"On a bloqué la totalité des fabrications" : rappel massif de Morbier, raclette et tomme produits dans une fromagerie du Jura

Par mesure de précaution, plusieurs lots de morbier, raclette et tomme du Jura font l'objet d'un rappel massif de la part des autorités sanitaires. Il s'agit de fromages vendus par "Monts et Terroirs" et produits par "Route des terroirs" en 2023. Explications.

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C'est un rappel massif : 19 lots de fromages, tous vendus par la fromagerie Monts et Terroirs, basée à Poligny dans le Jura, et fabriqués par la Route des Terroirs. Le gouvernement appelle les consommateurs à ne surtout pas manger 11 lots de Morbier, 6 lots de Raclette, et 2 lots de tomme du Jura, car ils pourraient être contaminés à la bactérie E.Coli.

"L'objectif, c'est de retirer du marché des produits à risque vis-à-vis du consommateur" explique Eric Chevalier, responsable des relations interprofessionnelles de Mont et Terroirs, et membre du conseil de surveillance de Route des Terroirs. 

Une alerte sur une partie de la production, élargie après enquête

Le rappel du gouvernement a d'abord concerné des lots commercialisés à l'automne 2023. "Il y a eu des investigations de la part des services publics qui ont mis en évidence un risque potentiel lié au STEC, les bactéries Escherichia coli producteurs de shigatoxines, par rapport à certains lots de morbiers fabriqués par la Route des Terroirs" raconte Eric Chevalier. "On a effectué une analyse de causes, et il est ressorti qu'il y avait un écart vis-à-vis du plan de contrôle de la filière morbier".

Estimant qu'elle ne pouvait être totalement certaine de la sécurité sanitaire de lots antérieurs à ceux sur lesquels portait le signalement initial, l'entreprise a élargi ce rappel ce mardi 12 décembre. Il concerne désormais toute la production de pâte pressée non-cuite de la fromagerie. 

La production est également à l'arrêt : "par principe de précaution, on a bloqué la totalité des fabrications et des affinages qui sont présents là-maintenant" explique Eric Chevalier. Le membre du conseil de surveillance explique que le plan de contrôle de la filière morbier a été respecté à la lettre après le 12 octobre : "les lots sont conformes, mais on reste en attente des décisions pour reprendre la production de fromage".

Si le poids économique de ce rappel est vraisemblablement très important pour la fromagerie, le responsable ne veut pas s'y attarder : "il n'y a pas de considération économique dans la prise de cette décision". Priorité aux précautions sanitaires.

Contamination à la E.Coli

La bactérie incriminée, E.Coli, peut entraîner "dans la semaine qui suit" des "diarrhées parfois sanglantes, des douleurs abdominales et des vomissements, accompagnés ou non de fièvre"

L'E.Coli est une bactérie que l'on trouve notamment dans le tube digestif des mammifères. Elle se multiplie le plus rapidement à une température de 37 degrés. 

"Quand on a des E.Coli dans des produits au lait cru, l'origine probable, c'est durant la traite" explique Eric Chevalier, qui est également membre du conseil d'administration du syndicat professionnel du Morbier, "ce sont des contaminations fécales qui peuvent arriver". "C'est un sujet connu, la filière a engagé beaucoup de formation, et toute une organisation pour améliorer la situation" avance Eric Chevalier. "Malgré cela, il n'empêche que l'on peut parfois trouver des présences, d'où les contrôles effectués lors des fabrications, qui sont primordiaux"

Les enfants, en particulier les moins de 3 ans, sont particulièrement sensibles à cette bactérie, et elle peut avoir de graves conséquences chez eux. Les femmes enceintes, personnes âgées, et personnes immunodéprimées sont également à risque. "Il faut rappeler les recommandations données par l'administration sur la consommation de lait cru" estime Eric Chevalier "c'est fortement déconseillé pour les enfants de moins de 5 ans, sauf les pâtes pressées cuites comme le comté ou le gruyère".

Pour détruire cette bactérie, il faut une cuisson dont la température atteint "au moins 70 °C en toute part", et parfois, elles peuvent résister encore. C'est l'une des raisons pour lesquelles des pizzas surgelées, réchauffées au four, avait pu contaminer des enfants en 2022.

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