VIDEO. Biodiversité : dans le Jura, ces îlots de forêts que l'homme laisse désormais vieillir

Ne plus exploiter la forêt coûte que coûte. Dans le Jura, certaines communes ont fait le choix de préserver des arbres dans des îlots de vieillissement et îlots de sénescence. À l’heure du réchauffement climatique, le dispositif de ces contrats Natura 2000 pourrait séduire de plus en plus de communes.

Donner à la forêt la possibilité de vivre sa vie. Sans intervention humaine, sans exploitation ou coupe de bois. C’est le choix fait par la commune d’Amange dans le Jura dans le massif forestier de la Serre. Depuis 2013, cette commune pionnière a signé un contrat Natura 2000. Il concerne une zone bien spécifique qui doit respecter certains critères.

“Il faut avoir un minimum de 10 arbres par hectare, des arbres qui ont des caractéristiques intéressantes pour la faune, avec des micro habitats qui vont pouvoir accueillir un tas d'espèces spécifiques" explique Adeline Franzoni, chargée de mission Natura 2000. Les spécialistes sont en quête d’arbres d’un certain diamètre, 50 cm pour les hêtres, 60 cm pour les chênes. Sont recherchés aussi, les cavités, fentes, écorces décollées qui permettront à la faune de se développer. Au fil des ans, les bois finiront par mourir et s’effondrer. Une autre source de richesse pour les écosystèmes.

En Europe, environ 25% des espèces forestières sont dépendantes du bois mort ou dépérissant à un moment de leurs vies.

Pendant 30 ans, ces îlots, vont grandir, vieillir

Ces îlots de vieillissement on de sénescence doivent faire 7 hectares au minimum. Ils ont un intérêt écologique. “L’idée c’est de faire un réseau d'îlots où on aura une multitude de petites parcelles pour favoriser le déplacement des espèces, comme les insectes qui vont se reproduire, coloniser les parcelles” ajoute Willy Guillet, chargée de mission Natura 2000.

Le dispositif est européen, il permet par exemple de développer dans ces forêts du Jura la présence des pics ou des chauves-souris, prédateurs d’insectes. “On essaie de recréer ce qui existait ici avant l’exploitation de la forêt” résume Willly Guillet.

Reportage :  E. Rivallain, F. Petit avec Adeline Franzoni Déléguée Natura 2000 - Willy Guillet Natura 2000 -  Martin Daune Maire de Montmirey-le-Château (Jura) - Daniel Bernardin Maire d'Amange (Jura)

Un intérêt écologique, mais aussi financier pour les communes

À l’heure du réchauffement climatique, les communes forestières regardent d’un autre œil leur forêt. L’exploitation par l’ONF est pavée d’incertitudes sur le moyen et long terme. “Vendre du bois chaque année, c’est de plus en plus difficile. Il y a le réchauffement climatique qui entraîne le dépérissement d’espèces comme les hêtres qui vont disparaître dans quelques années. Les sapins eux aussi sont atteints” argumente Daniel Bernardin, maire d’Amange. “Passer une forêt en îlot de vieillissement, financièrement, c’est une sécurité en tant qu’élu. On sait qu’on aura un revenu, et qu’on fait de la protection de la biodiversité” résume ce maire.

Une indemnité d’au moins 2000 euros par hectare est versée aux communes qui s'engagent sur cette voie. Chaque grand arbre rapporte aussi de l’argent. “On s’est aperçu que sur la gestion ONF, sur un hectare de forêt, c’est 1000 euros de bénéfice par an, alors qu’avec un hectare en îlot de vieillissement avec Natura 2000, on avait une indemnité de 4000 euros” précise l’élu.

Amange assume son choix écologique et économique. La commune a désormais 10% de sa forêt communale protégée par un contrat Natura 2000. D’autres ont suivi, comme Montmirey-le-Château qui vient de signer un contrat pour geler ainsi une partie de sa forêt.

Pour en savoir plus sur les îlots de vieillissement ou sénescence