L'audience a duré près d'une heure devant le tribunal de grande instance de Paris. Ces anciens salariés du lunetier de Morez dans le Jura veulent démontrer que le propriétaire de la marque Tag Heuer est responsable de leurs licenciements.
Devant la première chambre du TGI de Paris, l'avocat des salariés a demandé 100.000 euros de dommages-intérets par salarié. Ils sont 172 à avoir perdu leur emploi en novembre 2016 à Morez. 78 ont lancé une procédure judiciaire contre le groupe LVMH l'accusant d'avoir créé une situation de dépendance économique du petit lunetier jurassien.
Face aux avocats de LVMH, l'avocat des salariés a tenté de prouver la dépendance économique de Logo face à la marque Tag Heuer. Il a demandé au tribunal de reconnaître cette dépendance liée à un contrat exclusif avec la marque. "Y avait-il possibilité de travailler pour d'autre débouchés ? Non" a résumé l'avocat à l'audience.
La somme des dommages et intérêts demandée n'est pas anodine, mais l'avocat a expliqué que le bassin d'emploi de Morez est sinistré. Selon lui, seule une dizaine des anciens salariés de Logo ont retrouvé un travail.
Pour l'avocat de Tag Heuer, Me Bremond, la marque n'est pas responsable de mort de Logo. "Tag Heuer a soutenu Logo en maintenant la licence plus longtemps que tous les autres.. Toutes les autres marques ont quitté Logo car il n'était pas capable de faire son boulot correctement", dit-il au micro de France 3.
La décision du tribunal sera rendue le 30 mai 2017.
172 salariés ont perdu leur emploi
Le 15 novembre 2016, LOGO, dernière grande manufacture de lunettes de France a été placée en liquidation judiciaire, après la perte des licences de son principal client, LVMH.Pendant une vingtaine d'années, LOGO avait été le fabricant exclusif des lunettes haut de gamme TAG Heuer et Fred, deux filiales de LVMH.
Dès que TAG Heuer se retire, LOGO meurt. Il y avait une clause d'exclusivité dans les contrats
résume Me David Métin, avocat des salariés qui ont lancé la procédure judiciaire contre le géant du luxe.
"Cette clause a été retirée dans le dernier contrat, en décembre 2014: la société avait anticipé son départ, en décembre 2015, mais LOGO n'a pas pu se retourner en aussi peu de temps", estime Me MétinL'audience devant le TGI de Paris était prévue le 21 février. Elle avait été renvoyée.
TAG Heuer se défend
Dans sa défense, la marque Tag Heuer avait pointé mi décembre "la gestion défaillante de la direction actuelle de la société LOGO et de son actionnaire"."Depuis 2012, TAG Heuer a maintes fois alerté la société LOGO de ces graves problèmes et, dès 2014, lui a signalé que ces conditions anormales d'exploitation et de gestion ne permettraient pas le renouvellement de la licence à son terme", avait souligné un porte-parole de la marque.