Jean-François Pesenti a longtemps travaillé dans l’industrie de la montre de luxe en Suisse. Après le confinement, il décide de donner corps à une idée qui lui trottait en tête depuis quelques années déjà : celle de remettre au goût du jour l’horloge comtoise.
Il y a trois ans, à 52 ans, Jean-François Pesenti passe le cap. Il quitte la société suisse de montres de luxe pour laquelle il travaille comme ingénieur depuis plus de 20 ans, pour s’installer à son compte et redonner un coup de jeune à l’horloge comtoise.
"J’ai toujours eu envie de faire des horloges comtoises"
Originaire de Morbier, berceau de la Comtoise, Jean-François connaît cette horloge caractéristique de la région depuis toujours. Il a aussi été témoin de la fermeture progressive des entreprises du secteur. Mais impossible pour lui de se résigner à la disparition d’un patrimoine aussi riche. Lorsqu’il a l’opportunité de récupérer l’ensemble du matériel d’outillage de la Manufacture ODO, il saute sur l’occasion.
Par la suite, il met au point son projet. C’est finalement l’épidémie de Covid-19 et la période de télétravail qui s'ensuit qui le pousse à se lancer. Il réfléchit à un design qui lui permettrait de "dépoussiérer l’horloge comtoise".
Je voulais aussi y amener cette partie technique de la montre, de l’horlogerie, et faire quelque chose de contemporain pour des intérieurs d’aujourd’hui.
Jean-François Pesenti
Pour réaliser son projet, il s’inspire des montres de luxe dont le mécanisme est visible.
Il met au point une horloge moderne, aux lignes épurées, et choisit d’en dévoiler le mécanisme, non pas derrière le cadre, mais à côté du cadran. Jean-François brevète même sa création.
Pour s’inscrire dans la lignée des paysans horlogers qui fabriquaient leurs horloges lorsqu’ils ne pouvaient pas aller travailler aux champs l’hiver, Jean-François décide aussi de privilégier l’échelon local. Il prend le parti de travailler avec des fournisseurs haut-jurassiens, basés dans un périmètre de vingt kilomètres autour de chez lui.
Je voulais travailler avec ce savoir-faire local et rester dans le Made in Jura.
Jean-François Pesenti
De A à Z, Jean-François a voulu allier tradition et modernité. Ce dernier reste persuadé du potentiel de la Comtoise, à condition qu’elle s’adapte au goût du jour. "La mécanique plaît à toutes les générations", dit-il alors qu’il s’apprête à livrer un de ses modèles en Alsace pour l’anniversaire d’une trentenaire.
Après avoir connu des hauts et des bas, la Comtoise dans sa version rajeunie a finalement peut-être encore de longues années devant elle.
Texte de Léa Spegt.