenologie au CFA de Montmorot (Jura), et suivi depuis, le Master Vin Vigne Terroir à l'Institut Universitaire de la Vigne et du Vin Jules Guyot à Dijon (Côte-d'Or). Il cultive aujourd'hui une modeste parcelle de 85 ares dont il prend grand soin. "Je fais tout à la main, insiste l'ancien technicien de laboratoire. Sans aucune chimie. Je suis tous les jours dans la parcelle."

Il estime son préjudice à 800 kilos de raisin. "Ça veut dire encore une année sans revenu, j'ai fait seulement 200 litres de jus", reconnaît-il avec dépit. Car plus que la colère, c'est l'amertume qui domine après une année très difficile.

J'ai pris le gel, j'ai fait un travail sur les bourgeons pour restimuler une floraison. Ensuite, comme tout le monde, j'ai lutté contre le mildiou, tout au pulvérisateur manuel, 700 km avec 15 kilos sur le dos, c'est un travail de titan ! Tout ça pour ça... C'est super dur !

Paul Bonin, viticulteur à Gevingey (Jura).

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"Parvenir à avoir du raisin, c'était presque un miracle", ajoute-t-il. Tous ses efforts sont ruinés et il ignore comment il va pouvoir tenir financièrement.

Des traceurs GPS pour piéger les voleurs

Louis Cauzo, le maire de Gevingey, lui, ne cache pas sa colère. "Je suis vraiment outré, confie-t-il à France 3 Franche-Comté. C'est un jeune vigneron qui s'est installé, il n'y a pas longtemps et qui a beaucoup investi. C'était sa première vraie petite récolte. Et c'est encore plus dramatique cette année, car il n'y a pas de raisin." Louis Cauzo est d'autant plus touché que Paul Bonin est conseiller municipal dans la commune.

Le viticulteur a déposé plainte à la gendarmerie sans grand espoir selon lui de retrouver un jour le fruit de son travail. Et il réfléchit déjà à la parade. "Ça m'a incité à réfléchir et j'ai pensé à piéger des grappes avec des traceurs GPS", explique-t-il.

J'ai trouvé une société qui fournit des micro-traceurs GPS de la taille d'un confetti. Si on les glisse dans quelques grappes sur la parcelle, on va pouvoir suivre le déplacement du raisin et voir qui l'a réceptionné. Il faut que la pression change de camp !

Paul Bonin, viticulteur à Gevingey (Jura).

Entre 5 et 10 tonnes volées l'an passé

Le vol de raisins n'est pas nouveau dans le Jura. En septembre 2023, entre 5 et 10 tonnes de raisin s'étaient volatilisés dans plusieurs domaines. Les forfaits avaient été commis la nuit entre le 10 et 12 septembre, chez des vignerons cultivant leurs vignes en bio, et sur des parcelles situées à Arbois, Port-Lesney et Château-Chalon. Des enquêtes de gendarmerie avaient été ouvertes, mais les investigations n'ont pas permis d'identifier les malfaiteurs, ni donc de récupérer le raisin.

Chaque année, les gendarmes renforcent pourtant leur surveillance pendant les vendanges dans le Jura et multiplient les contrôles pour empêcher les vols de récolte, mais aussi les vols d'engins agricoles ou des GPS à l'intérieur des tracteurs, très fréquents à cette période dans les vignobles.

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