Mi-janvier, la vidéo d'un grand tétras qui s'en est pris à un skieur, dans le Haut-Jura a fait le buzz. Mais l'appellation de "coq fou" ne plaît pas au parc zoologique de la Garenne en Suisse, qui s'est empressé de faire une mise au point.
Le coq fou n'est pas fou. C'est, en substance, le message que veut enfin faire passer le parc zoologique de la Garenne dans le canton de Vaud, en Suisse. À l'origine de cette mise au point, le buzz régional et national autour de cette vidéo, que nous avons relayée, tournée en janvier 2021. Un skieur tombait nez à nez avec un grand tétras, dans le Haut-Jura.
L'oiseau était posé sur le bord de la piste. Tout se passait sans encombre tant que le skieur le filmait en avançant. Mais lorsque l'homme a trébuché, l'occasion était trop belle pour le coq... qui est passé à l'attaque, sans mal heureusement.
Un oiseau sauvage qui s'en prend à un être humain... Très étrange, diront certains. À tel point que l'animal a très vite été classé par les habitants du Haut-Jura parmi les "coqs fous".
"Ces animaux vont bien, ils sont en pleine forme !"
Il n'en fallait pas plus pour la Fondation du parc zoologique "la Garenne" pour monter au créneau. "Depuis une vingtaine d’années, on les appelle coqs 'mou' et 'fou'. Ces termes se sont imposés à tous, mais à tort", nous confie Michel Gauthier-Clerc, vétérinaire. Mou lorsqu'il serait affaibli (alors qu'il se repose), et fou lorsqu'il serait agressif.
Mais selon le docteur, il n'y aurait "aucune réalité médicale prouvée" permettant d'attribuer ces qualificatifs à l'oiseau. "Ces animaux vont bien, ils sont en pleine forme !"
Preuves à l'appui ! Avec les prélèvements des fientes, "les mesures de parasites, leur poids, leur comportement ne montrent aucun signe de maladie ou de faiblesse". De plus, il n'y aurait "aucune preuve" d'un dérèglement hormonal, même si cela reste une hypothèse.
Des oiseaux "pas farouches"
Mais alors pourquoi s'obstine-t-on à les appeler ainsi ? "Ils sont une projection, une interprétation d'un comportement qui, simplement, n'est pas habituel pour nous." Mais finalement, ce ne sont que des oiseaux "au tempérament confinant et donc pas farouches".
Si vous croisez un grand tétras, "il ne faut pas l'embêter. Il faut l'observer de loin", recommande Michel Gauthier-Clerc. Rester à distance, donc, a fortiori "quand il est en parade. Il ne faut pas arriver en frontal. Si l'on vient devant lui, on le défie", prévient le vétérinaire.
Il faudra se contenter d'avoir eu la chance d'apercevoir l'oiseau. Et c'est déjà un beau cadeau, car "l'espèce est en grand danger dans le massif du Jura", conclut Michel Gauthier-Clerc.
“Le grand tétras est en forte régression sur le massif jurassien, on a 270 individus environ aujourd’hui, la population a chuté de 40% en 25 ans. Les facteurs sont multiples, perte des habitats, fréquentation humaine, changement climatique, et peut-être une consanguinité de la population” selon Alexandra Depraz, du Groupe Tétras Jura.