À la mi-août, le lac des Settons (Nièvre) sera progressivement vidé de son eau afin de réaliser des travaux de rénovation du barrage, le plus ancien de France. Un bouleversement pour l'activité nautique du site, mais une décision nécessaire pour préserver ce patrimoine industriel.
Un chantier à huit millions d'euros qui doit durer trois mois : à partir du 16 août, le lac des Settons, au cœur du Morvan, va progressivement changer de visage. Le barrage doit être à nouveau inspecté et rénové - la dernière fois, c'était en 2008.
Un ouvrage construit il y a plus de 160 ans
"C'est le plus ancien barrage de France, construit en 1855, et il est en très bel état. C'est aussi le seul barrage encore géré par l'Etat aujourd'hui", détaille Daniel Barnier, préfet de la Nièvre. "Mais il faut régulièrement le vidanger et réaliser des travaux d'étanchéité : c'est ce qui sera fait à partir de cet été. Ces travaux permettront d'avoir un barrage qui sera toujours totalement à niveau dans une dizaine d'années."
Ces travaux ne se font pas sans encadrement : le site est classé, "ce qui nous a conduits à prendre un certain nombre de précautions pour respecter ce site dans le choix des matériaux, du ciment", explique le préfet de la Nièvre. En outre, les procédures sont en cours pour faire reconnaître le barrage au titre des monuments historiques.
Un impact sur la fin de saison touristique cet été
"C'est avant tout une bonne nouvelle que l'Etat investisse huit millions d'euros sur ce site patrimonial", salue pour sa part Fabien Bazin, le président du département de la Nièvre. Mais un détail coince : la vidange commençant le 16 août, les opérations vont affecter la fin de la saison estivale touristique. Fabien Bazin le reconnaît : "Nous avons beaucoup oeuvré pour trouver le meilleur scénario de travaux, et je crois qu'on est arrivé à un consensus, qui même s'il n'est pas totalement satisfaisant, préserve l'essentiel."
Qu'en disent les professionnels qui travaillent au lac ? "Bien sûr, il y aura un impact pour toutes les activités sur le lac", constate Jean-Marc Mari, gérant du bateau touristique Les Settons et du camping de la plage du Midi. "On devra sortir les bateaux et les engins de location plus tôt, donc évidemment, il y aura un manque à gagner."
"Mais à côté de ça, c'est tout de même un événement qui amène beaucoup de curiosité. Je pense que même si on travaille moins sur l'eau, les autres activités alentours vont bénéficier d'un engouement du public qui viendra voir ce moment exceptionnel."
Jean-Marc Mari
C'est aussi l'avis de Jérôme James, le directeur d'Activital, qui gère les bases de loisirs de la Nièvre. "Cette vidange, on la prend du bon côté. On a pris le contrepied : on va développer les activités terrestres pour compenser." Vélos, trottinettes tout-terrain électriques, disque-golf et autres activités encadrées : "L'idée, c'est de sortir un peu du lac tout en ne s'éloignant pas trop."
L'occasion de diversifier le tourisme autour du lac ?
Mais pourquoi ne pas attendre la rentrée de septembre pour vidanger complètement ? Parce que le lac ne se vide pas instantanément. "En commençant la vidange au 16 août, on va pouvoir commencer les trois mois de travaux à l'automne", indique le préfet de la Nièvre. "Donc, début 2023, on pourra commencer la remise en eau du barrage, avec une saison touristique dès Pâques qui sera le moins perturbée possible."
En attendant, tout comme les exploitants, le Département de la Nièvre veut voir dans ces travaux l'opportunité de diversifier les activités autour du lac des Settons. "C'est l'occasion de réinventer une autre forme de tourisme, celui de nos bâtiments industriels, et singulièrement de l'histoire de ces barrages", espère Fabien Bazin.
"Que sont ces barrages aujourd'hui dans l'histoire des Nivernais ? Dans l'histoire de la Nièvre ? C'est absolument passionnant quand on aime le patrimoine industriel, et la Nièvre a beaucoup à démontrer en la matière."
Fabien Bazin
Côté financier, les exploitants devraient recevoir un soutien économique pour compenser les pertes de la fin de saison. Le Département réfléchit aussi à relancer le projet, imaginé il y a quelques années, d'un "chemin des barrages" dans la Nièvre.