Menacé de disparition après la Seconde Guerre mondiale, l'épagneul de Saint-Usuge doit sa survie à un abbé de Saône-et-Loire. Le chien apparu en Bresse est loué pour ses qualités de chasse exceptionnelles et sa gentillesse.
Connaissez-vous le cousin bourguignon de l’épagneul breton ? Notre région possède en effet sa déclinaison locale du fameux chien de chasse, l’épagneul de Saint-Usuge. Une espèce qui a vu le jour dans la Bresse au 16ème siècle et qui a su perdurer, malgré une menace d’extinction à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Physiquement, l’épagneul originaire de Bourgogne ressemble au membre le plus fameux de sa famille. Le regard doux, les oreilles triangulaires et la taille moyenne (41 à 49 cm pour les femelles, 45 à 53 cm pour les mâles), les représentants de cette race dégagent la même tendresse et la même sympathie que l’épagneul breton.
Une race calme et docile
Mais pour Didier qui possède une épagneule de Saint-Usuge de 12 ans et vient d’accueillir un chiot de la même espèce ce jeudi 29 juillet, ce chien présente un caractère encore plus docile et facile à vivre. "J’avais des épagneuls bretons avant. Je me suis dirigé vers l’épagneul de Saint-Usuge. C’est beaucoup plus calme. Ça aime s’amuser avec les enfants. Ce n’est pas tout fou et c’est un bon chasseur".
C’est un chien polyvalent. Aussi bon sur un canapé qu’à la chasse !
Jean-Pierre Duverne est lui-aussi un amoureux de l’épagneul de Saint-Usuge. Il a d’ailleurs créé en 1990 le club dédié à l’animal. "C’est un chien docile, agréable, très proche de son maître, qui n’a pas un caractère indépendant. C’est un chien qui chasse avec le souci de garder en permanence le contact avec son maître. Et c’est un chien de compagnie qui est très gentil".
L'abbé Billard sauve l'espèce au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
L’espèce reste minime en France avec moins de 100 naissances par an. À la tête de son club, Jean-Pierre Duverne œuvre à la défense de l’épagneul made in Bourgogne. "Il nous manque des chiots. On encourage tout le temps les propriétaires à faire des portées car il y a une forte demande".
De quoi prolonger l’action de l’abbé Robert Billard qui a sauvé l’espèce de l’extinction après la Seconde Guerre mondiale. Chasseur sur son temps libre, il cherche à acquérir un épagneul de Saint-Usuge au moment où il est nommé curé de Savigny en Revermont (Saône-et-Loire) en 1939. Mais quand le conflit éclate en Europe, Robert Billard est fait prisonnier en Allemagne. Dès son retour en France en 1945, il part à nouveau à la recherche d’un représentant de l’espèce.
"Il interroge la société centrale canine qui lui dit que la race a disparu. Mais c’est quelqu’un de têtu et il arrive à trouver une petite chienne en 1947", raconte avec passion Jean-Pierre Duverne. Constatant les qualités exceptionnelles de l’animal, l’abbé Billard poursuit sa quête et trouve un mâle afin de créer une portée. Pendant 30 ans, l’ecclésiastique rempliera sa mission bien installé dans son presbytère en élevant 250 épagneuls de Saint-Usuge.
"S’il n’avait pas fait cette portée, la race se serait éteinte. C’est extraordinaire ce qui est arrivé. Il fallait absolument qu’on continue le travail qu’avait fait l’abbé Billard", confie le président du club.
Depuis sa renaissance, l’épagneul de Saint-Usuge a su s’exporter, étant aujourd’hui présent dans près de 60 départements français et même à l’étranger.