En parallèle du mouvement interprofessionnel, les syndicats d’enseignants de lycée professionnel ont appelé à une journée de grève ce mardi 18 octobre pour exiger le retrait du projet de réforme voulu par Emmanuel Macron. C'était le cas au lycée professionnel du Corbusier à Lons-le-Saunier (Jura).
« Contre la réforme Macron, sauvons les lycées professionnels ». Sur cette banderole attachée aux grilles de l'établissement Le Corbusier à Lons-le-Saunier, le ton de la mobilisation est donné. Les professeurs, comme dans tous les autres lycées professionnels de France, sont opposés à la réforme que souhaite instaurer le président de la République Emmanuel Macron.
Cette réforme prévoit, selon Jérôme Lenorman, secrétaire académique du Snuep-FSU, « quatre points destructeurs ». « Elle va faire augmenter le temps de stage d'au moins 50%, ce qui réduirait, les heures d'enseignement général. Elle a pour but de répondre aux besoins des entreprises locales. Le contenu des enseignements sera également revu en fonction des besoins donc on a peur que certaines matières disparaissent. Et puis il y aura une mise en place, à partir de la classe de 5e, d’une demi-journée hebdomadaire pour la découverte des métiers. Mais ce sera au détriment de quelle autre(s) matière(s) ? Et comment ça va être fait ? » s’alarme le syndicaliste dénonçant au passage une future « formation low-cost » à destination des jeunes.
« On refuse que l’avenir scolaire soit sacrifié pour répondre aux exigences du patronat »
Mi-septembre, Emmanuel Macron avait présenté les grandes lignes de sa réforme du lycée professionnel, pour lequel il souhaite une « transformation profonde » de la voie professionnelle, avec la volonté de « ré-arrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail ».
Mais pour les syndicats, cette réforme servirait surtout à combler le déficit de personnels dans les secteurs les plus en crise comme le bâtiment, la restauration ou encore les services à la personne. « On refuse que l’avenir scolaire et professionnel des élèves soient sacrifiés pour répondre aux exigences du patronat. Il est hors de question que le gouvernement utilise nos lycées professionnels pour leur fournir de la main d’œuvre gratuite, car c’est ça dont il s’agit, c’est mettre les jeunes économiquement et scolairement au boulot au détriment de la formation et de leur diplôme » réagit Jérôme Lenorman, secrétaire académique du Snuep-FSU.
Dans cette rare alliance intersyndicale, les manifestants dénoncent la réforme de la voie professionnelle, lancée par Emmanuel Macron dès sa campagne présidentielle. « Nous, on voit que dernière ça on va mettre des jeunes pour effectuer les tâches subalternes » avertit Marie-Agnès Liégeon, secrétaire régionale FSU de Bourgogne-Franche-Comté et professeure de mathématiques.
75% de grévistes au Corbusier de Lons-le-Saunier
« On va en faire des jeunes mono-tâches et notre difficulté, c’est que des jeunes auront un faible bagage dans les voies générales qui va leur hypothéquer leur avenir par exemple pour aller en BTS ou s’ils veulent plus tard changer de formation, ce sera compliqué, car ils n’auront pas les bases ».
L'appel à la grève a été lancé en septembre par une majorité de syndicats de l’enseignement, dont le Sneeta-FO, le Snuep-FSU, le SE-Unsa, la CGT Educ'action, le Snalc, SUD Éducation, le Snep-FSU, le Snes-FSU.
Au lycée professionnel Le Corbusier de Lons-le-Saunier, le taux de grévistes est estimé par les syndicats à 75%.
À Besançon, les syndicats avaient rendez-vous au rectorat pour une audience en intersyndicale.