Quatre bébés lynx d'environ 4 mois, ont été filmés début septembre par Stéphane Regazzoni dans la vallée de la Loue (Doubs). Selon les estimations de cet agent de l'OFB, l'Office Français de la Biodiversité, il y aurait eu, en 2021, huit portées de lynx dans notre région.
C'est comme si ils fixaient l'homme posté face à eux. Quatre petits lynx, âgés d'environ 4 mois, ont joué aux petits curieux toute une partie d'un bel après-midi de septembre. "Le lynx est un animal curieux, explique Stéphane Regazzoni, agent de l'O.F.B. dans le Doubs. On peut en user pour le faire approcher de nous. Mais c'est toujours à lui de décider. En se cachant mais en lui faisant savoir qu'on est là. Il décide de venir tout près ou de partir... Les jeunes qui ont tout à découvrir approchent presque systématiquement" poursuit le spécialiste.
"La mère les a appelés et ils sont partis"
Cet échange a duré de longues heures. De 11 heures du matin à 18h30. "Ils ont fait des allers-retours entre leur zone de confort et moi, raconte l'agent de l'OFB durant une grosse demi journée. De deux mètres à 20 ou 30 mètres de moi. La mère, le soir, les a appelés et ils sont partis dans sa direction".
Images : Stéphane Regazzoni
Identifié grâce à son pelage
La scène a été filmée dans une des forêts escarpées de la vallée de la Loue. Le lynx aime vivre dans des forêts en pente, "un brin inaccessible" détaille Stéphane Regazzoni. "Il a besoin d'être à couvert, c'est un sprinter, il court vite mais pas longtemps. Il doit pouvoir se réfugier dans des zones de refuge comme des cavités, des caches si il est poursuivi" ajoute-t-il.
Les lynx ont chacun un pelage différent qui permet de les identifier précisément. Chaque lynx ainsi repéré dans la nature a sa carte d'identité dans une base de données partagée avec les spécialistes suisses et allemands.
"Grâce à cette méthode d'identification, explique Stéphane Regazzoni, agent de l'OFB dans le Doubs, on peut estimer la population des lynx à environ 150 individus dans le massif jurassien franco-suisse". Au fil des ans, le territoire des lynx s'élargit. "On a repéré leur présence en Côte d'Or et en Saône-et-Loire". En 2020, 16 portées ont été repérées et cette année, 8 sont connues.
"Il y a une énorme mortalité chez les grands prédateurs"
Que vont devenir ces quatre petits lynx ? Ils vont déjà devoir passer l'hiver. Leur mère chasse le chevreuil ou le chamois pour les nourrir. Mais, si elle ne prend pas assez de proies, "il y a une énorme mortalité chez les grands prédateurs" souligne Stéphane Regazzoni. Le ou les plus résistants partiront plus loin pour avoir leur propre territoire. "Une femelle a besoin de 10 à 20 000 hectares et un mâle entre 15 et 40 000 hectares" précise l'agent de l'Office Français de la Biodiversité. "Ils font partie de la chaîne alimentaire et sont présents là où leurs proies vivent. Leur présence permet de réguler dans l'espace celle de leurs proies."
Bientôt un Plan National d'Action
Prochainement, un Plan National d'Action en faveur du lynx boréal devrait pouvoir "rétablir le lynx boréal dans un état de conservation favorable en France" lit-on sur le site internet dédié à ce plan. "Cette population continue à faire face à des menaces et à des freins à son développement sur le territoire national. L’espèce est aujourd’hui identifiée comme prioritaire pour l’action publique" est-il précisé.
D'après un communiqué publié récemment par la préfecture du Doubs à l'occasion de la réunion du comité départemental « grands prédateurs » du Doubs, "le lynx fait partie de la faune départementale depuis plusieurs décennies avec son retour à partir de réintroductions réalisées en Suisse ; actuellement, la population jurassienne de lynx (franco-suisse) est estimé à 150 individus. Des indices de présence sont régulièrement collectés (352 indices pour 2020 et 158 pour le 1er semestre 2021), dont plus de 90 % correspondent à des photographies d’individus. L’année 2021 a notamment été marquée par le relâcher réussi, le 26 avril 2021, d’une lynx recueillie en octobre 2020 et soignée par le Centre Athénas, mais également par des événements de mortalité exceptionnellement importants en début d’année (les causes identifiées étant principalement les collisions routières)."
Quand cela sera le moment, le ou les jeunes lynx partiront de leur territoire natal, c'est là où ils seront en danger, comme l'ont indiqué les services de la préfecture, ce sont majoritairement les collisions routières et le braconnage qui sont à l'origine de la mort des lynx.