Ne supportant pas que certains soignants aient été mis à pied car ils n'étaient pas vaccinés contre le Covid, une femme d'une cinquantaine d'années a commencé une grève de la faim à Lons-le-Saunier.
Dans son livre Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit, et sans armes, l'auteur, Srdja Popovic, donne des pistes pour changer le monde de façon non-violente. C'est en ayant en tête les principes de ce livre qui l'a inspirée qu'une femme de cinquante ans de Lons-le-Saunier a décidé d'entreprendre une grève de la faim, tout en souhaitant rester anonyme. Depuis vendredi 1er octobre, elle ne s'est plus alimentée.
Le but ? Protester contre la mise à pied des soignants qui ont choisi de ne pas se faire vacciner, alors qu'ils avaient l'obligation de le faire avant le 15 septembre. "Pour que j'arrête ma grève de la faim, il faudrait que tous les personnels soignants de France touchés par la mesure soient réintégrés", annonce-t-elle, très déterminée, alors qu'elle ne fait ni partie du personnel soignant ni des professions touchées par l'obligation vaccinale. Selon elle, ils seraient une vingtaine à avoir été mis à pied rien que dans l'hôpital du chef-lieu du Jura. C'est d'ailleurs là-bas qu'elle se trouve depuis le début de sa grève car elle a contracté le Covid. Sortie d'affaire, elle ne souhaite plus quitter l'hôpital malgré la demande de la direction car, selon elle, son action trouvera plus d'écho si elle se trouve à l'intérieur de l'établissement.
"Je n'accepte pas qu'une poignée d'individus au gouvernement fasse passer les soignants, en quelques mois, de héros à repris de justice", développe-t-elle. Elle-même n'est pas vaccinée : "certains ont peur du Covid et ça les rassure d'être vacciné. D'autres ont peur du vaccin plus que du Covid. Dans les deux cas, je ne juge pas et cela dépend des expériences de vie. Pour ma part, j'ai plus peur du vaccin", observe celle qui est en arrêt de travail de la fonction publique territoriale pour burn-out.
De Périgueux à Nice, la grève de la faim devient une façon de se faire entendre
Au-delà de soutenir l'arrêt de l'obligation de la vaccination pour les soignants, le discours de la gréviste revêt une connotation écologiste et sociale : "nous sommes dans un système qui valorise la destruction du vivant et organisé autour de la recherche du profit". De ses convictions devrait naître un réseau militant intitulé Même pas peur.
Elle ne donne qu'au compte-gouttes les informations concernant son identité. Selon elle, l'anonymat la protège : "je n'ai pas envie qu'un extrémiste pro-vaccin qui considère que mon action est dangereuse tente de l'arrêter", formule cette femme dont le modus operandi est partagé par plusieurs autres personnes en France. En effet, de Périgueux à Nice, la grève de la faim est une manière pour le personnel soignant et les pompiers de faire entendre leur mécontentement. La gréviste de Lons-le-Saunier dit être en contact avec certains d'entre eux.
Jointe par téléphone ce mardi 5 octobre, elle se déclare fatiguée physiquement et souffre de maux de tête. "Mais mentalement je vais mieux depuis que j'ai pris la décision de commencer ma grève. Le soutien de la population et du personnel va me nourrir", estime-t-elle. Selon Le Progrès, lors de la manifestation anti-pass sanitaire dans la ville samedi 2 octobre, une banderole a été déployée, sur la place de l’Hôtel-de-Ville, pour lui rendre hommage. La gréviste dit recevoir des sms et des mails de soutien. "A l'hôpital, d'autres, au contraire, me disent que ma démarche ne sert à rien", raconte-t-elle sans être pour autant découragée. Elle préfère répondre en formulant une expression choisie : "ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait".