Dans le Haut-Jura, Dalloz Creations a lancé un écran de protection facial homologué Covid-19

Spécialisée dans la lunette solaire, l'entreprise de 74 salariés a renoué avec l'un de ses savoir-faire historiques, les équipements de protection individuels. Le produit, commercialisé depuis la mi-mai, est un des premiers en France à avoir obtenu une certification. Son atout : une vision optimale.

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C’est une nouvelle page industrielle qui s’ouvre pour la région de Saint-Claude, dans le Haut-Jura. L’entreprise Dalloz Creations, spécialiste de la lunette solaire, s’est lancée dans la production d’écrans de protections individuels contre le Covid-19. Confrontée à une activité en baisse pendant le confinement, la firme créée en 1957 a vu dans la pénurie d’équipements de protection l’occasion unique de renouer avec un savoir-faire historique. « Il y a 20 ans on produisait encore des lunettes de protection, explique Bruno Cornet, directeur de Dalloz Creations. On s’est dit qu’on allait dépoussiérer nos savoirs et remettre sur le marché quelque chose qui réponde à la situation. »
 

Le gouvernement a voulu cadrer ce qui se faisait dans l’industrie. Il a bien fallu édicter des règles. Nous, la protection individuelle est notre métier, donc on a anticipé.
Bruno Cornet, directeur de Dalloz Creations


Courant avril, l’entreprise a donc lancé une phase d’études pour un écran de protection certifié conforme aux nouvelles normes édictées par l’Etat dans la lutte contre le Covid-19. Située au coeur d’une région dont le savoir-faire n’est plus à démontrer, Dalloz Creations s’est associée avec plusieurs entreprises (SMP à Lavancia, Soudo Métal à Champagnole, Gergonne à Oyonnax), des centres de recherches (IPC à Oyonnax, ALUTEC à Morez) ainsi que le lycée Arbez Carme à Oyonnax, avant de débuter la production à la mi-mai.
 

Plus qu’une visière, un « écran de protection facial»


Ne dites pas visière, Bruno Cornet vous prendra au mot. « On a banni le mot visière, c’est un équipement de protection individuelle de catégorie 3. » Et c’est toute la différence que Dalloz fait valoir face à des visières déjà en circulation sur le marché, fabriquées par de nombreuses entreprises ou fablabs et par ailleurs utiles, mais pas homologuées Covid-19. Une longueur d’avance pour l'usine jurassienne, qui a placé la barre assez haut grâce à son expertise dans le domaine de l’optique.

« Dans une visière il peut y avoir de la distorsion, de l’astigmatisme. C’est une simple plaque pliée », note Bruno Cornet. « La partie oculaire est un bandeau optique qui évite d’avoir une vision perturbée, précise Denis Larrue, spécialiste de la certification et partenaire du projet via son cabinet DLSIX Consulting. L’épaisseur varie de manière à corriger la vision sur tout le champ du regard. C’est la classe optique la plus élevée. »

L’écran de protection bénéficie en outre d’un traitement anti-buée et d’une aération, qui évitent de devoir l’enlever régulièrement, ainsi que d’une couverture suffisante du visage contre les gouttelettes. Ainsi, 400 pièces ont déjà été livrées pour un usage médical et pour des conducteurs de bus. Le produit s’adresse à « tous les gens qui ont besoin d’une qualité optique pour exercer leur profession », résume Bruno Cornet.
 

 

La vente rendue possible avant certification


Tout l’enjeu de la fabrication de cet écran résidait dans la nécessité de lui donner le plus haut niveau de certification. Dalloz Creations s’est appuyé pour cela sur le laboratoire d'essais et de conformité ALUTEC à Morez. Fermée du fait de l’épidémie, cette structure de trois personnes située au sein du lycée d’optique a repris du service bénévolement pour effectuer les premiers tests. « Ils ont trouvé intéressant de réaliser la certification au lieu qu’elle soit faite à l’étranger, explique Denis Larrue. Deux techniciennes ont accepté de revenir pour réaliser ces essais. »
 

On a un produit certifié Covid-19, on est sûrement les seuls en France et même en Europe.
Bruno Cornet, directeur de Dalloz Creations


Les tests de conformité à la norme EN 166 se sont avérés conformes dès le 21 avril. « Ça nous a permis de revendiquer que le produit était efficace contre les gouttelettes, » se remémore Denis Larrue. On attend encore une certification pour le produit définitif, d’ici 4 semaines. Mais c’est une pure formalité. » L’écran est donc autorisé à la commercialisation avant sa certification définitive. Une démarche exceptionnellement accélérée en raison de l’épidémie de coronavirus, et rendue légale par une note interministérielle du 30 avril. C’est cette même note qui a fixé le cahier des charges précis rendant possible une homologation Covid-19. Chez Dalloz, tout était donc déjà prêt pour la mise en vente : « Quand les institutions ont prodigué les règles, on était pile dedans », conclut Bruno Cornet.
 

« Origine France garantie »


Dernier défi relevé, la labellisation OFG (origine France garantie). Début avril, les équipes de Dalloz y voient un atout supplémentaire pour leur écran. « Il y a une opportunité pour recentrer le débat économique et industriel », estime alors Bruno Cornet. Le polycarbonate qui constitue la partie vitrée vient d’Allemagne, mais sa valeur ajoutée d’injection et d’assemblage sont effectuées à Saint-Claude. L’élastique de maintien est fabriqué à Comines dans le Nord et la mousse de confort est fabriquée chez Gergonne à Oyonnax.

Entre 10 et 20% des 74 salariés de l’entreprise, dont les clients sont le luxe, la mode et le sport, sont dédiés à la fabrication de l’écran de protection. Une centaine de pièces sont fabriquées chaque jour. « On est en montée en cadence, l’objectif est de 5000 pièces par jour début juin », annonce Bruno Cornet, qui évoque « très probablement quelques emplois » supplémentaires à prévoir. D’ores-et-déjà, le directeur du site constate « tous les jours des commandes de nouveaux clients » pour ce produit commercialisé « quinze euros hors taxes départ usine », donc sans compter les coûts de transport. La production est envisagée pour une durée d’au moins 6 mois, et pourquoi pas davantage, en fonction du contexte sanitaire : « Peut-être que ça viendra dans nos moeurs. En tout cas on sera prêts. »




 
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