replay

VIDÉO - Découvrez comment l’ambassade de France a sauvé des centaines de Chiliens dans "Revoir l’ambassade, mémoires franco-chiliennes"

Entre septembre 1973 et juillet 1974, Pierre et Françoise de Menthon accueillent au sein de l’ambassade de France du Chili près de huit cents personnes suite au coup d’État portant Pinochet au pouvoir. Cinquante ans plus tard, la résidence du couple, à Choisey dans le Jura, devient le lieu de mémoire d’une action diplomatique hors du commun.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Dans le film documentaire "Revoir l’ambassade, mémoires franco-chiliennes" les réalisateurs Thomas Lalire et Benoit Keller reviennent sur un événement exceptionnel du passé diplomatique français au Chili : la mise en place d’une opération "l’asile contre l’oppression" commencée en septembre 1973 à l’ambassade de France par Pierre et Françoise de Menthon.

L’Histoire

Le 11 septembre 1973, à Santiago du Chili, l’armée chilienne bombarde le palais présidentiel de la Moneda. Le coup d’État provoque la chute de l’Unité populaire et la mort du président Salvador Allende. En quelques heures, la junte militaire prononce l’état d’urgence, suspend la Constitution et les libertés fondamentales.

Entre septembre 1973 et juillet 1974, Pierre de Menthon, ambassadeur de France au Chili, et son épouse Françoise, accueillent au sein de l’ambassade près de huit cents personnes.

L’asile contre l’oppression est le mot d’ordre de cette opération humanitaire de grande ampleur. La transformation de l’ambassade en centre d’hébergement d’urgence n’a rien d’évident, c’est pourtant un impératif moral que le couple place au-dessus de tout, reléguant au second plan un discours sécuritaire qui appelle à construire des grilles plus hautes et à les surmonter de fil barbelé.

L’ambassadeur Pierre de Menthon négocie avec la junte les sauf-conduits nécessaires au départ des réfugiés.

Un témoignage unique

Durant toute cette période, Françoise de Menthon note son quotidien dans des carnets, une sorte de chronique de l’ambassade. De précieux carnets conservés par la famille.

C’est un témoignage unique qu’elle décide de faire contre l’oubli de ce pan de l’histoire et ces trois cents jours vécus aux côtés des réfugiés et face à la violence de la dictature.

Jeudi 25 octobre… nous allons rester pour sauver des Hommes, tous ceux qui sont traqués, plus de classe, plus de distinction politique. L’Homme, image de Dieu, doit être considéré avec le plus de respect possible…

Françoise de Menthon

Ils sont nombreux à bénéficier de cet asile inattendu, comme Erika Labrin, l’une des réfugiées qui témoigne dans ce film et jeune mère à cette époque : "Quand je suis rentrée à l’ambassade, toute ma famille était en prison. Mon bébé avait un mois et j’étais obligée de le laisser dehors, j’étais attendue à l’ambassade, mais j’ai dû sauter le mur. Françoise (dans ses carnets) dit qu’elle a été cherché un bébé dans une maison… et c’était mon bébé et je l’ai récupéré le jour de l’An, au bout de cinq mois…"

Les journées sont intenses et les témoignages des répressions sont édifiants.

Mardi 27 novembre... Deleuze revient à La Serena où il a sorti Christine de prison avec la DS. Il est outré. Étant entré par une porte interdite, il a vu une chambre de torture, les gens pendus par les pieds, d’autres flagellés. Il a vu des gens qui ne pouvaient marcher, qu’on soutenait les yeux bandés… Cela continue donc, ce qu’on raconte est vrai.

Françoise de Menthon

Pendant toute cette période, Françoise de Menthon relate le quotidien à l’ambassade avec les entrées de réfugiés, l’organisation des départs pour la France, mais également ses "obligations" d’ambassadrice. Un monde très loin de son quotidien ! "Vendredi 9 novembre. Je dois aller à un thé chez madame B. Quinze dames, un autre monde. La première me demande si je contente de tous ces changements merveilleux. Tout me paraît futile."

L’ambassade au quotidien en attendant l’exil

Françoise de Menthon est d’un total dévouement auprès de ces hommes et de ces femmes. Elle leur apporte du réconfort, engage des actions avec l’extérieur et se lève à 5 heures du matin pour faire les courses afin de nourrir les 200 personnes qui sont hébergées.

Parmi toutes les personnes qui trouvent refuge au sein de l’ambassade de France, on compte de nombreux enfants qui ne comprennent pas toujours ce qui leur arrive.
"(…) On formait un groupe d’enfants, on menait notre vie et pendant toute cette période, je ne me rendais pas compte de ce qui se passait à l’extérieur" raconte Carolina Cordova Aliste.

Le quotidien de ces réfugiés à l’ambassade est assez spartiate, la plupart dorment par terre dans les différentes pièces du bâtiment "mais nous étions en sécurité" confie Emilio Henriquez.

Les réfugiés s’organisent en directoire pour sélectionner les arrivées, les diriger vers le père Mariano Puga, un prêtre-ouvrier et ardent défenseur des droits de l’Homme. Ce prêtre compte parmi les nombreux religieux, français et chiliens, qui font le lien entre l’ambassade et les personnes en danger de mort.
Cette mission n’est pas sans conséquence pour eux, comme le relate Françoise de Menthon : "Jeudi 8 novembre... Visite de Mariano Puga, le prêtre de la Villa Francia. Visage fatigué, émacié, il a été arrêté, les yeux bandés, menacé d’être fusillé avec le cliquetis des armes. Je crois qu’il vient s’asiler, mais non, il veut que je prenne quinze hommes très menacés".

Une journée de mémoire

Cinquante ans après ces événements, la famille de Menthon ouvre les portes de son château de Choisey dans le Jura aux anciens réfugiés chiliens. Le temps d’une réception, les souvenirs de cette histoire ressurgissent, s’entremêlent et dessinent une mémoire collective.

Ils ont portés très haut les valeurs de la République et de la Démocratie ainsi que les symboles de l’égalité et de la fraternité qu’ils représentaient en tant que Français au Chili. Nous leur devons une reconnaissance éternelle .

Emilio Henriquez, réfugié chilien

Dans ce film, de nombreux réfugiés chiliens témoignent de cette époque : les tortures qu’ils ont subies, l’éclatement des familles, l’accueil à l’ambassade et enfin, l’arrivée sur le sol français. Des témoignages poignants, édifiants, recueillis pour la plupart lors d’une cérémonie organisée par Guillaume de Menthon, le petit-fils de Pierre et Françoise dans le château familial.

Une journée unique et mémorable pour beaucoup de ces réfugiés qui, pour la grande majorité, ne s’est pas revue depuis leur départ de l’ambassade.
Une journée pour transmettre la mémoire d’un événement que Françoise n’a jamais renoncé à transmettre.

"Revoir l’ambassade, mémoires franco-chiliennes", un film de Thomas Lalire et Benoit Keller
Co-production La Société des Apaches / France Télévisions avec le soutien de Papyrus Production

Diffusion jeudi 14 septembre à 23h05 et à découvrir dès à présent sur france.tv

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
choisir un sujet
en region
choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information